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Le souci du Devenir après la mort

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Il nous a été donné la chance unique d’exister, à quoi allons-nous consacrer cette existence ?D’abord à quoi rime l’existence,la mienne, la tienne et celle de l’univers ?

Où et comment investir sa vie, son énergie, son temps, son avoir et son savoir pour un rendement optimum ? Mon capital-vie est un bien irremplaçable; une mauvaise gestion de celui-ci signifierait la banqueroute. Le Coran tient ce langage et représente la vie personnelle en termes d’investissement, de calculs, de rétribution et de faillite. Le pire d’entre les perdants est celui qui aurait perdu son âme en gaspillant sa vie dans l’insouciance du Devenir et son énergie en actes futiles. Ce discours de comptabilité parle aux préoccupations naturellement égoïstes de l’homme pour susciter en lui le souci suprême et la question primordiale du sens de sa vie.

Degré élémentaire de l’éveil spirituel, le souci du Devenir après la mort est un pas dans la bonne direction, un mouvement qui, entretenu par la méditation et les actes d’adoration, amènera l’homme à transcender l’habitude qui l’englue dans le train-train de la routine quotidienne et à s’arracher à l’ambiance familière et à l’accoutumance engourdissante.

Degré par degré, l’ascension spirituelle du fidèle ouvre devant lui des horizons insoupçonnés, sa vie prend une autre couleur, son action une autre importance, sa participation à l’œuvre commune et communautaire une autre signification. Sa vision de la vie et de la mort change, sa visée et ses aspirations animent une volonté renouvelée d’agir, d’abord en économe avisé conscient de l’importance de ses engagements, ensuite son action est vouée à Dieu sans calcul, en gratitude pure.

(…)

Le Coran nous renseigne avec force détails et tout au long de ses cent quatorze sourates sur la Vie Dernière, l’appel lancé à l’homme est précédé ou suivi du rappel de la condition humaine :

« L’homme ne voit-il donc pas que Nous l’avons créé d’une goutte de sperme, et le voilà qui devient un adversaire déclaré! Il cite pour Nous des exemples, oubliant qu’il n’est que simple créature. Il dit : ‘qui fera revivre des ossements désagrégés et tombés en poussière!’ Dis lui : ‘Celui-là les fera revivre Qui leur a donné vie la première fois. Il est de toute chose Connaissant ».[1]

Le Jour du Jugement Dernier est à redouter :

« Humains! Craignez votre Seigneur et redoutez un Jour où nul père ne pourra racheter son enfant, pas plus que nul enfant ne pourra racheter son père. La promesse de Dieu est vérité. Que la vie ici-bas ne vous trompe donc pas, que sur Dieu ne vous dupe
(Satan) le dupeur
 ».[2]

Ce Jour-là, l’homme s’y achemine sans le vouloir :

« Toi l’homme qui t’achemines inexorablement et dans la peine vers ton Seigneur! Tu Le rencontreras pour sûr. Alors, qui recevra son écrit (bilan de ses actes ici-bas) dans sa main droite celui-là la reddition de compte lui sera facilitée, il retournera vers les siens dans la joie. Qui recevra son écrit par derrière son dos (lamentablement), celui-là clamera sa détresse tandis qu’il brûlera dans l’enfer ardent. Celui-là avait été plein de soi-même (lors de son passage sur terre) parmi les siens, conjecturant qu’il n’y aura pas de retour à la vie. Mais si! »[3]

La fin du monde, celle de cette vie passagère sur terre, n’est le souci que de peu de gens en ces temps modernes. Occupés qu’ils sont à batailler pour leur subsistance au Sud ou pour leur superflu au Nord, les hommes n’ont pas le temps et surtout pas l’information pour s’occuper de l’après-mort.

Au Nord comme au Sud, ils ne sont pas informés sur l’inexorable fin qui attend le monde. C’est un symptôme maladif, une psychose que d’être hanté par la peur de la fin du monde
en ces temps modernes. Seuls les écologistes craignent pour le globe que les gaz à effet de serre n’asphyxient la vie et qu’une catastrophe nucléaire ne mette la terre hors d’état d’abriter la vie.

Le Coran parle de ce qui ressemble à un cataclysme cosmique qui mettra fin à la vie ici-bas, il parle surtout de l’après-cataclysme. Dieu qui a créé la vie et le cosmos qui abrite la vie, dévoile à qui veut croire parmi les hommes, ce qu’il en sera de la vie et des êtres vivants :

« J’en jure par le Jour de la résurrection. J’en jure par l’âme qui ne cesse de se blâmer. L’homme Nous croit-il incapable de rassembler ses ossements? Nous qui avons, pour sûr, le pouvoir de remettre à même de fonctionner jusqu’à ses phalanges. L’homme voudrait plutôt continuer à traiter de mensonge l’Information sur ce qui l’attend. Aussi demande-t-il, (sceptique), à quand le Jour de la résurrection? Ce Jour-là sera quand la vue sera éblouie, la lune éclipsée, le soleil et la lune réunis. Ce Jour-là l’homme dira : par où en réchapper, (…). Mais non! Vous aimez la vie hâtive (ici-bas) et oubliez la Vie Dernière. Il y aura ce Jour-là des visages éblouissants, vers leur Seigneur regardant. D’autres visages ce Jour-là seront assombris dans leur appréhension de la catastrophe »[4].

Extrait du livre Islamiser la modernité, du Cheikh Abdessalam Yassine (paix à son âme), éd. al-ofok impressions.

[1] Coran : Sourate Yassine (36), Versets 77 – 79.

[2] Coran : Sourate Loqman (31), Verset 33.

[3] Coran : Sourate Al inchiqaq (84), Versets 6 – 15.

[4] Coran : Al qiyama (75), Verset 1 – 25.

Le sens de la prière

Le Chemin de la Mecque (Muhammad Asad)

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Ces chameliers et âniers étaient de pauvres gens en guenilles, mais ils avaient des attitudes de grands seigneurs. Lorsqu’ils étaient assis ensemble sur le sol pour un repas se composant de galettes de pain avec un peu de fromage ou quelques olives, je ne pouvais m’empêcher d’admirer la noblesse et l’aisance de leur maintien ainsi qu’une expression de calme intérieur. Ils avaient du respect pour eux-mêmes et pour les choses quotidiennes de leur vie. Le hajji, qui clopinait à l’aide d’un bâton, (…) était pour eux une sorte de chef. Ils semblaient lui obéir sans discussion. Plusieurs fois par jour il les réunissait  pour la prière et, s’il ne pleuvait pas trop, ils priaient en plein air ; tous les hommes se mettaient sur un rang et lui-même devant eux était  leur imâm. Ils étaient comme des soldats dans la précision de leurs mouvements ; ils s’inclinaient ensemble dans la direction de la Mecque, se redressaient, puis s’agenouillaient et touchaient le sol de leur front. Ils paraissaient suivre les paroles inaudibles de leur chef qui, entre les prosternations, se tenait debout pieds nus sur son tapis de prière, les yeux fermés, les bras pliés sur sa poitrine. Remuant les lèvres en silence, il était manifestement plongé dans une profonde concentration et on pouvait voir qu’il priait de toute son âme.

