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Renouveler sa foi pour éduquer son cœur
Conférence présentée par le Cheik Omar Mahassine Imam de la mosquée de Mantes-la-Ville, sur l’importance d’entretenir sa foi qui s’use et s’érode, d’où l’importance de l’entretenir et l’éduquer pour la maintenir et l’affermir par la pratique du dhikr et le rappel.
Petite pensée du vendredi n° 16
Voici venu le purificateur
Dans quelques jours, les musulmans de part le monde vont jeûner le mois du Ramadan et vivre un temps fort, un temps sacré de spiritualité, de solidarité et de partage fraternel. Le jeûne est l’épreuve de purification annuelle qui permet au musulman de revenir à lui-même afin méditer le sens et ajuster ses pensées.
Le jeûne du mois du Ramadan est une école de maîtrise de soi où le fidèle cultive la persévérance et l’endurance. Un mois où le fidèle contrôle ses passions, refuse les émotions et les excitations et maîtrise ses pulsions et ses mauvais penchants. Certes, le jeûne du mois du Ramadan est un effort exigeant mais c’est l’ascèse par laquelle le fidèle se réforme, se purifie et discipline son égo.
Le mois di Ramadan est aussi le mois de la miséricorde, du pardon et de la paix. Le fidèle doit purifier son cœur de toutes les rancunes, de l’animosité et de l’infâme. Jeûner pour le fidèle c’est être en paix et promouvoir la paix.
Le Messager de Dieu (PSDL) dit : « Le jeûne est un bouclier. Lorsque l’un de vous jeûne, qu’il ne prononce pas de paroles obscènes et qu’il ne se mette pas en colère. Si quelqu’un l’insulte ou l’agresse, qu’il dise : « paix, Je jeûne » »[1].
Ainsi, Le jeûne représente beaucoup plus qu’une simple abstinence de boire et de manger. Le musulman en état de jeûne doit se garder des choses douteuses, s’abstenir du mensonge et de la médisance et ne pas nourrir des intentions belliqueuses contre autrui. Le Messager de Dieu (PSDL) dit : « Celui qui ne s’abstient pas de mentir et d’agir en pur mensonge, Dieu n’a que faire de son renoncement à son manger et à sa boisson »[2].
Le mois du Ramadan est également une école pour consommer autrement, consommer responsable et consommer éthique. Jeûner c’est prendre conscience de ce que nous consommons et comment nous nous comportons. Consommer moins et donner plus à ceux qui sont dans le besoin. Le Messager de Dieu (PBSL), notre modèle par excellence, a toujours été généreux, mais il l’était davantage pendant le mois du Ramadan.
Durant le mois du ramadan, chaque musulman (e) doit relever le défi de l’amour, amour de Dieu, amour des êtres. Chaque fidèle doit redoubler d’efforts en termes de bonté, de spiritualité et de générosité afin de s’attirer la Miséricorde et la proximité de Dieu. Dans le hadith authentique, le Prophète (PSDL) attribue ces paroles à Dieu : « Qui vient vers Moi à pas lents, Je viendrai à sa rencontre à pas rapides »[3].
[1] Hadith unanimement reconnu authentique rapporté selon Abou Hourayra (DAS).
[2] Rapporté par Al-Boukhari selon Abou Hourayra (DAS).
[3] Hadith unanimement reconnu authentique rapporté selon Abou Hourayra (DAS).
Petite pensée du vendredi n° 15
Comment se préparer pour accueillir le mois de Ramadan
Le mois du Ramadan est à nos portes. Y avons-nous pensé ? En sommes-nous conscients ? Avons-nous évalué l’importance, la dimension spirituelle et sociale de ce mois sacré ? Comment devons-nous l’accueillir ? Comment se préparer moralement et spirituellement pour en tirer le maximum de profit ?
D’après Anas, que Dieu l’agrée : « Quand les compagnons du Prophète (paix et salut de Dieu sur lui) apercevaient le croissant du mois de Chaâbane, ils se penchaient sur la lecture du Coran. Les musulmans versaient la Zakat (l’aumône légale) pour que les pauvres et les nécessiteux puissent jeûner le mois du Ramadan dans de bonnes conditions. Les commerçants se dépêchaient de régler ce qu’ils devaient et recevoir ce qu’il leur était dû. Quand ils voyaient le croissant du Ramadan, ils se purifiaient et redoublaient d’efforts en terme d’adoration, de bonté et générosité »[1].
