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Nouvelle année, nouvelle hégire…

Le début d’une nouvelle année est naturellement lié à l’évocation de l’hégire – l’émigration des musulmans de La Mecque vers Médine – : le calife ‘Umar choisit la date de cet événement (622), pour désigner l’an 1 du calendrier musulman.

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L’hégire était devenue une obligation : les musulmans avaient reçu l’ordre de quitter La Mecque pour Médine. Des années plus tard, le Prophète (PSDL) revint victorieux vers sa patrie d’origine, où son geste le plus fort fut de détrôner et de briser les idoles, contraires au culte monothéiste.

Le Prophète Muhammad (PSDL) annonça qu’il n’était plus désormais nécessaire d’accomplir cet exil, La Mecque ayant été libérée. « Pas d’émigration (hijra) après la conquête », dit-il très clairement.

Bien entendu, l’Islam a préservé le principe qui dicte aux croyants la possibilité ou l’obligation de quitter un lieu, s’ils sont empêchés d’y pratiquer leur foi. Encore faut-il qu’ils puissent se rendre sous d’autres latitudes où la liberté de culte leur serait garantie. Aujourd’hui, les grandes capitales du monde arabe comme du monde occidental ne sont pas épargnées par la vague des mauvaises influences et de la corruption qui se répand à travers les mœurs environnantes, les médias et les réseaux sociaux. Fuir le mal, préserver sa foi, éduquer sa maisonnée dans le respect des valeurs de l’Islam est un combat qui, désormais, dépasse largement le découpage géographique de nos pays.

C’est un combat que chacun doit d’abord réaliser en lui-même : s’il faut franchir une frontière, c’est bien celle qui se situe au plus profond de chacun d’entre nous, entre le bien et le mal qui nous habitent.

Voilà un sens de l’hégire dont le Prophète lui-même (PSDL) nous a parlé, en disant :         « L’émigrant (al-muhâjiru), c’est celui qui quitte (hajara) ce que Dieu a interdit ».  Que l’évocation de l’hégire, à la venue de la nouvelle année, soit donc pour chacun d’entre nous l’occasion de prendre les meilleures résolutions :

  • Combien de distractions futiles et souvent illicites nous empêchent, à longueur d’année, de tourner notre cœur vers Dieu ? Il faut orienter à nouveau nos âmes vers le Créateur Suprême, avec l’intention louable de lui consacrer une adoration sincère, en L’aimant de tout notre cœur.
  • Combien de fois, entre la volonté de Dieu, qui commande ou interdit, et notre désir, qui nous entraîne à enfreindre les limites que le Seigneur nous impose, nous sommes-nous laissés dominer par notre passion ? Combien de fois faisons-nous passer notre volonté avant celle de notre Créateur ? Telle est l’épreuve à laquelle Dieu nous soumet : celui qui en sort vainqueur, c’est celui qui fuit ce que Dieu a interdit.

Réaliser un monothéisme sincère, et réformer son comportement moral, cela se fait d’abord à l’intérieur de chacun d’entre nous, quel que soit le pays où nous vivons. Le problème, ce n’est pas les autres d’abord, c’est d’abord nous-mêmes. A cela s’ajoute certes le fait de nous déterminer à fuir les mauvaises fréquentations, comme les mauvais milieux…

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Le principe de l’hégire, ainsi compris, doit rester bien vivant dans la conscience du musulman. S’il échoue, il est un étranger, où qu’il se trouve ; s’il gagne, il est partout chez lui. En tous les cas, le royaume promis ne lui sera donné qu’après l’exil qui consiste à fuir le mal. Telle est l’une des leçons de l’hégire. Sommes-nous prêts à la retenir ?