J’étais un peu dérangé de voir une prière se combiner avec des mouvements presque mécaniques du corps et, un jour, je demandai au hajji, qui avait quelques notions d’anglais :

« Croyez-vous vraiment que Dieu attends de vous, pour Lui témoigner votre respect, ces mouvements d’inclinaison, d’agenouillement et de prosternation ? Ne serait-il pas préférable de regarder en soi-même et de Le prier dans le silence de son cœur ? Pourquoi tous ces mouvements du corps ? ».

Dès que j’eus exprimé ces paroles je m’en repentis, car je n’avais pas l’intention de blesser les sentiments religieux du vieil homme. Mais le hajji ne parut pas offensé du tout. Il sourit de sa bouche édentée et répondit :

« De quelle autre manière devrions-nous adorer Dieu ? N’a-t-Il pas créé l’âme aussi bien que le corps ? Les choses étant ainsi, l’homme ne doit-il pas prier avec son corps aussi bien qu’avec son âme ? Écoutez, je vais vous dire pourquoi nous, musulmans, prions comme vous nous voyez le faire. Nous nous tournons en direction de la Kaaba, le temple sacré de Dieu à la Mecque, sachant que les visages de tous les musulmans, en quelque lieu qu’ils se trouvent, sont tournés dans même direction pour la prière et que nous sommes tous comme un seul corps, avec Lui au centre de nos pensées. D’abord nous nous tenons debout et récitons des passages du saint Coran, nous souvenant que c’est là Sa Parole elle-même donnée à l’homme pour qu’il mène une vie juste et droite. Puis nous disons : « Dieu est le plus grand », nous rappelant à nous-mêmes que personne ne mérite d’être adoré en dehors de Lui. Nous nous inclinons profondément parce que nous L’honorons par-dessus tout et que louons Sa puissance et Sa gloire. Ensuite, nous nous prosternons avec nos fronts touchant terre parce que nous sentons que nous ne sommes que poussière et néant devant Lui, et qu’Il est notre Créateur et Protecteur suprême. Après quoi nous relevons nos visages et restons assis, priant pour qu’Il nous pardonne nos péchés, nous accorde Sa grâce, nous guide dans la voie droite et nous donne santé et subsistance. Et nous nous prosternons de nouveau et touchons la poussière avec nos fronts devant la puissance et la gloire de l’Unique. Alors nous restons assis et prions qu’Il bénisse le Prophète Muhammed (PSDL) qui nous a transmis Son message, comme Il a béni les Prophètes qui l’ont précédé, et qu’Il nous bénisse aussi ainsi que tous ceux qui suivent la voie droite. Et nous Lui demandons de nous accorder le bien de ce monde comme le bien du monde à venir. Enfin nous tournons la tête à droite, puis à gauche, disant : « La paix et la bénédiction de Dieu soient sur vous » ; ainsi nous saluons tous les justes, où qu’ils soient.

C’est ainsi que Le Prophète (PSDL) priait ; c’est ainsi également qu’il a enseigné la prière à ses disciples dans tous les temps, de manière qu’ils se soumettent volontairement à Dieu – ce qui est le sens du mot Islam – et qu’ils soient de la sorte en paix avec Lui de même qu’avec leur propre destinée. »

Évidemment le vieil homme ne prononça pas exactement ces paroles, mais c’était le sens de ce qu’il disait et c’est ainsi que je m’en souviens. Des années plus tars, j’ai compris que le hajji, par sa simple explication, avait ouvert pour moi la première porte menant à l’Islam. Cependant, bien avant que je commence à penser que l’Islam puisse un jour devenir ma propre foi, je fus pris d’un sentiment inusité d’humilité chaque fois que je vis, ce qui fut souvent le cas, un homme debout, pieds nus, sur son tapis de prière, sur une natte ou sur le sol découvert, les bras pliés sur la poitrine et la tête inclinée en avant, entièrement absorbé en lui-même, oubliant tout autour de lui, qu’il fût dans une mosquée, sur un trottoir ou dans une rue animée : un homme en paix avec lui-même.

Extrait du livre : Le Chemin de la Mecque,  Muhammad Asad, trad. Roger du Pasquier, éd. Fayard, 1976, pp. 85-87.

– غرر ودُرر من حكم يحيى بن معاذ الرازي – رحمه الله

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.من أشخص بقلبه إلى الله انفتحت ينابيع الحكمة في قلبه، وجرت على لسانه –

.مفاوز الدنيا تُقطع بالأقدام، ومفاوز الآخرة تُقطع بالقلوب –

.يا ابن آدم لا يزال دينك متمزقاً ما دام القلب بحب الدنيا متعلقاً –

.ألق حسن الظن على الخلق وسوء الظن على نفسك، لتكون من الأول في سلامة، ومن الآخر على الزيادة –

.الكيس من فيه ثلاث خصال : من بادر بعلمه، وتسوَّف بأمله، واستعد لأجله –

علامة من اتقى الله ثلاثة خصال : من آثر رضاه – يعني رضا الله على رضا نفسه-، وقارن تقاه، وخالف هواه 

.من صفة العارف جسم ناعم، وقلب هائم، وشوق دائم ، وذكر لازم –

.لو لم يكن للعارفين إلا هاتان النعمتان لكفاهم مِنة : متى رجعوا إليه وجدوه، ومتى ما شاءوا ذكروه –

 .من أقام قلبه عند الله سكن, ومن ارسله في الناس اضطرب –

.لا تستبطئ الإجابة وقد سددت طرقاتها بالذنوب –

.لا تطلب العلم رياء ولا تتركه حياء –

.ليكن حظ المؤمن منك ثلاثاً: إن لم تنفعه فلا تضره، وإن لم تفرحه فلا تغمه، وإن لم تمدحه فلا تذمه –

القلوب كالقدور في الصدور تغلي بما فيها، ومغارفها ألسنتها. فانتظر الرجل حتى يتكلم، فإن لسانه يغترف لما في قلبه، من بين حلو وحامض وعذب وأجاج. يخبرك عن طعم قلبه اغترافُ لسانه

.من كان قلبه مع الحسنات لم تضره السيئات، ومن كان مع السيئات لم تنفعه الحسنات –

.فكرتك في الدنيا تلهيك عن ربك وعن دينك، فكيف إذا باشرتها بجميع جوارحك –

.الدنيا لا قدر لها عند ربها وهي له، فما ينبغي أن يكون قدرها عندك وليست لك – 

.الدنيا خراب، وأخرب منها قلب من يعمرها، والآخرة دار عمران، وأعمر منها قلب من يطلبها –