C’est ainsi que les compagnons, que Dieu les agrée tous, se préparaient pour accueillir le mois du Ramadan. Ils s’y consacraient sincèrement, en déployant les efforts nécessaires et en s’appliquant assidûment.
Pour nous, dans notre contexte, comment s’imprégner de la valeur sacrée de ce mois béni ? Comment se motiver pour le recevoir ? Comment préparer sa venue et fournir les efforts nécessaires afin de le passer de la meilleure manière qui soit ?
1. Prendre conscience de la valeur de ce mois béni :
En premier lieu, il convient de prendre conscience de la valeur de ce mois, de rentrer dans le calendrier et le temps sacrés afin d’en assimiler ses mérites.
Abou Mass’oud Al Ghifâri (DAS) rapporte « J’ai entendu le messager de Dieu (PSDL) dire un jour, alors que le Ramadan était en cours : Si les gens savaient ce qu’est réellement Ramadan, ma communauté aurait souhaité que toute l’année soit Ramadan »[2].
Un jour, le Prophète (PSDL) posa trois fois cette question à ses compagnons : « Savez-vous ce que vous accueillez et qui vous accueille ? ». Alors, Omar Ibn al-Khattab demanda : serait-ce une Révélation ? Il dit : Non ! Et Omar de reprendre : peut-être un ennemi qui survient ? Il répondit : Non plus ! Omar demanda : quoi alors ô Messager de Dieu ? Le Prophète (PSDL) dit : à la première nuit du mois de Ramadan, Dieu pardonne à tous ceux qui se revendiquent de cette Qibla. Et il indiqua la direction de la Qibla avec sa main »[3].
Le mois du Ramadan représente le sacrifice des plaisirs et des passions par la discipline du jeûne, qui ne se limite pas à se priver de nourriture, mais exige de la douceur, de la bonté pour contrer la mauvaise humeur naturelle aux égos virulents et frustrés, c’est aussi le refus des émotions et des excitations, la maîtrise de la langue et de tous les organes. Le jeûne est l’épreuve de purification annuelle qui permet au musulman de retrouver l’équilibre spirituel et de réaliser la victoire sur soi.
Le Prophète (PSDL) a dit : « A l’arrivée du mois de Ramadan, les portes du Paradis s’ouvrent, celles de l’enfer se ferment, les démons sont enchaînés et l’ange annonce : Ô celui qui aspire au bien, approche ! Ô celui qui aspire au mal, abstiens-toi. Et cela dure jusqu’à la fin du mois de Ramadan »[4].
Les portes du Paradis sont ouvertes et les portes de l’Enfer sont fermées :
– Les musulmans aspirent à être bon et à promouvoir le bien
– Le bien se propage et se ressent donc le mal se réduit considérablement.
– La spiritualité monte en flèche durant cette période de jeûne ; c’est pourquoi les musulmans qui ont fait cette expérience attendent avec nostalgie le prochain mois de Ramadan.
Les diables sont enchaînés :
– La prière est belle
– La concentration, la présence à Dieu dans l’adoration est plus forte
– Les disputes, les animosités sont réduites
– La fraternité est accentuée
2. Avoir bonne intention et être sincère :
Dans le hadith authentique, le Prophète (PSDL) : « Les actes ne valent que par l’intention ; à chacun selon sa visée … »[5]. Le fidèle sincère et dévoué est celui qui magnifie l’intention, qui lui donne toute son importance, car elle est le secret, le fondement et la quintessence de tout acte d’adoration.
Le mois du Ramadan ne doit guère être la saison de la paresse et de l’oisiveté. Au contraire, c’est un mois où l’on cherche à se rapprocher de à Dieu.
« Celui qui jeûne le mois de Ramadan avec foi en comptant sur la récompense divine, verra tous ses péchés absous »[6]. Le jeûne permet de purifier et de développer la conscience de notre relation à Dieu.
3. Réciter le Coran :
C’est au cours du mois du Ramadan que la terre a rejoint le ciel pour accueillir la descente du Coran « Le mois de Ramadan est celui au cours duquel le Coran fut descendu »[7].
