Aujourd’hui, le besoin urgent pour le musulman est de sortir de la défensive, d’avoir toujours à se justifier. Le musulman doit retrouver confiance en sa foi, en son histoire, et savoir que l’islam est un message de dignité. Une religion qui a produit une civilisation rayonnante et des savoirs émancipateurs.
Actuellement, l’image de l’islam est ternie. Lorsqu’on parle d’islam, c’est la dimension de la violence, de la guerre et du djihadisme qui est mise en avant. C’est une réalité que nous avons tous les jours et il nous appartient de changer ces perceptions très négatives.
De plus, les musulmans représentent plus d’un quart de la population mondiale, mais ce n’est pas la quantité qui compte, c’est la qualité de notre cœur, la qualité de nos intelligences. Dieu dit : « … Quel qu’en soit le nombre, ne vous sera d’aucune utilité, car Dieu est avec ceux qui portent la foi »[1]. Le Messager de Dieu (PSDL) a dit également : « … Viendra un jour, où vous serez des millions, vous serez en très grand nombre, mais vous ne vaudrez pas plus que l’écume à la surface de l’eau …»[2]. Le nombre n’est pas la priorité mais la qualité des hommes et des femmes qui restant fidèles à leur foi, à leurs principes et leur éthique, qui ont un ancrage spirituel. Dieu a fait des musulmans, la communauté du juste milieu afin qu’ils soient des témoins de la foi, de la justice et de la dignité : « C’est ainsi que nous avons fait de vous une communauté du juste milieu afin que voussoyez témoins parmi les hommes et que le Messager vous soit témoin »[3].
C’est pour cette raison que nous avons besoin d’approfondir notre savoir. Chacun sait que le Savoir est le guide de l’action, donc toute action dépend de la connaissance du texte et du contexte, à savoir : Comment agir ? Pourquoi agir ? Pour qui agir ? Un tel projet demande, à l’évidence, des compétences, des formations ciblées, une vision contextualisée de nos sources et une réponse claire aux questions d’actualité.
Se former pour mieux se réformer, être conscient des priorités et des défis à relever pour retrouver sa dignité, avoir une présence rayonnante sur le terrain et une voie audible et respectée.
Une formation capable de redonner confiance au musulman, confiance en lui, en sa foi, en son histoire, afin qu’il envisage l’avenir avec fierté, courage et détermination. Une formation capable aussi de dégager l’islam de son inscription dans le registre des pathologies.
Parallèlement, la spiritualité est devenue un concept marketing : tout le monde en parle, Le terme a été vidé de son sens sans aucune définition précise du mot. Il est vrai que le besoin de la spiritualité se fait de plus en plus sentir pour les acteurs de terrain musulmans qui veulent donner de la substance à leurs engagements, de la profondeur à leurs actions. Il nous faut redéfinir notre sens de la spiritualité, savoir la porter et l’exprimer au travers du quotidien. Pour passer du discours sur la spiritualité à l’expérience spirituelle.
Il faut être vigilent vis-à-vis d’une spiritualité à la carte, d’un islam à la carte, une vision individualiste qui trahit la vision prophétique. Une spiritualité d’engagement : Don de soi et don pour le prochain afin de promouvoir une action citoyenne cohérente.
Donner du sens et de la cohérence afin que le musulman trouve un équilibre dans son cheminement; d’allier entre efficacité dans l’action et authenticité spirituelle. Autrement dit que son action témoigne d’une foi sincère et d’une spiritualité active.
[1] Coran : S. 8, V. 19.
[2] Rapporté par Abou Dawud selon Tawbân (DAS).
[3] Coran : S. 2, V. 143.