A propos d’Aicha, le téléfilm de Yamina Benguigui

Mercredi 13/05/2009 au soir, comme 5,3 millions de téléspectateurs, j’étais devant mon petit écran de télévision pour regarder Aïcha, de Yamina Benguigui sur France 2. Encore une fois, ce téléfilm stigmatise une frange de la société et pointe du doigt l’éternel problème : les immigrés, les musulmans. Tous les clichés y sont rassemblés : le mariage forcé, la virginité, l’islam radical, le mariage temporaire, le patriarcat, le poids des traditions, les « fatmas »  au hammam, la guerre d’Algérie… Le garçon arabe en prend plein la figure, lui qui souffre déjà du syndrome des trois V : Voleur, Violeur et Voileur de filles.

Les stéréotypes s’enchainent avec acharnement. À plusieurs reprises, on y voit les femmes commèrant au hammam, comme si de nos jours les femmes des quartiers populaires n’avaient que cela à faire. Les familles sont enfermées dans une hystérie permanente qui ne laisse plus place à la raison.

En effet, Aïcha est l’histoire d’une jeune femme de la banlieue parisienne rêvant d’échapper à l’oppression de la cité. Elle est libre, intégrée, pleine de vie et frustrée de ne pouvoir satisfaire ses désirs charnels, car évidemment le poids des traditions l’en empêche. À force de subir cette frustration, elle décide de fuir sa famille.

Au cours du  téléfilm, Aïcha  s’amourache de Patrick, bellâtre blond avec qui elle découvre l’amour et la passion. En revanche, Abdel le garagiste, avec qui un projet de mariage est initié, c’est le désert sentimental, le «désert d’avenir»  et ce sera peut-être l’enfer, l’oppression …. Pauvre musulman, il est incapable d’aimer, incapable de vivre des sentiments forts. Pourtant, on oublie souvent que ce sont les troubadours musulmans d’Andalousie qui sont à l’origine de la conception médievale de l’amour à travers les thèmes de la galanterie et de l’honneur de la dame. Par ailleurs, La littérature et la poésie arabes regorgent de récit d’amour, de pureté des sentiments : « Qayss wa Laïla, majnoun Laïla », « Jamile wa Boutaïna » …..

Un autre point choquant dans ce film concerne le mariage temporaire et son instrumentalisation. La sœur d’Aïcha, Nedjma, doctorante en droit, va se laisser piéger par un intégriste. Ce dernier abusera d’elle dans le cadre d’ un mariage temporaire. On y voit, cet acteur « intégriste » célébrer le mariage temporaire seul, sans témoins, sans dote, sans autorité politique ou spirituelle. En résumé, l’idée qu’on voulait transmettre, est que les filles des quartiers malgré leur intelligence et leur diplômes…  finissent par s’aliéner et tombe facilement dans les bras des fondamentalistes.

Bien sûr, le film reprend le prêchi-prêcha habituel en dénonçant  la discrimination à l’embauche, au nom, à l’adresse, au faciès, sans manquer de remercier Madame la France, qui de temps en temps  réaménage les quartiers ou récompense au mérite les talents des quartiers. Cette scène d’anthologie a lieu  au Sénat, sanctuaire de la « démocratie », seul et unique protection contre tout ce qui serait voué au totalitarisme forcené de ses barbares musulmans.

En conclusion, Madame Benguigui entretient avec brio son fond de commerce sur le dos des musulmans et des quartiers populaires dans la droite ligne de l’axe du bien ou plutôt du peut mieux faire.

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