« Revêts tes paroles des plus belles expressions »

« Revêts tes paroles des plus belles expressions »

اُكْسُ ألفاظَك أَحْسَنَها

La parole est une responsabilité dont l’adorateur devra rendre compte, car toute parole prononcée par le fils d’Adam est à sa charge et non à son avantage, sauf le rappel de Dieu, ce qui en découle, ou une  recommandation du convenable ou une interdiction du blâmable. Dieu, exalté soit-Il, dit : « Il ne prononce aucune parole sans qu’un observateur vigilant ne soit auprès de lui ». (S.  Qaf 50, V. 18 )

قال تعالى : (ما يلفظ من قول إلاّ لديه رقيب عتيد )

Un observateur surveille ses propos, qu’ils soient bons ou mauvais. Ainsi, il est impératif pour le fidèle d’être pudique de langue, d’enrober ses paroles des plus belles expressions, et de choisir celles qui expriment le mieux son intention, avec la plus grande délicatesse. Il doit s’éloigner de la rudesse, de la dureté et du langage vulgaire. Le guide de l’humanité, le Messager de Dieu sws, n’était ni grossier ni obscène ni vulgaire.

La préservation de la langue, le choix des mots les plus nobles, et la pesée des paroles avant de les prononcer protègent l’homme de l’erreur et le préservent des dangers. L’Imam Al-Chafi’i, que Dieu lui fasse miséricorde, disait : « Si l’homme souhaite parler, qu’il réfléchisse d’abord. Si le bien en ressort clairement, qu’il parle. Si le doute persiste, qu’il s’abstienne jusqu’à ce que cela soit clair ».

Il existe des paroles douces qui attendrissent les cœurs, dessinent un sourire sur les visages, encouragent au bien, et guident vers les voies de la vertu et de la bienfaisance. Et il y a des paroles blessantes, sources de discorde et de haine, déclenchant la colère et ouvrant les portes du mal. Le Messager de Dieu sws a dit avec véracité : « L’individu prononce parfois une parole qui plaît à Dieu, sans y prêter attention, et Dieu l’élève par elle de plusieurs degrés. Et l’individu peut prononcer une parole qui déplaît à Dieu, sans y prêter attention, et elle le précipite en Enfer plus de soixante-dix ans ». Rapporté par Al-Boukhari.

La parole est comme une flèche : une fois lancée, elle ne revient pas. Celui qui la prononce doit donc viser précisément, utiliser les plus beaux termes et les exprimer avec douceur et bienveillance, afin que leur effet soit bénéfique dans les âmes et leur fruit abondant dans la vie. Il ne doit pas recourir aux propos vulgaires ou brutaux qui peuvent produire des conséquences néfastes, voire désastreuses. Ces mots peuvent parfois se retourner contre leur auteur et devenir source de regret.

Dieu, exalté soit-Il, dit : « Parlez aux gens avec bonté ». (S. Al-Baqara 2 , V. 83)

وَقُولُوا لِلنَّاسِ حُسْنًا

L’Imam Al-Qurtubi explique dans son exégèse : « Il convient à l’homme que ses paroles soient douces et son visage accueillant, tant avec les pieux qu’avec les pécheurs, car Dieu a dit à Moïse et à Aaron : « Parlez-lui (à Pharaon) avec douceur »’ (Sourate Taha) Or, celui qui parle n’est pas meilleur que Moïse et Aaron, et le pécheur n’est pas plus corrompu que Pharaon. »

Talha ibn ‘Umar a dit : « J’ai dit à Ata’ : Tu es un homme auprès duquel se réunissent des gens de tendances diverses. Or, je suis de nature vive et je leur parle parfois avec rudesse. » Ata’ lui répondit : « Ne le fais pas, car Dieu a dit : ‘Parlez aux gens avec bonté.’ »

Le disciple de l’Imam Al-Chafi’i, Al-Muzani, a rapporté : « Un jour, l’Imam Al-Chafi’i m’entendit dire : « Untel est un menteur. »  Il me dit : ‘Ô Ibrahim ! Revêts tes paroles des meilleures expressions. Ne dis pas “menteur”, mais dis plutôt : “Ses propos sont sans valeur.”’ »

De même, l’Imam Al-Boukhari, par piété accrue, évitait de dire : « menteur » ou « imposteur ». Il préférait des expressions comme : « on s’est tu à son sujet », « à revoir », « on l’a délaissé ». Parfois seulement, il rapportait : « Un tel l’a traité de menteur. »

Un jour, Ar-Rabi’ rendit visite à l’Imam Al-Chafi’i alors qu’il était malade. Il lui dit :

« Qu’Allah renforce ta faiblesse, ô Imam. » Al-Chafi’i répondit : « Si Dieu  renforce ma faiblesse, Il me fera mourir. » Ar-Rabi’ lui dit : « Par Dieu, je ne voulais que ton bien. » Et Al-Chafi’i répondit :
« Oui je sais bien que c’était dit avec une  bonne intention. »

L’idée étant qu’il avait saisi le sens, mais s’était trompé dans le choix des mots. Il ne fait aucun doute que le bon choix des paroles relève de la noblesse de caractère à laquelle chacun doit aspirer.

Le Messager de Dieu sws nous a informés que la bonne parole est une aumône, une bonne action . Et comme toute aumône, elle est multipliée selon l’intention, mais aussi selon les effets qu’elle engendre.

La bonne parole est une bonne action.
Elle peut adoucir un cœur, rapprocher les âmes, guider vers le bien. C’est ainsi qu’un homme du nom de Abdullah Ibn Zâdhân Al-Kindi , chanteur célèbre à Koufa, fut touché par une simple parole du compagnon Abdullah  Ibn Mas’oûd : «Quelle belle voix, si elle était utilisée pour réciter la parole de Dieu. » Ce mot suffit à changer sa vie : il devint un savant et une sommité dans le Savoir et une grande référence parmi nos prédecesseurs.

Ainsi, la bonne parole peut ressusciter des cœurs, sortir des gens des ténèbres vers la lumière.
Il revient donc au prédicateur de saisir les opportunités et de prendre l’initiative de guider vers Dieu et transmettre le message. Peut-être que Dieu, le Généreux Donateur, inscrira pour lui la récompense d’une parole prononcée sans y prêter attention et qui l’élève de degrés.
Heureux est celui que Dieu guide à une bonne parole, qui se répand dans le monde et porte ses fruits en tout temps par la permission de son Seigneur.

« Ils ont été guidés vers la bonne parole, et guidés vers le chemin du Digne de louange. »   (S.  Al-Hajj 22 ; V. 24)

وَهُدُوٓاْ إِلَى ٱلطَّيِّبِ مِنَ ٱلْقَوْلِ وَهُدُوٓاْ إِلَىٰ صِرَٰطِ ٱلْحَمِيدِ

Par : Omar MAHASSINE