Par Hani Ramadan

Bulletin du Centre Islamique de Genève – N° 62

La première décade de Dhoul-Hijja, moment propice pour fortifier sa foi

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Dans la vie du fidèle, il y a des moments, plus importants que d’autres, où l’accomplissement de bonnes œuvres est plus agréable à Dieu. Ces périodes sont plus propices pour évoluer dans sa relation avec Dieu et réaliser son ascension spirituelle. Parmi ces moments la première décade  de Dhoul-Hijja.

Dieu a juré dans le Coran : «  par l’aube et par les dix jours »[1]. Ibn Abbas (t) a dit que les dix jours concernés sont les premiers jours de Dhoul-Hijja.

 Le Messager de Dieu (r) a dit  : « Il n’y a pas de jours plus agréables à  Dieu – exalté soit-Il – et au cours desquels les œuvres sont plus aimées de Lui, que durant ces 10 jours (c’est-à-dire les dix premiers jours de dhoul-hajja) »[2].

 Caractéristiques de cette première décade de Dhoul-Hijja :

  1. Dieu a juré par ces dix jours, cela montre l’importance qu’ils revêtent auprès de Lui.
  2. Le Messager de Dieu (r) a certifié, dans le hadith authentique cité plus haut, que la première décade de Dhoul-Hijja permettait au fidèle de fortifier sa relation à Dieu et accéder à Son amour et Sa proximité.
  3. Le Messager de Dieu (r) a fortement conseillé aux fidèles soucieux de leurs plénitudes morales et leurs accomplissements spirituels de se surpasser en termes de bonté, de générosité et d’accomplissement d’œuvres bonnes car le moment est précieux et sacré.
  4. Le Messager de Dieu (r) a recommandé aux fidèles de multiplier le dikr, la souvenance de Dieu. Le Messager de Dieu (BSDL) a dit : « il n’y a pas de jours meilleurs et plus agréables à Dieu que ces dix jours de Doul Hijja. L’accomplissement de bonnes œuvres est plus agréables à Dieu, alors souvenez vous de Dieu inlassablement, en répétant, en faisant d’avantage de « tahlil » (dire « la ilaha illal-lah »), de « takbir » (dire « allahou akbar ») et de « tahmid » (dire « al-hamdou lil-lah ») »[3].
  1. Le jour de Arafat fait partie de ses dix jours, et ce jour est important dans la vie du fidèle   car :
  • C’est le jour où Dieu a parachevé la religion, la foi du fidèle. Al-Boukhari et Moslim rapporte Une personne de confession juive a dit à Omar ibn Khattab : « Un verset que vous lisez dans votre Coran, s’il avait été révélé à nous communauté juive nous allions le célébrer comme fête ». Omar lui dit : « Quel verset », il a répondu : « Aujourd’hui, J’ai parachevé pour vous votre religion, et accompli sur vous Mon bienfait. Et j’agréé l’Islam comme religion pour vous »[4]. Omar a dit : « Nous connaissons le jour et l’endroit où ce verset a été révélé. Il a été descendu sur le Messager (BSDL) alors qu’il était sur le Mont de Arafat en train de faire son discours »[5].
  • Dieu a juré par ce jour d’Arafat : « Par le ciel aux constellations et par le jour promis ! Par le jour témoin et par le jour solennel »[6]. Dans un hadith, le Messager de Dieu (r) a dit : « le jour promis c’est le jour du jugement dernier, le jour témoin c’est le jour du vendredi et le jour solennel c’est le jour de Arafat »[7].
  • Jeûner le jour de Arafat absout les péchés de l’année passée et celle qui est en cours. Le Messager de Dieu (r) a dit à propos du jour de ‘Arafat : « Il absous les péchés de l’an passé et de l’année en cours »[8].
  • C’est le jour où Dieu a fait un pacte avec la descendance d’Adam afin de l’adorer sincèrement et ne rien Lui associer. Dieu dit : « Et quand ton Seigneur tira une descendance des reins des fils d’Adam et les fit témoigner sur eux-mêmes : “ Ne suis-Je pas votre Seigneur ? ” Ils répondirent : « Mais si, nous en témoignons… » – afin que vous ne disiez point, au Jour de la Résurrection : « Vraiment, nous n’y avons pas fait attention », ou que vous auriez dit (tout simplement) : « Nos ancêtres autrefois associaient à Dieu d’autres divinités, et nous sommes leurs descendants. Vas-tu nous détruire pour ce qu’ont fait les imposteurs ? »[9].
  • Pendant le jour de Arafat, Dieu accorde Sa Miséricorde, Son salut et Son pardon à sa Ses adorateurs et en prenant à témoin Ses anges.
  • Le Diable pendant le jour de Arafat se sent plus petit, plus humilié.
  1. Le dixième jour de Dhoul-Hijja, c’est la fête du sacrifice, le jour du grand pèlerinage car la majorité des actes de pèlerinage s’accomplissent durant ce jour. Le Messager (r) a dit : « Les jours les plus importants aux yeux d’Allah, exalté soit-il, sont : le jour du sacrifice et le jour du Qarr » Le jour du Qarr étant le jour de repos à Mina, à savoir le onzième de Dhul-Hijja »[10]. Ibn al-Qayyim a dit : « Le meilleur jour aux yeux de Dieu est le jour du sacrifice, et il s’agit là du jour du grand pèlerinage ».

