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Une nouvelle année de l’Hégire : un bilan s’impose

 

Nous accueillons une nouvelle année de l’Hégire qui nous rappelle l’exil du Prophète (PSDL) de la Mecque vers Médine. L’Hégire renferme beaucoup d’enseignements dont le plus important est le fait de s’exiler du mal, du péché. Cette dimension est décrite dans Le Coran : « Et de l’abomination [le péché, le mal, le détestable], exile-toi donc » et illustrée parfaitement dans le hadith du Messager (PSDL) : « L’exil c’est de quitter tout ce que Dieu a interdit ».

Ainsi Houdeyfa ibn Al Yamane (DAS) disait dans le hadith authentique : « Les compagnons du Prophète (PSDL) l’interrogeaient à propos du bien et moi je l’interrogeait à propos du mal afin de ne pas y sombrer… ».

Un bilan s’impose

Cette nouvelle année doit donc nous amener à faire une rétrospective de la partie révolue de notre vie. Si le fidèle, dans sa relation avec Dieu, était en progression ou en régression. Si les bonnes actions l’emportent sur les mauvaises, le fidèle doit remercier Dieu et L’implorer de lui permettre de goûter la douceur de la foi et persévérer dans son cheminement. Et si, par malheur, les mauvaises actions dominent les bonnes, alors le fidèle doit réaliser sa Tawbah sincère devant Dieu, rectifier le tir et prendre les fermes résolutions de ne plus recommencer ou sombrer dans l’insouciance et l’oubli qui mènent à des actes blâmables.

N’oublions pas que chaque minute qui passe nous rapproche inexorablement vers notre fin, vers notre rendez-vous inéluctable avec Dieu.

Chaque fidèle doit donc accueillir ce nouvel an avec une ferme résolution et une réelle détermination à quitter les turpitudes et tout ce qui est blâmable ; à déployer les efforts nécessaires pour rapprocher de Dieu et s’attirer ainsi Sa satisfaction et Son amour.

Il est impératif que chacun et chacune d’entre nous examine sa conduite, corrige ses comportements et purifie son âme. Chacun et chacune d’entre nous doit entamer un véritable travail sur soi pour faire son propre exil du mal, du péché de l’insouciance et en purifiant son cœur de tout ce qui éloigne de Dieu.

Nouvelle année, nouvelle hégire…

Le début d’une nouvelle année est naturellement lié à l’évocation de l’hégire – l’émigration des musulmans de La Mecque vers Médine – : le calife ‘Umar choisit la date de cet événement (622), pour désigner l’an 1 du calendrier musulman.

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L’hégire était devenue une obligation : les musulmans avaient reçu l’ordre de quitter La Mecque pour Médine. Des années plus tard, le Prophète (PSDL) revint victorieux vers sa patrie d’origine, où son geste le plus fort fut de détrôner et de briser les idoles, contraires au culte monothéiste.

Le Prophète Muhammad (PSDL) annonça qu’il n’était plus désormais nécessaire d’accomplir cet exil, La Mecque ayant été libérée. « Pas d’émigration (hijra) après la conquête », dit-il très clairement.

Bien entendu, l’Islam a préservé le principe qui dicte aux croyants la possibilité ou l’obligation de quitter un lieu, s’ils sont empêchés d’y pratiquer leur foi. Encore faut-il qu’ils puissent se rendre sous d’autres latitudes où la liberté de culte leur serait garantie. Aujourd’hui, les grandes capitales du monde arabe comme du monde occidental ne sont pas épargnées par la vague des mauvaises influences et de la corruption qui se répand à travers les mœurs environnantes, les médias et les réseaux sociaux. Fuir le mal, préserver sa foi, éduquer sa maisonnée dans le respect des valeurs de l’Islam est un combat qui, désormais, dépasse largement le découpage géographique de nos pays.

C’est un combat que chacun doit d’abord réaliser en lui-même : s’il faut franchir une frontière, c’est bien celle qui se situe au plus profond de chacun d’entre nous, entre le bien et le mal qui nous habitent.

Voilà un sens de l’hégire dont le Prophète lui-même (PSDL) nous a parlé, en disant :         « L’émigrant (al-muhâjiru), c’est celui qui quitte (hajara) ce que Dieu a interdit ».  Que l’évocation de l’hégire, à la venue de la nouvelle année, soit donc pour chacun d’entre nous l’occasion de prendre les meilleures résolutions :

  • Combien de distractions futiles et souvent illicites nous empêchent, à longueur d’année, de tourner notre cœur vers Dieu ? Il faut orienter à nouveau nos âmes vers le Créateur Suprême, avec l’intention louable de lui consacrer une adoration sincère, en L’aimant de tout notre cœur.
  • Combien de fois, entre la volonté de Dieu, qui commande ou interdit, et notre désir, qui nous entraîne à enfreindre les limites que le Seigneur nous impose, nous sommes-nous laissés dominer par notre passion ? Combien de fois faisons-nous passer notre volonté avant celle de notre Créateur ? Telle est l’épreuve à laquelle Dieu nous soumet : celui qui en sort vainqueur, c’est celui qui fuit ce que Dieu a interdit.

Réaliser un monothéisme sincère, et réformer son comportement moral, cela se fait d’abord à l’intérieur de chacun d’entre nous, quel que soit le pays où nous vivons. Le problème, ce n’est pas les autres d’abord, c’est d’abord nous-mêmes. A cela s’ajoute certes le fait de nous déterminer à fuir les mauvaises fréquentations, comme les mauvais milieux…

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Le principe de l’hégire, ainsi compris, doit rester bien vivant dans la conscience du musulman. S’il échoue, il est un étranger, où qu’il se trouve ; s’il gagne, il est partout chez lui. En tous les cas, le royaume promis ne lui sera donné qu’après l’exil qui consiste à fuir le mal. Telle est l’une des leçons de l’hégire. Sommes-nous prêts à la retenir ?

Par Hani Ramadan

Bulletin du Centre Islamique de Genève – N° 62