La récitation du Coran et la discussion de son sens appellent sur nous un flot d’amour et de miséricorde. « Chaque fois, dit le Prophète (PSDL), qu’un groupe de fidèles se réunissent dans une mosquée pour réciter le Coran et discuter entre eux de sa signification, la miséricorde les recouvre, la paix du cœur descend sur eux et Dieu les mentionne à ceux qui se trouvent en Sa présence »[8].
4. Être et témoigner :
Le mois du Ramadan est l’occasion d’un intense témoignage. Être, c’est avant tout cette présence à Dieu. Le fidèle animé par la foi voue son existence, son action à Dieu jusqu’à ce qu’il porte en lui toutes les vertus de la bonté, de l’humilité. C’est l’effort assidu vers la plus royale des victoires : la victoire sur soi. C’est tisser des liens intimes avec le Créateur pour mieux servir les créatures. C’est relever, à la lumière de la spiritualité, le défi de l’amour, amour de Dieu, amour des êtres. C’est préparer la terre pour qu’elle reçoive la semence, préparer son cœur pour qu’il s’illumine à la rencontre du message afin de mieux porter la responsabilité du témoignage.
Témoigner, pour le fidèle, c’est être présent sur le terrain, s’exprimer, expliquer la spiritualité musulmane, sa vocation de paix et de justice. Il faut également avoir un discours clair et précis, oser dénoncer les injustices et se démarquer de toutes les lectures et de toutes les actions qui légitiment la violence.
5. Avoir bon cœur :
Un cœur habité par l’amour de Dieu et du Prophète (paix et salut de Dieu sur lui) n’en veut à personne sinon à son propre ego. Avoir bon cœur c’est supporter les coups durs, renouer les liens d’amour, de compassion avec ceux dont les relations ont été rompues et pardonner à ceux qui nous ont fait du tort parmi nos frères et sœurs. « Pardonne de la plus belle manière »[9].
Conclusion :
Durant le mois de Ramadan, chacune et chacun de nous doit être à la recherche du pardon et du repentir et également faire tout son possible pour s’attirer la Miséricorde de Dieu, et ce, en répandant l’amour et le bien autour de nous et en multipliant les œuvres pieuses. Sans oublier bien entendu d’être généreux et de partager avec ceux qui sont dans le besoin. Et accorder une attention particulière à préserver notre jeûne de tout ce qui pourrait le souiller et diminuer ainsi son mérite. Que nos bonnes actions ne soient rien d’autre que la conséquence immédiate de notre amour pour Dieu et pour le Prophète (PSDL).
[1] Fath Al-Bari et Al-Ghounya.
[2] Rapporté par Ibn KHouzaïma.
[3] Rapporté par Ibn Khouzaïma selon Anas Ibn Malek (t).
[4] Rapporté par Ibn Khouzaïma, Al-Bayhaqi, An-Nassaî , Tirmidi et Al Hakem selon Abou Hourayra (t).
[5] Rapporté par Al-Boukhari selon Omar Ibn Al Khattab (t).
[6] Rapporté par Al-Boukhari et Moslim selon Abou Hourayra (t).
[7] Coran : S. 2, V. 185.
L’importance de la prière
Dieu dit : « En vérité, je suis Dieu et il n’y a pas d’autre divinité à part Moi. Adore-Moi donc et accomplis la prière pour M’avoir présent en ton cœur »[1].
La prière est l’épine dorsale de la religion. Elle est un temps de communication avec Dieu, un temps de dialogue et d’intimité avec le Tout Miséricordieux. La prière, a été instituée au Ciel lors de l’ascension nocturne du prophète (PSDL). Toutes les autres adorations de l’islam ont été prescrites sur Terre. Cela montre la l’importance que doit accorder le fidèle, soucieux de son accomplissement spirituel, à la prière dans son cheminement. En effet, la prière est l’ascension spirituelle de chaque fidèle et le moyen qui lui permet de s’élever moralement et spirituellement pour accéder à la proximité de Dieu.
En réalité, la prière, si elle est accomplie avec présence et humilité, aura un effet bénéfique sur le comportement du fidèle. Quand le musulman se tourne sincèrement vers Dieu et se place devant Sa Majesté, il se détourne de tout le reste. La prière engendre chez lui, une ferveur de la foi, une conscience de Dieu à tel point qu’il maitrise ses passions, domine ses mauvais penchants et lutte efficacement contre les tentations. Dieu dit : « Certes, la prière préserve de l’indécence et des actes d’injustice »[2].