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  Les actions recommandées durant cette décade :

  1. Le jeûne : Les savant disent qu’il est recommandé durant ces neufs premiers jours de Dhoul-Hijja. Le jeûne constitue, sans doute, l’une des actions les plus agréables à Dieu, Dans le hadith divin « Qoudsi » : « Le jeûne m’appartient, et c’est Moi qui en donne la rétribution. Il (le jeûneur) délaisse, en effet, pour Moi, sa passion, sa nourriture et sa boisson »[11].

Le Messager de Dieu (r) a dit : « Chaque fois que quelqu’un jeûne un jour par amour de Dieu, Dieu éloigne grâce à ce jour son visage du feu de l’Enfer d’une distance égale à ce qu’on parcourt en soixante-dix ans »[12].

Certaines femmes du Messager de Dieu (r) rapportent : « Le Messager de Dieu (BSDL) jeûnait les 9 (premiers) jours de Dhoul-Hijja, le jour d’Achoura, et trois jours par mois »[13].

  1. Le dhikr : Faire le « takbir » et invoquer Dieu abondamment durant ces jours. Dieu dit : « … et pour invoquer le nom de Dieu aux jours bien déterminés … »[14]. Ibn Abbas a dit : Les « jours bien déterminés » évoqués par le verset sont les dix premiers jours de dhoul-hijja. C’est pour cette raison que les savants jugent recommandé le fait d’invoquer Dieu en abondance durant ces jours, et conformément au hadith : « Pendant ces jours, faites le « tahlil »(dire « la ilaha illal-lah »), le « takbir » (dire « allahou akbar ») et le « tahmid » (dire « al-hamdou lil-lah ») en abondance »[15].
  2. Multiplier les bonnes actions : elles constituent l’un des meilleurs moyens de se rapprocher de Dieu et mériter Son amour. Dans le hadith Qoudsi, le Messager de Dieu (r) dit, en attribuant ces paroles à Dieu : « (…) Mon adorateur s’il persévère dans les actes surérogatoires, finira par mériter Mon amour. Quand je l’aurai aimé, Je deviendrai son ouïe avec laquelle il entend, sa puissance de vision avec laquelle il perçoit le monde, sa main avec laquelle il agit et son pied avec lequel il marche. S’il M’invoque Je lui répondrai, s’il se réfugie en Moi, Je serai don Protecteur »[16].
  3. Le retour à Dieu, la réconciliation avec Dieu. Le fidèle est tenu d’accomplir ce retour à Dieu durant tous les instants de sa vie et plus particulièrement durant les périodes sacrées. « Et revenez tous à Dieu, ô fidèle, afin que vous atteindrez certainement la réussite »[17].
  4. Le Hajj et la Omra, le Messager de Dieu (r)a dit : « Accomplir la Omra efface les péchés entre cette Omra et celle qui arrive, et un Hajj agréé (de Dieu) n’a d’autre récompense que le paradis »[18].
  5. Honorer son pacte avec Dieu en respectant ses engagements vis-à-vis de Dieu, en l’adorant sincèrement, en restant fidèles à Son corps de principe.
  6. Honorer le sacrifice d’Abraham.

