Il y a 12 ans, le 15 mars 2004 était votée la loi sur les signes ostentatoires à l’école, qui bannit le foulard des établissements scolaires secondaires et, par la même occasion, les jeunes filles qui le portent. Un dévoilement à la française promulgué par la loi faisant écho aux rituels coloniaux imposés aux « femmes indigènes ». Zhor Firar, militante associative et femme engagée, analyse ce « dévoilement à la française » du temps des colonies.
Dès l’origine, le colonialisme assoit une domination au nom de la « race » supérieure qui entend civiliser les « races » inférieures. Comme le soulignait Aimé Césaire, dans son Discours sur le colonialisme, « que l’on s’y prenne comme on le voudra, on arrive toujours à la même conclusion : Il n’y a pas de colonialisme sans racisme ». Dans son ouvrageL’Orientalisme, Edward Said s’est attaché à démonter les mécanismes idéologiques de cette domination. L’auteur y cible d’emblée la manipulation des mécanismes de la représentation : « Le filet de racisme, de stéréotypes culturels, d’impérialisme politique et d’idéologie déshumanisante qui entoure l’Arabe ou le musulman est réellement très solide, [1](…) ». Tout au long de son analyse, il décrypte l’invention de l’Orient par l’Europe, un Orient essentialisé et réduit à des stéréotypes : « Les idées qui restaient en circulation à propos de l’islam étaient nécessairement une version dévaluée des forces importantes et dangereuses qu’il symbolisait pour l’Europe. Comme pour les Sarrasins de Walter Scott, la représentation que l’Europe se faisait du musulman, de l’Ottoman ou de l’Arabe, était toujours une façon de maîtriser le redoutable Orient, (…) [2] ».