Il est intéressant de noter que le Coran interpelle en nous disant : « accomplissez la prière », c’est-à-dire édifiez-la, priez comme il se doit avec âme, amour et présence à Dieu dans l’humilité. Le Prophète (PSDL) donnait l’exemple de la présence et de l’intimité avec Dieu; le hadith authentique rapporte : « Le Prophète (PSDL) se réfugiait dans la Prière chaque fois qu’un événement grave survenait »[3]. Fuite vers Dieu pour se ressourcer et implorer Son soutien et Son assistance afin d’affronter les problèmes avec courage et détermination et non une fuite devant les responsabilités ou une esquive des devoirs.
Dans un autre hadith, le Prophète (PSDL) disait à Bilal le muezzin (DAS) : « Ô Bilal, réconforte-nous par la prière »[4]. La prière, dialogue intime avec Dieu, était pour le Messager de Dieu (r) un véritable apaisement face aux épreuves. Ainsi, à chaque épreuve, à chaque péril, à chaque moment de solitude, le musulman doit se tourner vers la prière pour retrouver la paix et la sérénité.
On demanda un jour à Hâtem Al-Açam, comment il accomplissait la prière. Il répondit : « J’effectue les ablutions avec soin, puis je me rend au lieu de prière dans le recueillement. Je prononce le takbir avec vénération, je récite le Coran avec méditation, je m’incline avec révérence, je me prosterne humblement, je me représente le Paradis à ma droite, l’Enfer à ma gauche, As-sirâte sous mes pieds (As-sirâte, c’est le pont surplombant l’Enfer sur lequel tout le monde passera le jour du jugement), la Ka’aba face à moi, l’ange de la mort au dessus de ma tête, mes péchés autour de moi. Je considère que c’est ma dernière prière et je m’efforce d’y mettre la dévotion la plus sincère, puis je prononce la salutation finale en espérant que Dieu accepte ma prière … ».
[1] Coran : S. 20, V. 13 – 14.
[2] Coran : S. 29, V. 45
[3] Rapporté par Al-Boukhari selon Abou Hourayra (DAS).
[4] Rapporté par Abou Daoud, l’imam Ahmed et Tabarani et a été authentifié par Al-Albani.
Petite pensée du vendredi n° 14
Où est ton centre de gravité ?
L’Eternel interpelle l’homme, en lui disant : « Je suis tout proche et je réponds favorablement à l’appel de celui ou celle qui m’invoque ; qu’ils répondent donc à mon appel et suivent fidèlement Ma voie, ils seront sûrement comblés »[1].
Où es-tu ? Où est ton centre de gravité ? De ce questionnement intime découle le positionnement du fidèle par rapport à Dieu et au monde. Es-tu présent à Dieu et en mouvement dans la voie qu’IL a tracé, ou bien à l’arrêt, ou bien l’insouciance a su te dominer et l’oubli t’aliéner.
La foi a la puissance de ressusciter ta vie, de la façonner à la lumière du modèle par excellence, Mohammed (PSDL). En revanche, l’insouciance, le péché te conduira à l’immobilisme, voire à la perdition. Il ôte de ton cœur tout espoir, tout enthousiasme. Le péché a cette particularité d’éteindre l’étincelle de la foi dans votre cœur, de faire mourir la foi qui a été initié par Dieu dans ton cœur. Ta joie, ton bien-être, ta paix intérieure, ton espérance, se retrouvent enchaînés par ce dernier. Abdallah ibn Abbas (DAS) a dit : « La bonne action apporte un éclat au visage, une lumière dans le cœur, une vitalité au le corps, une largesse dans la subsistance, et un amour dans le cœur des gens. En revanche, la mauvaise action apporte un assombrissement au visage, des ténèbres envahissent le cœur, une faiblesse au corps, une diminution dans la subsistance et une animosité dans le cœur des gens ».