 .- الجنة حبيبة المؤمن فكيف يبيعها منه بالبغيضة ؟ – يعني الدنيا –

.مسكين ابن آدم لو خاف النار كما يخاف الفقر دخل الجنة –

الناس ثلاثة : فرجل شغله معاده عن معاشه فتلك درجه الصالحين، ورجل شغله معاشه لمعاده فتلك درجة الفائزين، ورجل شغله معاشه عن معاده فتلك درجة الهالكين

.اترك الدنيا قبل أن تُترك، واسترض ربك قبل ملاقاته، واعمر بيتك الذي تسكنه قبل انتقالك إليه – يعني القبر –

الدنيا أميرُ من طلبها، وخادمُ من تركها، الدنيا طالبة ومطلوبة، فمن طلبها رفضته، ومن رفضها طلبته، الدنيا قنطرة الآخرة فاعبروها ولا تعمروها، ليس من العقل بنيان القصور على الجسور

.التائب يبكيه ذنبه، والزاهد تبكيه غربته، والصِّديق يبكيه خوف زوال الإيمان –

.ذنب أفتقر به إليه أحب إلي من طاعة أفتخر بها عليه –

.كيف أمتنع بالذنب من رجائك، ولا أراك تمتنع للذنب من عطائك –

الذي حجب الناس عن التوبة طول الأمل، وعلامة التائب إسبال الدمعة، وحب الخلوة، والمحاسبة للنفس عند كل همة

إلهي، ذنبي إلى نفسي فأنا معناه، وحبي لك هو لك فأنت معناه، والحب أعتقده لك طائعاً والذنب آتيه كارهاً، فهب كراهة ذنبي لطواعية حبي إنك أرحم الراحمين

إلهي، إن لم ترحمني رحمة الكرامة عليك، فارحمني رحمة الإيقاع إليك. إلهي، بكرمك غداً أصل إليك، كما بنعمتك دُلِلتُ اليوم علي

اللهم لا تجعلنا ممن يدعوا إليك بالأبدان ويهرب منك بالقلوب، يا أكرم الأشياء علينا لا تجعلنا أهون الأشياء عليك

المغبون يوم القيامة من فيه ثلاث خصال : من قرض أيامه بالبطالات، وبسط جوارحه على الحسرات، ومات قبل إفاقته من السكرات

La prière : clé de voûte pour être proche de Dieu

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Dieu dit : « En vérité, je suis Dieu et il n’y a pas d’autre divinité à part Moi.  Adore-Moi donc et accomplis la prière pour M’avoir présent en ton cœur »[1].

La prière est l’épine dorsale de la religion. Elle est  un temps de communication avec Dieu, un temps de dialogue et d’intimité avec le Tout Miséricordieux. La prière, a été instituée au Ciel lors de l’ascension nocturne du prophète (r). Toutes les autres adorations de l’islam ont été prescrites sur Terre. Cela montre la l’importance que doit accorder le fidèle, soucieux de son accomplissement spirituel, à la prière dans son cheminement. En effet, la prière est l’ascension spirituelle de chaque fidèle et le moyen qui lui permet de s’élever moralement et spirituellement pour accéder à la proximité de Dieu.

En réalité, la prière, si elle est accomplie avec présence et humilité, aura un effet bénéfique sur le comportement du fidèle. Quand le musulman se tourne sincèrement vers Dieu et se place devant Sa Majesté, il se détourne de tout le reste. La prière engendre chez lui, une ferveur de la foi, une conscience de Dieu à tel point qu’il maitrise ses passions, domine ses mauvais penchants et lutte efficacement contre les tentations. Dieu dit : « Certes, la prière préserve de l’indécence et des actes d’injustice »[2].

Il est intéressant de noter que le Coran interpelle en nous disant : « accomplissez la prière », c’est-à-dire édifiez-la, priez comme il se doit avec âme, amour et présence à Dieu dans l’humilité. Le Prophète (PSDL) donnait l’exemple de la présence et de l’intimité avec Dieu; le hadith authentique rapporte : « Le Prophète (PSDL) se réfugiait dans la Prière chaque fois qu’un événement grave survenait »[3]. Fuite vers Dieu pour se ressourcer et implorer Son soutien et Son assistance afin  d’affronter les problèmes avec courage et détermination et non une fuite devant les responsabilités ou une esquive des devoirs.

Dans un autre hadith, le Prophète (PSDL) disait à Bilal le muezzin (DAS) : « Ô Bilal, réconforte-nous par la prière »[4]. La prière, dialogue intime avec Dieu, était pour le Messager de Dieu (PSDL) un véritable apaisement face aux épreuves. Ainsi, à chaque épreuve, à chaque péril, à chaque moment de solitude, le musulman doit se tourner vers la prière pour retrouver la paix et la sérénité.

On demanda un jour à Hâtem Al-Açam, comment il accomplissait la prière. Il répondit :
« J’effectue les ablutions avec soin, puis je me rend au lieu de prière dans le recueillement. Je prononce le takbir avec vénération, je récite le Coran avec méditation, je m’incline avec révérence, je me prosterne humblement, je me représente le Paradis à ma droite, l’Enfer à ma gauche, As-sirâte sous mes pieds (As-sirâte, c’est le pont surplombant l’Enfer sur lequel tout le monde passera le jour du jugement), la Ka’aba face à moi, l’ange de la mort au dessus de ma tête, mes péchés autour de moi. Je considère que c’est ma dernière prière et je m’efforce d’y mettre la dévotion la plus sincère, puis je prononce la salutation finale en espérant que Dieu accepte ma prière … ».

[1]  Coran : S. 20, V. 13 – 14.

[2]  Coran : S. 29, V. 45

[3] Rapporté par Al-Boukhari selon Abou Hourayra (t).

[4]  Rapporté par Abou Daoud,  l’imam Ahmed et Tabarani et a été authentifié par Al-Albani.

Le Chemin de la Mecque (Muhammad Asad)

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Il y a treize siècles, un homme se leva et dit : « Je ne suis qu’un mortel; mais Celui qui a créé l’univers m’a ordonné de vous transmettre Son message. Afin que vous puissiez vivre en harmonie avec le plan de Sa création, il m’a enjoint de vous rappeler Son existence, Sa toute puissance et Son omniscience, et de placer devant vous un programme de comportement. Si vous acceptez ce rappel et ce programme, suivez-moi. » Ce fut l’essence de la mission prophétique de Muhammad (PSDL).

Le système social qu’il proposait avait la simplicité qui va de pair avec la réelle grandeur. Il partait de l’idée que les hommes sont des êtres biologiques doués de besoins biologiques et qu’ils sont conditionnés de telle sorte par leur Créateur qu’ils doivent vivre en groupes afin de satisfaire l’ensemble de leurs besoins physiques, moraux et intellectuels : en bref, ils sont dépendants les uns des autres. La continuité de la croissance spirituelle d’un individu (objectif fondamental de toute religion) dépend de la mesure dans laquelle il sera aidé, encouragé et protégé par les hommes vivant dans son entourage, lesquels, évidemment, attendent de lui une même coopération.