 

[1]  Coran : S. 89, V. 1-2

[2]  Rapporté par Al-Boukhari selon Ibn Abbas (t).

[3]  Rapporté par l’imam Ahmed rapporte selon Abdullah ibn Omar (t)

[4]  Coran : S. 5, V. 3.

[5] Rapporté par Al-Boukhari et Moslim selon Tareq Ibn Chihabe (r).

[6]  Coran : S. 85, V. 1-3.

[7] Rapporté par Tirmidhi et authentifié par Albani selon Abou Hourayra (t),

[8]  Rapporté par Moslim selon Qatada (t).

[9] Coran : S. 7, V. 172-173.

[10] Rapporté par l’imam Ahmed, Abou Dawoud et Al Hakem, authentifié par Albani.

[11] Rapporté par Moslim selon Abou Hourayra (t).

[12] Unanimement reconnu authentique, rapporté selon Sa’id al-Khoudri (t).

[13] Rapporté par l’imam Ahmad, Abû Dâwûd et An-Nassâ’î selon Houneyda Ibn Khaled (t).

[14]  Coran : S. 22, V. 28.

[15]  Rapporté par l’imam Ahmed selon Ibn Omar (t).

[16]  Rapporté par Al-Boukhari selon Anas (t).

[17] Coran : S. 24, V. 31.

[18] Rapporté par Al-Boukhari et Moslim selon Abou Hourayra (t).

Supplication d’Ibn ‘Atâ Allah As-Sakandari (2)

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! إِلهِي، ما أَلْطَفَكَ بِي مَعَ عَظِيمِ جَهْلِي، وَما أَرْحَمَكَ بِي مَعَ قَبِيحِ فِعْلِي

Seigneur, combien est grande Ta Bienveillance envers moi, malgré mon ignorance. Combien est immense Ta Miséricorde envers moi, malgré la vilenie de mes actes.

! إِلهِي، ما أَقْرَبَكَ مِنِّي وَما أَبْعَدَنِي عَنْكَ

Seigneur, Tu es très proche de moi et je suis si loin de Toi.

إِلهِي، ما أَرْأَفَكَ بِي، فَما الَّذِي يَحْجُبُنِي عَنْكَ ؟

Seigneur, combien est grande Ta Compassion pour moi, mais quel est donc ce voile qui me sépare de Toi ?

.إِلهِي، قًدْ عَلِمْتُ بِاخْتِلافِ الآثارِ وَتَنَقُّلاتِ الأطْوارِ، أَنَّ مُرادَكَ مِنِّي أَنْ تَتَعَرَّفَ إِلَيَّ فِي كُلِّ شَيءٍ حَتَّى لا أَجْهَلَكَ فِي شَيءٍ

Seigneur, au gré de la diversité des incidences et des aléas de l’existence, j’ai compris que Ton but était de Te faire connaître à moi en toute chose, afin que je ne T’ignore en aucune chose.

.إِلهِي، كُلَّما أَخْرَسَنِي لُؤْمِي أَنْطَقَنِي كَرَمُكَ. وَكُلَّما آيَسَتْنِي أَوْصافِي أَطْمَعَتْني مِنَنُكَ

Seigneur, chaque fois que ma vilenie m’a fait taire, Ta Générosité m’a rendu la parole. Chaque fois que ma condition m’a désespéré, Ta bonté  m’a rendu k’espérance.