Recentre-toi sur Dieu et œuvre avec conscience. Sache que la proximité de Dieu nécessite un effort assidu sur soi, un sursaut spirituel. Libère-toi autant que possible des tracas de ce monde, aspire à un meilleur être moral et spirituel et cherche constamment à plaire à Dieu. Dans le hadith : « Celui qui se recentre sur et dont la principale préoccupation est de plaire à Dieu. Dieu lui épargne les soucis de ce monde et de la vie future, fera affluer les biens vers lui et placera sa richesse dans son cœur … »[2].
Seigneur Dieu, je ne désire plus me cacher. Je suis là, devant toi, avec mes victoires et mes échecs, avec mes défauts et mes négligences. Tel que je suis, je viens à toi. Accepte-moi dans Ton infinie Miséricorde. Gloire à Toi, permet moi de goûter à la douceur de Ta proximité. Merci de m’aimer.
[1] Coran : S. 2, V. 186.
[2] Rapporté par Ibn Maja selon Abdullah Ibn Mass’oud (t), authentifié par Al-Albani.
Petite pensée du vendredi n° 13
Être musulman
Que signifie être musulman aujourd’hui ? Comment goûter la douceur de la foi ? Comment vivre sa foi sereinement, sans complexe ni crispation ? Comment ne pas se contenter d’une pratique superficielle de l’islam ? Comment ne pas être, seulement, un musulman dans la forme ? Le fait d’être né dans une famille musulmane ou le fait de porter un nom à consonance musulmane, ne fait pas de l’individu un candidat valable pour porter les valeurs de l’islam.
Être musulman, c’est d’abord un appel du cœur. Le cœur, touché par la Grâce de Dieu, répond favorablement à Son appel et fait le premier pas vers Dieu. Dieu dit : « Celui ou celle dont le cœur a été ouvert par Dieu à l’islam reçoit ainsi une lumière de Son Seigneur »[1]. Le cœur s’ouvre et reçoit, de la part de Dieu, un flot d’amour et de Miséricorde qui rejaillit sur le comportement du fidèle.
Dieu dit : « Ô vous qui croyez ! Répondez à Dieu et au Messager lorsqu’il vous appelle à ce qui vous donne la (vraie) vie »[2]. Être musulman c’est répondre à cet appel divin qui donne vie, qui émancipe moralement et spirituellement et qui libère. Être musulman c’est être soucieux de son devenir, c’est tisser des liens intimes avec le Créateur pour mieux servir les créatures. C’est relever, à la lumière de la spiritualité, le défi de l’amour, amour de Dieu, amour des êtres. « Nul d’entre vous, disait le Prophète (PSDL), ne goûtera vraiment la douceur de la foi tant qu’il n’aime pas pour son prochain ce qu’il aime pour lui-même »[3]. Être musulman c’est être profondément humain dans un monde qui se déshumanise de plus en plus, en posant la question du sens, de la spiritualité et de la dignité humaine.
Mieux comprendre l’islam
Souvent, nous nous confrontons à une vision sommaire de l’islam, à une ignorance affligeante de ce que c’est que d’être musulman. Mieux comprendre l’islam, c’est connaître ses finalités, sa vocation de paix et de justice. Il s’agit d’une compréhension imprégnée de miséricorde et de douceur, et en aucun cas, d’une lecture sclérosée, parcellisée de l’islam qui rebute les gens ou les met dans la gêne et la contrainte.
Pour beaucoup, le monde merveilleux de l’islam se résume à une législation restrictive qui se réduirait au halal, haram. Un ensemble de contraintes, un Islam pure et dure serait la vraie pratique et la vraie piété. Alors que paradoxalement, lorsque nous nous laissons imprégner par la personnalité du Prophète (PSDL). Nous sommes face à une miséricorde exceptionnelle, une bonté face aux épreuves des proches, de la société et des infidèles. Il n’a aucunement répondu par la sévérité ou la démesure, mais au contraire par la patience, l’intelligence et la sagesse. Le Prophète (PSDL) dit : « L’islam religion est aisance et facilité. Celui qui cherche à rivaliser de force avec la religion sera vaincu. Suivez plutôt la voie sage du juste milieu, rapprochez-vous en douceur de la perfection et soyez optimistes … »[4].
Donc il est indispensable de se former, pour mieux comprendre et réformer son être en imitant sincèrement le modèle (PSDL). Être musulman ne consiste pas à s’isoler et à adopter une attitude de rejet vis-à-vis de la société. Être plus proche de Dieu, c’est vivre parmi les hommes et non se mettre à la marge de la société.