Cette interdépendance humaine a été la raison pour laquelle, dans l’Islam, la religion n’a pas pu être séparée de l’économie et de la politique. Ordonner en pratique les relations humaines de telle sorte que chaque individu rencontre le moins possible d’obstacles et le plus possible d’encouragements pour le développement de sa personnalité : cela, et rien d’autre, paraît être le concept que l’Islam se fait de la fonction véritable de la société. Il est donc naturel que le système énoncé par le Prophète Muhammad (PSDL) durant les vingt-trois années de son ministère se rapporte non seulement aux choses de l’esprit, mais offre également un cadre pour toutes les activités individuelles et sociales.

Il soutenait non seulement le principe de l’honnêteté individuelle, mais aussi celui de la société juste qu’une telle honnêteté devait susciter. Il définissait les contours d’une communauté politique – les contours seulement parce que les détails des besoins politiques de l’homme sont liés au temps et donc variables – de même que les grandes lignes des droits et devoirs individuels, dans lesquelles était prévu le fait de l’évolution historique.

Le code islamique embrassait la vie dans tous ses aspects, moraux et physiques, individuels et communautaires. Les problèmes de la chair et de l’esprit, du sexe et de l’économie avaient, à côté des problèmes théologiques et culturels, leur place légitime dans les enseignements du Prophète (PSDL) et rien de ce qui touchait à la vie ne semblait trop trivial pour entrer dans le domaine de la pensée religieuse, même pas des préoccupations aussi « mondaines » que le commerce, l’héritage ou les droits de propriété et de possession de la terre.

Toutes les clauses de la Loi islamique étaient conçues de manière à profiter également à tous les membres de la communauté, sans distinction de naissance, de race, de sexe ou d’une précédente appartenance sociale. Aucun bénéfice spécial n’était réservé au fondateur de la communauté ni à ses descendants. Haut et bas étaient, socialement parlant, des termes inexistants. Le concept de classe était également inexistant.

Tous les droits, devoirs et opportunités s’appliquaient également à tous ceux qui professaient la foi en l’Islam. Il n’était besoin d’aucun prêtre comme intermédiaire entre l’homme et Dieu, car Il sait ce qui est ouvert dans leurs mains devant eux et ce qu’ils cachent derrière leurs dos. Aucune allégeance n’était reconnue au-delà de l’allégeance due à Dieu et à Son Prophète (PSDL), à ses parents et à la communauté dont l’objectif était l’établissement du royaume de Dieu sur terre.

Et cela excluait ce genre d’allégeance qui dit : « Juste ou faux, c’est mon pays » ou « ma nation ». Pour éclairer ce principe, le Prophète (PSDL) releva fort explicitement en plusieurs occasions :    « Il n’est pas des nôtres, celui qui proclame la cause du particularisme tribal; il n’est pas des nôtres, celui qui lutte pour le particularisme tribal; et il n’est pas des nôtres, celui qui meurt pour le particularisme tribal ».

Avant l’Islam, toutes les organisations politiques, même celles qui reposaient sur une base théocratique ou semi-théocratique, avaient été limitées par les concepts étroits de tribu et d’homogénéité tribale. Ainsi les dieux-rois de l’ancienne Égypte ne pensaient à rien de ce qui dépassait l’horizon de la vallée du Nil et de ses habitants, et dans l’État théocratique des plus anciens Hébreux, alors que Dieu était supposé gouverner, c’était nécessairement le Dieu des enfants d’Israël.

En revanche, dans la structure de la pensée coranique, les considérations de descendance ou d’appartenance tribale n’avaient aucune place. L’Islam postulait une communauté politique se suffisant à elle-même et tranchant à travers les divisions conventionnelles de tribu et de race. A cet égard on peut dire que l’Islam et le Christianisme ont eu le même objectif : l’un et l’autre préconisaient une communauté internationale de peuples unis par leur adhésion à un même idéal.

Cependant, alors que le Christianisme s’était contenté de recommander moralement ce principe et, en conseillant à ses adhérents de donner à César ce qui lui était dû, avait limité son appel universel au niveau spirituel, l’Islam offrait au monde la vision d’une organisation politique dans laquelle la conscience de Dieu serait la source principale du comportement pratique de l’homme et la seule base de toutes les institutions sociales. De la sorte, accomplissant ce que le Christianisme avait laissé inaccompli, l’Islam inaugurait un chapitre nouveau du développement de l’homme : c’était le premier exemple d’une société idéologique ouverte contrastant avec les sociétés du passé fermées et limitées racialement ou géographiquement.

Le message de l’Islam envisageait et faisait naître une civilisation ne faisant pas de place au nationalisme, aux « intérêts particuliers », aux divisions de classe, à une Église, à un sacerdoce ou à une noblesse héréditaire; il n’y avait en fait  aucune fonction héréditaire du tout. L’objectif était l’établissement, vis-à-vis de Dieu, d’une théocratie et d’homme à homme, d’une démocratie.

Le caractère le plus important de cette nouvelle civilisation − caractère qui la plaçait tout à fait à part comparée à tous les autres mouvements de l’histoire humaine  était le fait qu’elle avait été conçue dans les termes, et qu’elle en résultait, d’un accord volontaire des peuples la composant. Ici, le progrès social n’était pas, comme dans toutes les autres communautés et civilisations connues dans l’histoire, l’effet des pressions et des contre-pressionsd’intérêts en conflits, mais il était partie intégrante de la  « constitution » originelle. En d’autres termes, un authentique contrat social est à la racine des choses, non en tant que figure de rhétorique formulée par les générations ultérieures de détenteurs du pouvoir pour défendre leurs privilèges, mais en tant que source véritable et historique de la civilisation islamique. 

Extrait du livre : Le Chemin de la Mecque,  Muhammad Asad, trad. Roger du Pasquier, éd. Fayard, 1976.chemin

Y a-t-il un moyen de se ressourcer pour se purifier l’âme ?

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Y a-t-il un moyen de se ressourcer pour se purifier l’âme ? Un moyen de respirer à pleins poumons un air frais, de sentir sur sa peau les rayons du soleil, d’inspirer le parfum d’un printemps de l’esprit, de prendre un bain de jouvence ? Pour ce faire, il faut quitter son nid d’araignées, il faut sortir de son cachot et rejeter les haillons sales de sa prison. Pour se ressourcer il faut aller à la source. L’eau stagnante des marécages n’a jamais éveillé une vocation de baigneur, la compagnie des caractères veules et dépravés ne peut affermir notre volonté de bien faire.

La source de vérité est le Coran, et ce livre qui a pris son départ en invitant le lecteur à ouvrir un Coran et à écouter la Parole de Dieu, prend congé en réitérant l’invitation. Une lecture attentive du Livre de Dieu éclairera nos pas si nous pousse à l’ouvrir une volonté de savoir et d’être, non une curiosité oiseuse.