(…) 

.إِلهِي، حُكْمُكَ النَّافِذُ وَمَشِيئَتُكَ القاهِرَةُ لَمْ يَتْرُكا لِذِي مَقالٍ مَقالاً، وَلا لِذِي حالٍ حالاً

Seigneur, Ton décret exécutoire et Ta volonté inexorable n’épargnent ni le verbe de l’éloquent ni la verve de l’inspiré.

 ! إِلهِي، كَمْ مِنْ طاعَةٍ بنَيْتُها وَحالَةٍ شَيَّدْتُها هَدَمَ اعْتِمادِي عَلَيْها عَدْلُكَ، بَلْ أَقالَنِي مِنْها فَضْلُكَ

Seigneur, combien de dévotions j’ai édifiées, combien de stations j’ai établies, puis Ta justice a anéanti ma confiance en elles ; bien plus encore, ta bonté m’en a sauvé.

.إِلهِي، إِنَّكَ تَعْلَمُ أَنِّي وَإِنْ لَمْ تَدُمِ الطَّاعَةُ مِنِّي فِعْلاً جَزْما، فَقَدْ دامَتْ مَحَبَّةً وَعَزْما

Seigneur, Tu sais que même si mon adoration n’a pas été accomplie comme il se doit et de manière constante. Elle l’était  avec amour et détermination.

(…) 

.إِلهِي، عَمِيَتْ عَيْنٌ لا تَراكَ عَلَيْها رَقِيباً. وَخَسِرَتْ صَفْقَةُ عَبْدٍ لَمْ تَجْعَلَ لَهُ مِنْ حُبِّكَ نَصِيبا

Seigneur, les yeux qui ne voient pas que Tu les observes sont aveugles. La transaction de celui que Tu n’a pas comblé de Ton amour est en faillite.

.إِلهِي، هذا ذُلِّي ظاهِرٌ بَيْنَ يَدَيْكَ، وَهذا حالِي لا يَخْفى عَلَيْكَ، مِنْكَ أَطْلُبُ الوُصُولَ إِلَيْكَ، وَبِكَ أَسْتَدِلُّ عَلَيْكَ

Seigneur, mon humilité est telle qu’elle apparaît devant Toi, et ma situation ne T’en échappe pas. De Ta part, j’implore Ta proximité, et par Ta Miséricorde, je Te demande de me montrer le chemin menant à Toi. Guide-moi, par Ta lumière et permets-moi de T’adorer sincèrement.

.إِلهِي، عَلِّمْنِي مِنْ عِلْمِكَ المَخْزُونِ، وَصُنِّي بِسِرِّ اسْمِكَ المَصُونِ

Seigneur, apprends-moi de Ton savoir caché et protège-moi par Ton Nom secret.

.إِلهِي، حَقِّقْنِي بِحَقائِقِ أَهْلِ القُرْبِ. وَاسْلُكَ بِي مَسَالِكَ أَهْلِ الجَذْبِ

Seigneur, permet-moi de d’atteindre le degré de spiritualité des rapprochés et conduis-moi dans le chemin de Tes bien-aimés.

.إِلهِي، أَغْنِنِي بِتَدْبِيرِكَ لِي عَنْ تَدْبِيرِي، وَبِاخْتِيارِكَ عَنْ اخْتِيارِي. وَأوْقِفْنِي عَلى مَراكِزِ اضْطِرارِي

Seigneur, dispense-moi par Ton discernement, d’avoir à élaborer des plans, et par Tes choix, d’avoir à choisir. Permets-moi d’avoir toujours à Te solliciter et Te supplier.