La foi et l’effort dans la pratique
Etre musulman c’est vivre une foi, c’est vivre une spiritualité. Une foi sincère enraciné dans le cœur, qui se fortifie et s’entretient par l’effort dans la pratique et qui se manifeste par un bon comportement. Vivre une spiritualité c’est préserver sa foi, l’intensifier et la renforcer. L’humain a tendance à oublier Dieu, à s’oublier, la spiritualité et le moyen le plus efficace pour lutter contre cet oubli et cette insouciance.
La foi relève certes, d’une conviction profonde, mais elle doit s’accompagner nécessairement d’un effort, d’une action. Dans le Coran, à chaque fois que la foi est évoquée, elle appelle automatiquement le bel agir : « Ceux qui ont la foi et font bonnes œuvres ». Ainsi, L’action du fidèle doit porter la marque de la foi, donc de la spiritualité, de la bonté et de l’humilité, jamais de l’arrogance.
Agir avec conscience
Selon Soufiane ibn ‘Abdoullah (DAS) : J’ai demandé au Messager de Dieu (PSDL) : « Enseigne-moi une parole en matière d’islam, qui me dispense d’interroger un autre que toi ». Il m’a répondu : « Dis : Je crois en Dieu. Puis, agis avec conscience »[5].
Être musulman c’est agir avec conscience en fonction des contraintes, des épreuves et des difficultés … Car la vie est une épreuve et la foi du fidèle risque d’être mise à l’épreuve. Être musulman c’est assumer ses responsabilités, c’est faire face aux épreuves de manière responsable et apaisée. C’est honorer ses engagements envers Dieu et persévérer dans Sa voie.
Témoigner de sa foi
Témoigner, pour le fidèle, c’est porter un message et rayonner de ses valeurs. Un message dont il faut devenir le meilleur des modèles, afin d’être devant les hommes, un signe, un rappel, jamais une contrainte.
Témoigner de sa foi, c’est être présent sur le terrain, s’exprimer et expliquer la foi musulmane, sa vocation de paix et de justice. C’est également, avoir un discours clair et précis, oser dénoncer les injustices et se démarquer de toutes les lectures et de toutes les actions qui légitiment la violence.
[1] Coran : S. 39, V. 22.
[2] Coran : S. 8, V. 24.
[3] Hadith unanimement reconnu authentique, rapporté selon Anas.
[4] Rapporté par Al-Boukhari selon Abou Hourayra (t).
[5] Rapporté par Moslim.
Le mois de Chaâbane préambule au mois du Ramadan
« Seigneur Dieu! Fais que les mois de Rajab et de Chaâbane soient bénis pour nous et fais en sorte que nous atteignons le mois du Ramadan et que nous puissions profiter au maximum de ses bienfaits »[1].
Dans la vie du fidèle, il y a des moments, des périodes et des endroits où l’accomplissement de bonnes œuvres est plus opportun, a plus de mérite et plus agréable à Dieu. Le mois de Chaâbane fait partie de ces moments propices pour fortifier sa foi et se rapprocher de Dieu.
Le compagnon Oussama ibn Zaïd raconte : « Le Messager de Dieu (PSDL [2]) jeûnait certains jours d’affilés à tel point que nous pensions qu’il ne s’arrêtait jamais. Et il mangeait certains jours d’affilés à tel point qu’il ne jeûnait plus si ce n’est deux jours par semaine. Il les consacrait séparément au jeûne en dehors des périodes où il jeûnait. Il n’y a pas un mois où il se consacrait le plus au jeûne que pendant le mois de Chaâbane. Je lui posais la question à ce sujet : Cher Messager de Dieu! Tu te consacres au jeûne à tel point que tu ne le romps pratiquement plus. Et tu interromps le jeûne à tel point que tu ne t’y consacres presque plus, si ce n’est deux jours par semaine. (…) En effet, le lundi et le jeudi, les œuvres sont exposées au Seigneur de l’univers, et j’aime être en état de jeûne lorsque mes œuvres Lui sont exposées… Je ne te vois pas autant jeûner les autres mois que pendant celui de Chaâbane. Il m’ a répondu : C’est un mois qui se trouve entre Rajab et Ramadan que beaucoup de gens négligent. Un mois durant lequel les actes sont présentés à Dieu, et je veille à ce que mes actes soient présentés à Dieu alors que je suis en état en jeûne »[3].