La sourate al kahf conseille au Prophète de fréquenter une certaine qualité de personnes et de patienter en leur compagnie; entende qui voudra. « Fais taire ton impatience (en restant) avec ceux qui invoquent leur Seigneur matin et soir, aspirant à Sa Face. Que ton regard ne se détourne pas d’eux pour aller à la recherche du faux-brillant de la vie sur terre. N’obéis pas à celui dont Nous avons rendu le cœur imperméable à Notre Rappel, celui-là même qui ne suit que sa passion et dont le comportement est outrancier »[1].

Le Coran nous renvoie ainsi à la mosquée où on invoque le nom de Dieu et où le flux spirituel irrigue le cœur de qui sait patienter. Le Coran nous conseille instamment de rejeter la mauvaise compagnie, celle qui nous rattache et nous retient prisonniers des frivolités de la vie ici-bas : « Sachez que la vie ici-bas n’est que jeu, amusement frivole, vaine parure, rivalité d’orgueil entre vous, course à l’acquisition des richesses et des enfants. (La vie ici-bas est) semblable à une ondée : la végétation qu’elle fait pousser charme les cultivateurs, puis la végétation se fane et jaunit, puis la voilà devenue brindilles sèches »[2].

Le Coran nous invite à méditer la signification de notre existence sur terre et nous met en garde contre les tromperies sataniques qui menacent de piéger notre parcours. Il interpelle l’homme pour le faire se retourner sur lui-même et s’étonner de cette merveille de la création qu’est son être composé : « Toi, l’homme! Qu’est-ce qui t’abuse sur ton Seigneur Généreux qui t’a créé, puis modelé, puis ajusté et composé de la façon qu’Il a choisie? Cependant (malgré tout) vous traitez de mensonge (la Grande Information au sujet de) la résurrection »[3].

 

Extrait du livre Islamiser la modernité, du Cheikh Abdessalam Yassine, éd. al ofok impressions.

[1] Coran : sourate 18 (Al Kahf), verset 28.

[2] Coran : sourate 57 (Al Hadid), verset 20.

[3] Coran : sourate 82 (Al Infitar), verset 6 – 9.

Prenez le temps

Le temps c’est la vie. Notre capital-temps est le bien le plus précieux que nous possédons. Être conscient de la valeur du temps et l’exploiter pour mieux être et mieux agir est une exigence de la foi.

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Sénèque disait : « Notre temps nous est en partie dérobé, en partie subtilisé et ce qui reste se perd sans qu’on y prenne garde ».

Mieux gérer son temps c’est saisir le sens de son existence. Chaque instant qui passe nous rapproche davantage de notre rendez-vous  inéluctable avec Dieu. Le pire d’entre les perdants est celui ou celle qui aurait été insouciant vis-à-vis de son Devenir et qui aurait gaspillé sa vie dans des futilités.

Le Prophète (PSDL) a dit : « Il y a deux bienfaits que de nombreuses personnes n’apprécient guère à leur juste valeur et ne les utilisent pas à bon escient : la santé et le temps libre »[1].

Le temps du musulman – conscient de ses responsabilités – doit être comme un budget qu’il dépense de manière intelligente. S’il se montre négligent et insensible à la perte du temps en le gaspillant à tort et à travers, il participe à sa propre perte par cette attitude irresponsable.

Prenez le temps :

  • Prenez le temps de choisir vos amis, de fréquenter les meilleurs moralement et spirituellement, c’est le secret pour approfondir sa foi et l’intensifier. Le Prophète (r) a dit :   « Chacun a la même intensité de foi que son ami le plus intime. Choisissez donc vos amis avec soin »[2].
  • Prenez le temps d’évoquer Dieu, c’est le meilleur moyen pour apaiser son cœur. « N’est-ce point par l’évocation de Dieu que s’apaisent les cœurs ? »[3].
  • Prenez le temps de lire, c’est la clé du savoir. Prenez le temps de vous former, c’est la voie pour se réformer.
  • Prenez le temps de lire le Coran, le méditer et le goûter, c’est le festin spirituel auquel Dieu invite les êtres humains.
  • Prenez le temps d’agir, de persévérer et de déployer les efforts nécessaires, c’est la voie de la réussite. Mais prenez surtout le temps de réfléchir, d’élaborer une stratégie d’actions avant d’agir.
  • Prenez le temps de donner et de partager. Parmi les témoignages de la sincérité de la foi, le don est le plus concret et le plus quotidien.
  • Prenez le temps d’aimer uniquement pour l’amour de Dieu, ainsi que d’être aimé, c’est une grâce de Dieu.
  • Prenez le temps de prier, c’est le moyen privilégié pour dialoguer avec Dieu, développer son intimité avec Lui et goûter la douceur de la foi.

[1] Rapporté par Al-Boukhari selon Ibn Abbas (t).

[2] Rapporté par l’imam Ahmed, Tirmidhi, Al-Bayhaqi et Al-Hakem selon Abou Hourayra (t).

[3] Coran : S. 13, V. 28.

 

La première décade de Dhoul-Hijja, moment propice pour fortifier sa foi

dhoul hijja

Dans la vie du fidèle, il y a des moments, plus importants que d’autres, où l’accomplissement de bonnes œuvres est plus agréable à Dieu. Ces périodes sont plus propices pour évoluer dans sa relation avec Dieu et réaliser son ascension spirituelle. Parmi ces moments la première décade  de Dhoul-Hijja.

Dieu a juré dans le Coran : «  par l’aube et par les dix jours »[1]. Ibn Abbas (t) a dit que les dix jours concernés sont les premiers jours de Dhoul-Hijja.

 Le Messager de Dieu (r) a dit  : « Il n’y a pas de jours plus agréables à  Dieu – exalté soit-Il – et au cours desquels les œuvres sont plus aimées de Lui, que durant ces 10 jours (c’est-à-dire les dix premiers jours de dhoul-hajja) »[2].

 Caractéristiques de cette première décade de Dhoul-Hijja :