إِلهِي، أَخْرِجْنِي مِنْ ذُلِّ نَفْسِي وَطَهِّرْنِي مِنْ شَكِّي وَشِرْكِي قَبْلَ حُلُولِ رَمْسِي، بِكَ أَنْتَصِرُ فَانْصُرْنِي، وَعَلَيْكَ أَتَوَكَّلُ فَلا تَكِلْنِي، وَإِيَّاكَ أَسْأَلُ فَلا تُخَيِّبْنِي، وَفِي فَضْلِكَ أَرْغَبُ فَلا تَحْرِمْنِي، وَبِجَنابِكَ أَنْتَسِبُ فَلا تُبْعِدْنِي، وَبِبابِكَ أَقِفُ فَلا تَطْرُدْنِي

Seigneur, affranchis-moi de la vilenie de mon âme, purifie-moi de ma suspicion et de mon impureté, avant que ma mort ne survienne. J’implore Ton secours; secours-moi. Je m’abandonne à Ta volonté; ne me livre pas à moi-même. Je t’invoque; exauce mes vœux. J’espère en Ta Bonté, ne m’en prive pas. J’aspire à Ta proximité, ne m’en éloigne pas. Je frappe à Ta porte, ne me repousse pas.

(…) 

إِلَهي اطْلُبْنِي بِرَحْمَتِكَ حَتَّى أَصِلَ إٍلَيْك وَاجْذبني بِمِنَنِك حتى أُقْبِلَ عليك

Seigneur, appelle-moi par Ta Miséricorde, afin que chemine vers Toi. Et attire-moi par Ton amour afin que je me rapproche de Toi.

Source : Al hikam , Sagesses Épîtres et les Apartés : Ibn ‘Atâ Allah As-Sakandari, édition Tawhid, 2009. Mais certaines traductions ont été changées et revues par mes soins.

Être pour Dieu et agir

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Dieu dit : « Qu’aucune âme ne sera tenue responsable pour les péchés d’une autre, que l’individu ne récoltera que les fruits des efforts qu’il aura lui-même déployés, et qui seront appréciés à leur juste valeur, pour être ensuite amplement récompensés »[1].

Être, c’est avant tout cette présence à Dieu. Le fidèle animé par la foi voue son existence, son action à Dieu jusqu’à ce qu’il porte en lui toutes les vertus de la bonté, de l’humilité. C’est l’effort assidu vers la plus royale des victoires : la victoire sur soi.

C’est être animé d’une foi sincère. C’est tisser des liens intimes avec le Créateur pour mieux servir les créatures. C’est préparer la terre pour qu’elle reçoive la semence, préparer son cœur pour qu’il s’illumine à la rencontre du message afin de mieux porter la responsabilité du témoignage.

Chère sœur, cher frère, veille à bien accomplir les obligations que Dieu a assigné et persévère à mieux être et mieux servir : Dieu ainsi que les êtres humains. Invoque Dieu (dhikr) inlassablement et réalise ton examen de conscience régulièrement. Le Prophète (PSDL) dit en attribuant ces paroles à Dieu : « Quiconque offense l’un de Mes bien-aimés, Je lui déclare la guerre. Mon adorateur ne s’est jamais rapproché de Moi par une œuvre plus agréable à Moi que par les obligations que je lui ai assignées. Mon adorateur, s’il persévère dans les actes surérogatoires finira par mériter Mon amour. Quand Je l’aurai aimé, Je deviendrai son ouïe avec laquelle il entend, sa puissance de vision avec laquelle il perçoit le monde, sa main avec laquelle il agit et son pied avec lequel il marche. S’il M’invoque J’exaucerai son vœu, et s’il se réfugie en Moi Je serai Son protecteur »[2].

A chaque pensée, demande-toi des comptes ; à chacun de tes souffles, montre-toi vigilant à l’égard de Dieu. Ali Ibn Abi Talib (DAS) disait : « Ne crains que ton propre péché et n’espère qu’en ton Seigneur ».