Ce hadith nous informe au sujet de l’importance du jeûne chez le Prophète (PSDL) durant l’année et plus particulièrement pendant le mois de Chaâbane. Mais, le seul mois que le Prophète (PSDL) jeûnait en totalité est le mois du Ramadan. Le jeûne du mois de Chaâbane est un stage de préparation pour mieux accueillir le mois du repentir, de l’introspection et de la méditation. C’est un bon entraînement pour préparer son organisme et son esprit afin de vivre pleinement le mois du Coran, de la Miséricorde, de la fraternité et de l’amour en Dieu.
D’après Anas Ibn Malek : « Quand les compagnons du Prophète (PSDL) apercevaient le croissant du mois de Chaâbane, ils se penchaient sur la lecture du Coran. Les musulmans s’acquittaient de leur Zakat (l’aumône légale) pour que les pauvres et les nécessiteux puissent jeûner le mois du Ramadan dans de bonnes conditions. Les commerçants mettaient à jour la gestion de leur commerce. Et aussitôt qu’ils voyaient le croissant de lune du mois de Ramadan, ils se purifiaient et redoublaient d’efforts en terme d’adoration, de bonté et de générosité ».
C’est ainsi que les compagnons du Prophète (PSDL) déployaient les efforts nécessaires pendant le mois de Chaâbane et s’appliquaient sincèrement afin de mieux accueillir le mois du Ramadan.
Pour nous, dans notre contexte et au milieu de nos diverses préoccupations, comment profiter du mois de Chaâbane et préparer au mieux la venue du mois béni du Ramadan.
Quelques éléments de réponse :
• Demander à Dieu sincèrement de nous permettre de profiter de ces instants bénis afin que nous puissions goûter à la douceur de Sa présence et de Sa proximité.
• Se réconcilier avec Dieu et se repentir sincèrement de l’ensemble de nos maladresses.
• Jeûner, dans la mesure du possible, surtout la première moitié du mois de Chaâbane, en veillant particulièrement à ne pas rater les lundis et jeudis.
• Se pencher sur la lecture du Coran, le méditer et le goûter.
• Donner, aider et soutenir. Parmi les gages de véracité, le don est le plus concret et le plus quotidien.
• Persévérer et s’appliquer dans l’accomplissement de nos prières.
• Être présent Dieu, se souvenir de Lui et Le mentionner inlassablement (dhikr).
• Implorer le pardon de Dieu pour nos fautes, nos manquements et nos négligences.
• S’habituer à accomplir la prière nocturne, notamment le dernier tiers de la nuit. En effet, la prière la plus agréable à Dieu après la prière obligatoire et celle effectuée au cours de la nuit.
• Avoir la résolution sincère de corriger sa manière d’être et d’agir, de mieux se comporter et de réaliser une mutation éthique.
• Avoir bon cœur. Un cœur habité par l’amour de Dieu et de Son Messager n’en veut à personne. Supporter les coups durs, préserver les liens d’amour et de compassion et pardonner à ceux qui nous ont fait du tort.
• Enfin, avoir bonne intention et être sincère. Le fidèle connaît l’importance de l’intention, et sait qu’elle est le secret, le fondement et la quintessence de toute acte d’adoration.
Durant cette période bénie, chaque fidèle soucieux de sa complétude morale et de son accomplissement spirituel, doit faire tout son possible pour s’attirer la Miséricorde de Dieu, et ce, en répondant l’amour, la paix, le bien et en multipliant les œuvres pieuses. Sans oublier, bien entendu, d’être généreux et de partager avec ceux qui sont dans le besoin. Que nos bonnes actions ne soient rien d’autre que la conséquence immédiate de notre amour pour Dieu, pour Son Messager (PSDL) et pour les êtres.
[1] Rapporté par Ahmed et An-Nassaî.
[2] PSL : paix et salut de Dieu sur lui.
[3] Rapporté par l’Imam Ahmed, An-Nassaî et Abou Daoud.