  1. Dieu a juré par ces dix jours, cela montre l’importance qu’ils revêtent auprès de Lui.
  2. Le Messager de Dieu (r) a certifié, dans le hadith authentique cité plus haut, que la première décade de Dhoul-Hijja permettait au fidèle de fortifier sa relation à Dieu et accéder à Son amour et Sa proximité.
  3. Le Messager de Dieu (r) a fortement conseillé aux fidèles soucieux de leurs plénitudes morales et leurs accomplissements spirituels de se surpasser en termes de bonté, de générosité et d’accomplissement d’œuvres bonnes car le moment est précieux et sacré.
  4. Le Messager de Dieu (r) a recommandé aux fidèles de multiplier le dikr, la souvenance de Dieu. Le Messager de Dieu (BSDL) a dit : « il n’y a pas de jours meilleurs et plus agréables à Dieu que ces dix jours de Doul Hijja. L’accomplissement de bonnes œuvres est plus agréables à Dieu, alors souvenez vous de Dieu inlassablement, en répétant, en faisant d’avantage de « tahlil » (dire « la ilaha illal-lah »), de « takbir » (dire « allahou akbar ») et de « tahmid » (dire « al-hamdou lil-lah ») »[3].
  1. Le jour de Arafat fait partie de ses dix jours, et ce jour est important dans la vie du fidèle   car :
  • C’est le jour où Dieu a parachevé la religion, la foi du fidèle. Al-Boukhari et Moslim rapporte Une personne de confession juive a dit à Omar ibn Khattab : « Un verset que vous lisez dans votre Coran, s’il avait été révélé à nous communauté juive nous allions le célébrer comme fête ». Omar lui dit : « Quel verset », il a répondu : « Aujourd’hui, J’ai parachevé pour vous votre religion, et accompli sur vous Mon bienfait. Et j’agréé l’Islam comme religion pour vous »[4]. Omar a dit : « Nous connaissons le jour et l’endroit où ce verset a été révélé. Il a été descendu sur le Messager (BSDL) alors qu’il était sur le Mont de Arafat en train de faire son discours »[5].
  • Dieu a juré par ce jour d’Arafat : « Par le ciel aux constellations et par le jour promis ! Par le jour témoin et par le jour solennel »[6]. Dans un hadith, le Messager de Dieu (r) a dit : « le jour promis c’est le jour du jugement dernier, le jour témoin c’est le jour du vendredi et le jour solennel c’est le jour de Arafat »[7].
  • Jeûner le jour de Arafat absout les péchés de l’année passée et celle qui est en cours. Le Messager de Dieu (r) a dit à propos du jour de ‘Arafat : « Il absous les péchés de l’an passé et de l’année en cours »[8].
  • C’est le jour où Dieu a fait un pacte avec la descendance d’Adam afin de l’adorer sincèrement et ne rien Lui associer. Dieu dit : « Et quand ton Seigneur tira une descendance des reins des fils d’Adam et les fit témoigner sur eux-mêmes : “ Ne suis-Je pas votre Seigneur ? ” Ils répondirent : « Mais si, nous en témoignons… » – afin que vous ne disiez point, au Jour de la Résurrection : « Vraiment, nous n’y avons pas fait attention », ou que vous auriez dit (tout simplement) : « Nos ancêtres autrefois associaient à Dieu d’autres divinités, et nous sommes leurs descendants. Vas-tu nous détruire pour ce qu’ont fait les imposteurs ? »[9].
  • Pendant le jour de Arafat, Dieu accorde Sa Miséricorde, Son salut et Son pardon à sa Ses adorateurs et en prenant à témoin Ses anges.
  • Le Diable pendant le jour de Arafat se sent plus petit, plus humilié.
  1. Le dixième jour de Dhoul-Hijja, c’est la fête du sacrifice, le jour du grand pèlerinage car la majorité des actes de pèlerinage s’accomplissent durant ce jour. Le Messager (r) a dit : « Les jours les plus importants aux yeux d’Allah, exalté soit-il, sont : le jour du sacrifice et le jour du Qarr » Le jour du Qarr étant le jour de repos à Mina, à savoir le onzième de Dhul-Hijja »[10]. Ibn al-Qayyim a dit : « Le meilleur jour aux yeux de Dieu est le jour du sacrifice, et il s’agit là du jour du grand pèlerinage ».

2

  Les actions recommandées durant cette décade :

  1. Le jeûne : Les savant disent qu’il est recommandé durant ces neufs premiers jours de Dhoul-Hijja. Le jeûne constitue, sans doute, l’une des actions les plus agréables à Dieu, Dans le hadith divin « Qoudsi » : « Le jeûne m’appartient, et c’est Moi qui en donne la rétribution. Il (le jeûneur) délaisse, en effet, pour Moi, sa passion, sa nourriture et sa boisson »[11].

Le Messager de Dieu (r) a dit : « Chaque fois que quelqu’un jeûne un jour par amour de Dieu, Dieu éloigne grâce à ce jour son visage du feu de l’Enfer d’une distance égale à ce qu’on parcourt en soixante-dix ans »[12].

Certaines femmes du Messager de Dieu (r) rapportent : « Le Messager de Dieu (BSDL) jeûnait les 9 (premiers) jours de Dhoul-Hijja, le jour d’Achoura, et trois jours par mois »[13].

  1. Le dhikr : Faire le « takbir » et invoquer Dieu abondamment durant ces jours. Dieu dit : « … et pour invoquer le nom de Dieu aux jours bien déterminés … »[14]. Ibn Abbas a dit : Les « jours bien déterminés » évoqués par le verset sont les dix premiers jours de dhoul-hijja. C’est pour cette raison que les savants jugent recommandé le fait d’invoquer Dieu en abondance durant ces jours, et conformément au hadith : « Pendant ces jours, faites le « tahlil »(dire « la ilaha illal-lah »), le « takbir » (dire « allahou akbar ») et le « tahmid » (dire « al-hamdou lil-lah ») en abondance »[15].
  2. Multiplier les bonnes actions : elles constituent l’un des meilleurs moyens de se rapprocher de Dieu et mériter Son amour. Dans le hadith Qoudsi, le Messager de Dieu (r) dit, en attribuant ces paroles à Dieu : « (…) Mon adorateur s’il persévère dans les actes surérogatoires, finira par mériter Mon amour. Quand je l’aurai aimé, Je deviendrai son ouïe avec laquelle il entend, sa puissance de vision avec laquelle il perçoit le monde, sa main avec laquelle il agit et son pied avec lequel il marche. S’il M’invoque Je lui répondrai, s’il se réfugie en Moi, Je serai don Protecteur »[16].
  3. Le retour à Dieu, la réconciliation avec Dieu. Le fidèle est tenu d’accomplir ce retour à Dieu durant tous les instants de sa vie et plus particulièrement durant les périodes sacrées. « Et revenez tous à Dieu, ô fidèle, afin que vous atteindrez certainement la réussite »[17].
  4. Le Hajj et la Omra, le Messager de Dieu (r)a dit : « Accomplir la Omra efface les péchés entre cette Omra et celle qui arrive, et un Hajj agréé (de Dieu) n’a d’autre récompense que le paradis »[18].
  5. Honorer son pacte avec Dieu en respectant ses engagements vis-à-vis de Dieu, en l’adorant sincèrement, en restant fidèles à Son corps de principe.
  6. Honorer le sacrifice d’Abraham.

 

[1]  Coran : S. 89, V. 1-2

[2]  Rapporté par Al-Boukhari selon Ibn Abbas (t).

[3]  Rapporté par l’imam Ahmed rapporte selon Abdullah ibn Omar (t)

[4]  Coran : S. 5, V. 3.

[5] Rapporté par Al-Boukhari et Moslim selon Tareq Ibn Chihabe (r).

[6]  Coran : S. 85, V. 1-3.

[7] Rapporté par Tirmidhi et authentifié par Albani selon Abou Hourayra (t),

[8]  Rapporté par Moslim selon Qatada (t).

[9] Coran : S. 7, V. 172-173.

[10] Rapporté par l’imam Ahmed, Abou Dawoud et Al Hakem, authentifié par Albani.

[11] Rapporté par Moslim selon Abou Hourayra (t).

[12] Unanimement reconnu authentique, rapporté selon Sa’id al-Khoudri (t).

[13] Rapporté par l’imam Ahmad, Abû Dâwûd et An-Nassâ’î selon Houneyda Ibn Khaled (t).

[14]  Coran : S. 22, V. 28.

[15]  Rapporté par l’imam Ahmed selon Ibn Omar (t).

[16]  Rapporté par Al-Boukhari selon Anas (t).

[17] Coran : S. 24, V. 31.

[18] Rapporté par Al-Boukhari et Moslim selon Abou Hourayra (t).

Supplication d’Ibn ‘Atâ Allah As-Sakandari (2)

Douâ 4

! إِلهِي، ما أَلْطَفَكَ بِي مَعَ عَظِيمِ جَهْلِي، وَما أَرْحَمَكَ بِي مَعَ قَبِيحِ فِعْلِي

Seigneur, combien est grande Ta Bienveillance envers moi, malgré mon ignorance. Combien est immense Ta Miséricorde envers moi, malgré la vilenie de mes actes.

! إِلهِي، ما أَقْرَبَكَ مِنِّي وَما أَبْعَدَنِي عَنْكَ

Seigneur, Tu es très proche de moi et je suis si loin de Toi.

إِلهِي، ما أَرْأَفَكَ بِي، فَما الَّذِي يَحْجُبُنِي عَنْكَ ؟

Seigneur, combien est grande Ta Compassion pour moi, mais quel est donc ce voile qui me sépare de Toi ?

.إِلهِي، قًدْ عَلِمْتُ بِاخْتِلافِ الآثارِ وَتَنَقُّلاتِ الأطْوارِ، أَنَّ مُرادَكَ مِنِّي أَنْ تَتَعَرَّفَ إِلَيَّ فِي كُلِّ شَيءٍ حَتَّى لا أَجْهَلَكَ فِي شَيءٍ

Seigneur, au gré de la diversité des incidences et des aléas de l’existence, j’ai compris que Ton but était de Te faire connaître à moi en toute chose, afin que je ne T’ignore en aucune chose.

.إِلهِي، كُلَّما أَخْرَسَنِي لُؤْمِي أَنْطَقَنِي كَرَمُكَ. وَكُلَّما آيَسَتْنِي أَوْصافِي أَطْمَعَتْني مِنَنُكَ

Seigneur, chaque fois que ma vilenie m’a fait taire, Ta Générosité m’a rendu la parole. Chaque fois que ma condition m’a désespéré, Ta bonté  m’a rendu k’espérance.

(…) 

.إِلهِي، حُكْمُكَ النَّافِذُ وَمَشِيئَتُكَ القاهِرَةُ لَمْ يَتْرُكا لِذِي مَقالٍ مَقالاً، وَلا لِذِي حالٍ حالاً

Seigneur, Ton décret exécutoire et Ta volonté inexorable n’épargnent ni le verbe de l’éloquent ni la verve de l’inspiré.

 ! إِلهِي، كَمْ مِنْ طاعَةٍ بنَيْتُها وَحالَةٍ شَيَّدْتُها هَدَمَ اعْتِمادِي عَلَيْها عَدْلُكَ، بَلْ أَقالَنِي مِنْها فَضْلُكَ

Seigneur, combien de dévotions j’ai édifiées, combien de stations j’ai établies, puis Ta justice a anéanti ma confiance en elles ; bien plus encore, ta bonté m’en a sauvé.

.إِلهِي، إِنَّكَ تَعْلَمُ أَنِّي وَإِنْ لَمْ تَدُمِ الطَّاعَةُ مِنِّي فِعْلاً جَزْما، فَقَدْ دامَتْ مَحَبَّةً وَعَزْما

Seigneur, Tu sais que même si mon adoration n’a pas été accomplie comme il se doit et de manière constante. Elle l’était  avec amour et détermination.

(…) 

.إِلهِي، عَمِيَتْ عَيْنٌ لا تَراكَ عَلَيْها رَقِيباً. وَخَسِرَتْ صَفْقَةُ عَبْدٍ لَمْ تَجْعَلَ لَهُ مِنْ حُبِّكَ نَصِيبا

Seigneur, les yeux qui ne voient pas que Tu les observes sont aveugles. La transaction de celui que Tu n’a pas comblé de Ton amour est en faillite.

.إِلهِي، هذا ذُلِّي ظاهِرٌ بَيْنَ يَدَيْكَ، وَهذا حالِي لا يَخْفى عَلَيْكَ، مِنْكَ أَطْلُبُ الوُصُولَ إِلَيْكَ، وَبِكَ أَسْتَدِلُّ عَلَيْكَ

Seigneur, mon humilité est telle qu’elle apparaît devant Toi, et ma situation ne T’en échappe pas. De Ta part, j’implore Ta proximité, et par Ta Miséricorde, je Te demande de me montrer le chemin menant à Toi. Guide-moi, par Ta lumière et permets-moi de T’adorer sincèrement.

.إِلهِي، عَلِّمْنِي مِنْ عِلْمِكَ المَخْزُونِ، وَصُنِّي بِسِرِّ اسْمِكَ المَصُونِ

Seigneur, apprends-moi de Ton savoir caché et protège-moi par Ton Nom secret.

.إِلهِي، حَقِّقْنِي بِحَقائِقِ أَهْلِ القُرْبِ. وَاسْلُكَ بِي مَسَالِكَ أَهْلِ الجَذْبِ

Seigneur, permet-moi de d’atteindre le degré de spiritualité des rapprochés et conduis-moi dans le chemin de Tes bien-aimés.

.إِلهِي، أَغْنِنِي بِتَدْبِيرِكَ لِي عَنْ تَدْبِيرِي، وَبِاخْتِيارِكَ عَنْ اخْتِيارِي. وَأوْقِفْنِي عَلى مَراكِزِ اضْطِرارِي

Seigneur, dispense-moi par Ton discernement, d’avoir à élaborer des plans, et par Tes choix, d’avoir à choisir. Permets-moi d’avoir toujours à Te solliciter et Te supplier.

إِلهِي، أَخْرِجْنِي مِنْ ذُلِّ نَفْسِي وَطَهِّرْنِي مِنْ شَكِّي وَشِرْكِي قَبْلَ حُلُولِ رَمْسِي، بِكَ أَنْتَصِرُ فَانْصُرْنِي، وَعَلَيْكَ أَتَوَكَّلُ فَلا تَكِلْنِي، وَإِيَّاكَ أَسْأَلُ فَلا تُخَيِّبْنِي، وَفِي فَضْلِكَ أَرْغَبُ فَلا تَحْرِمْنِي، وَبِجَنابِكَ أَنْتَسِبُ فَلا تُبْعِدْنِي، وَبِبابِكَ أَقِفُ فَلا تَطْرُدْنِي

Seigneur, affranchis-moi de la vilenie de mon âme, purifie-moi de ma suspicion et de mon impureté, avant que ma mort ne survienne. J’implore Ton secours; secours-moi. Je m’abandonne à Ta volonté; ne me livre pas à moi-même. Je t’invoque; exauce mes vœux. J’espère en Ta Bonté, ne m’en prive pas. J’aspire à Ta proximité, ne m’en éloigne pas. Je frappe à Ta porte, ne me repousse pas.