Petite pensée du vendredi n° 12
Entretenir sa foi et la renouveler
Aujourd’hui, il est de plus en plus difficile d’être et d’agir. La foi du fidèle à tendance à s’affaiblir au milieu des préoccupations quotidiennes. « La foi, dit le Prophète (paix et salut de Dieu sur lui) s’use à l’intérieur du cœur comme s’use le tissu. Ainsi demandez à Dieu de renouveler la foi dans vos cœurs »[1].
Dans un autre hadith : « Renouvelez-donc votre foi ! Comment renouvelle-t-on notre foi ? demandèrent les compagnons. Le Prophète (paix et salut de Dieu sur lui ) a répondu : Répétez inlassablement cette formule : Il n’y a de Dieu que Dieu » [2].
La foi a besoin d’être entretenue et renouvelée, sinon elle amenée à baisser et ensuite à s’éteindre. Le compagnon Abou Darda’ disait : “ Le fidèle, conscient de ses responsabilités et soucieux de sa relation avec Dieu, entretient sa foi de manière régulière et l’examine pour savoir si elle augmente ou elle baisse ”. Porter la foi, vivre une spiritualité c’est s’engager et concrétiser cette foi par une action utile. Utile à soi, à sa famille, à sa société, à l’humanité toute entière.
Parmi les moyens qui permettent de renouveler sa foi et la consolider, il y a :
- La dynamique de groupe : Être bien entouré et vivre sa foi dans un environnement propice permet à la foi de s’épanouir et de se fortifier. La dynamique de groupe agit comme un catalyseur pour réaliser son ascension spirituelle. Le Le Prophète (paix et salut de Dieu sur lui) a dit : « Chacun a la même intensité de foi que son ami le plus intime. Choisissez donc vos amis avec soin » [3].
La prière, la récitation du Coran, l’apprentissage du savoir comme les autres disciplines de souvenance de Dieu, sont plus efficientes si elles s’accomplissent en groupe. La dynamique de groupe a une vertu particulière sur l’individu et son comportement. Ibn ‘Ata Allah Ai-Iskandari dit dans ses paroles de sagesse : “ Ne prends pas pour compagnon celui dont l’état (spirituel) ne te stimule pas et dont les paroles ne te montrent pas la voie de Dieu ”.
- L’effort dans la pratique : La foi relève certes d’une conviction profonde, elle obligatoirement être accompagnée d’un effort, d’une œuvre bonne. A chaque fois que la fois est citée dans le Coran, aussitôt l’obligation d’agir est rappelée. C’est dire que s’interroger sur sa foi c’est aussi s’interroger sur son engagement. L’effort dans la pratique est le témoignage sincère de la foi du fidèle.
L’imam Al-Hassan Al-Basri disait : “ La foi ce n’est pas une simple prétention, ni une vague parure mais c’est ce qui est enraciné dans le cœur et confirmé par les actes…”.
- L’examen de conscience : Le Prophète (paix et salut de Dieu sur lui) a dit : « Le fidèle clairvoyant est celui qui réalise constamment son examen de conscience et se prépare intensément à sa rencontre avec Dieu… »[4].
‘Omar ibn al-Khattab (DAS) a dit : « Jugez-vous vous-mêmes avant d’être jugés, et pesez vos œuvres avant qu’elles ne soient pesées, car votre Jugement de demain sera plus facile si vous faites aujourd’hui votre examen de conscience. Et préparez-vous pour le jour où vous vous présenterez devant Dieu et rien de vous ne sera caché ».
Réaliser son examen de conscience c’est être en perpétuelle réforme de son être, c’est aspirer à être meilleur moralement et spirituellement, en toute humilité ; meilleur Devant Dieu, humble devant les êtres humains.
[1] Rapporté par Al Hakem dans al-Mustadrak et At-Tabarani dans al-Mu’jam Al Kabir selon Abdullah ibn Al-‘Aç ; et qualifié de Bon par Al-Albani dans Al-Jami’ As-Sahih.
[2] Rapporté par l’imam Ahmed selon Abou Hourayra.
[3] Rapporté par Tirmidhi et Abou Daoud selon Abou Hourayra.
[4] Rapporté par Ahmed et Tirmidhi selon Chaddad ibn Aws.
المسلمون في الغرب واقع وآفاق
Cet article intitulé : » Musulmans d’Occident : réalités et perspectives » a été écrit, il y a plus de 10 ans. Je le republie aujourd’hui car il contient certaines idées qui sont toujours d’actualité.