(…) 

إِلَهي اطْلُبْنِي بِرَحْمَتِكَ حَتَّى أَصِلَ إٍلَيْك وَاجْذبني بِمِنَنِك حتى أُقْبِلَ عليك

Seigneur, appelle-moi par Ta Miséricorde, afin que chemine vers Toi. Et attire-moi par Ton amour afin que je me rapproche de Toi.

Source : Al hikam , Sagesses Épîtres et les Apartés : Ibn ‘Atâ Allah As-Sakandari, édition Tawhid, 2009. Mais certaines traductions ont été changées et revues par mes soins.

Être musulman

rupture jeune

Que signifie être musulman aujourd’hui ? Comment goûter la douceur de la foi ? Comment vivre sa foi sereinement, sans complexe ni crispation ? Comment ne pas se contenter d’une pratique superficielle de l’islam ? Comment ne pas être, seulement, un musulman dans la forme ?  Le fait d’être né dans une famille musulmane ou le fait de porter un nom à consonance musulmane, ne fait pas de l’individu un candidat valable pour porter les valeurs de l’islam.

Être musulman, c’est d’abord un appel du cœur. Le cœur, touché par la Grâce de Dieu,  répond favorablement à Son appel et fait le premier pas vers Dieu. Dieu dit : « Celui ou celle dont le cœur a été ouvert par Dieu à l’islam reçoit ainsi une lumière de Son Seigneur »[1]. Le cœur s’ouvre et reçoit, de la part de Dieu,  un flot d’amour et de Miséricorde qui rejaillit sur le comportement du fidèle.

 Dieu dit : « Ô vous qui croyez ! Répondez à Dieu et au Messager lorsqu’il vous appelle à ce qui vous donne la (vraie) vie »[2]. Être musulman c’est répondre à cet appel divin qui donne vie, qui émancipe moralement et spirituellement et qui libère. Être musulman c’est être soucieux de son devenir, c’est tisser des liens intimes avec le Créateur pour mieux servir les créatures. C’est relever, à la lumière de la spiritualité, le défi de l’amour, amour de Dieu, amour des êtres. « Nul d’entre vous, disait le Prophète (PSDL), ne goûtera vraiment la douceur de la foi tant qu’il n’aime pas pour son prochain ce qu’il aime pour lui-même »[3]. Être musulman c’est être profondément humain dans un monde qui se déshumanise de plus en plus, en posant la question du sens, de la spiritualité et de la dignité humaine.

Mieux comprendre l’islam

Souvent, nous nous confrontons à une vision sommaire de l’islam, à une ignorance affligeante de ce que c’est que d’être musulman. Mieux comprendre l’islam,  c’est connaître ses finalités, sa vocation de paix et de justice. Il s’agit d’une compréhension imprégnée de miséricorde et de douceur, et en aucun cas, d’une lecture sclérosée, parcellisée de l’islam qui rebute les gens ou les met dans la gêne et la contrainte.

Pour beaucoup, le monde merveilleux de l’islam se résume à une législation restrictive qui se réduirait au halal, haram. Un ensemble de contraintes, un Islam pure et dure serait la vraie pratique et la vraie piété. Alors que paradoxalement, lorsque nous nous laissons imprégner par la personnalité du Prophète (PSDL). Nous sommes face à une miséricorde exceptionnelle, une bonté face aux épreuves des proches, de la société et des infidèles. Il n’a aucunement répondu par la sévérité ou la démesure, mais au contraire par la patience, l’intelligence et la sagesse. Le Prophète (PSDL) dit : « L’islam religion est aisance et facilité. Celui qui cherche à rivaliser de force avec la religion sera vaincu. Suivez plutôt la voie sage du juste milieu, rapprochez-vous en douceur de la perfection et soyez optimistes … »[4].

Donc il est indispensable de se former, pour mieux comprendre et réformer son être en imitant sincèrement le modèle (PSDL). Être musulman ne consiste pas à s’isoler et à adopter une attitude de rejet vis-à-vis de la société. Être plus proche de Dieu, c’est vivre parmi les hommes et non se mettre à la marge de la société.

La foi et l’effort dans la pratique

Etre musulman c’est vivre une foi, c’est vivre une spiritualité. Une foi sincère enraciné dans le cœur, qui se fortifie et s’entretient par l’effort dans la pratique et qui se manifeste par un bon comportement. Vivre une spiritualité c’est préserver sa foi, l’intensifier et la renforcer. L’humain a tendance à oublier Dieu, à s’oublier, la spiritualité et le moyen le plus efficace pour lutter contre cet oubli et cette insouciance.

La foi relève certes, d’une conviction profonde, mais elle doit s’accompagner nécessairement d’un effort, d’une action. Dans le Coran, à chaque fois que la foi est évoquée, elle appelle automatiquement le bel agir : « Ceux qui ont la foi et font bonnes œuvres ». Ainsi,  L’action du fidèle doit porter la marque de la foi, donc de la spiritualité, de la bonté et de l’humilité, jamais de l’arrogance.

Agir avec conscience

 Selon Soufiane ibn ‘Abdoullah (DAS) : J’ai demandé au Messager de Dieu (PSDL) :                     « Enseigne-moi une parole en matière d’islam, qui me dispense d’interroger un autre que toi ».  Il m’a  répondu : « Dis : Je crois en Dieu. Puis, agis avec conscience »[5].

Être musulman c’est agir avec conscience en fonction des contraintes, des épreuves et des difficultés … Car la vie est une épreuve et la foi du fidèle risque d’être mise à l’épreuve. Être musulman c’est assumer ses responsabilités, c’est faire face aux épreuves de manière responsable et apaisée.  C’est honorer ses engagements envers Dieu et persévérer dans Sa voie.

Témoigner de sa foi

Témoigner, pour le fidèle, c’est porter un message et rayonner de ses valeurs. Un message dont il faut devenir le meilleur des modèles, afin d’être devant les hommes, un signe, un rappel, jamais une contrainte.

Témoigner de sa foi, c’est être présent sur le terrain, s’exprimer et expliquer la foi musulmane, sa vocation de paix et de justice. C’est également, avoir un discours clair et précis, oser dénoncer les injustices et se démarquer de toutes les lectures et de toutes les actions qui légitiment la violence.

[1] Coran : S. 39, V. 22.

[2] Coran : S. 8, V. 24.

[3] Hadith unanimement reconnu authentique, rapporté selon Anas (t).

[4] Rapporté par Al-Boukhari selon Abou Hourayra (t).

[5] Rapporté par Moslim.