Efforce-toi à ne te mêler que de ce qui te regarde, que tes propres défauts t’empêchent de s’occuper de ceux des autres. « Heureux celui (ou celle) dont  ses propres défauts l’empêchent de s’occuper de ceux d’autrui … »[3] disait le prophète (PSDL). Parmi les plus grands défauts est de scruter les imperfections chez autrui tout en étant inattentif et négligeant vis-à-vis de ses propres vices.

Être pour Dieu et agir. C’est être en perpétuelle réforme de son être. C’est aspirer à être meilleur moralement et spirituellement, meilleur devant Dieu, humble devant les être humains. C’est déployer les efforts nécessaires pour conserver vivante sa foi, l’intensifier et la renforcer afin de goûter à la douceur de l’amour de Dieu et accéder à Sa proximité.

[1] Coran : S. 53, V. 38 – 41.

[2] Rapporté par Al-Boukhari selon Abou Hourayra (t).

[3] Rapporté par Al-Bazzar selon Anas ibn Malek (t) et authentifié Al Hafiz Ibn Hajar.

 

Être musulman

rupture jeune

Que signifie être musulman aujourd’hui ? Comment goûter la douceur de la foi ? Comment vivre sa foi sereinement, sans complexe ni crispation ? Comment ne pas se contenter d’une pratique superficielle de l’islam ? Comment ne pas être, seulement, un musulman dans la forme ?  Le fait d’être né dans une famille musulmane ou le fait de porter un nom à consonance musulmane, ne fait pas de l’individu un candidat valable pour porter les valeurs de l’islam.

Être musulman, c’est d’abord un appel du cœur. Le cœur, touché par la Grâce de Dieu,  répond favorablement à Son appel et fait le premier pas vers Dieu. Dieu dit : « Celui ou celle dont le cœur a été ouvert par Dieu à l’islam reçoit ainsi une lumière de Son Seigneur »[1]. Le cœur s’ouvre et reçoit, de la part de Dieu,  un flot d’amour et de Miséricorde qui rejaillit sur le comportement du fidèle.

 Dieu dit : « Ô vous qui croyez ! Répondez à Dieu et au Messager lorsqu’il vous appelle à ce qui vous donne la (vraie) vie »[2]. Être musulman c’est répondre à cet appel divin qui donne vie, qui émancipe moralement et spirituellement et qui libère. Être musulman c’est être soucieux de son devenir, c’est tisser des liens intimes avec le Créateur pour mieux servir les créatures. C’est relever, à la lumière de la spiritualité, le défi de l’amour, amour de Dieu, amour des êtres. « Nul d’entre vous, disait le Prophète (PSDL), ne goûtera vraiment la douceur de la foi tant qu’il n’aime pas pour son prochain ce qu’il aime pour lui-même »[3]. Être musulman c’est être profondément humain dans un monde qui se déshumanise de plus en plus, en posant la question du sens, de la spiritualité et de la dignité humaine.

Mieux comprendre l’islam

Souvent, nous nous confrontons à une vision sommaire de l’islam, à une ignorance affligeante de ce que c’est que d’être musulman. Mieux comprendre l’islam,  c’est connaître ses finalités, sa vocation de paix et de justice. Il s’agit d’une compréhension imprégnée de miséricorde et de douceur, et en aucun cas, d’une lecture sclérosée, parcellisée de l’islam qui rebute les gens ou les met dans la gêne et la contrainte.

Pour beaucoup, le monde merveilleux de l’islam se résume à une législation restrictive qui se réduirait au halal, haram. Un ensemble de contraintes, un Islam pure et dure serait la vraie pratique et la vraie piété. Alors que paradoxalement, lorsque nous nous laissons imprégner par la personnalité du Prophète (PSDL). Nous sommes face à une miséricorde exceptionnelle, une bonté face aux épreuves des proches, de la société et des infidèles. Il n’a aucunement répondu par la sévérité ou la démesure, mais au contraire par la patience, l’intelligence et la sagesse. Le Prophète (PSDL) dit : « L’islam religion est aisance et facilité. Celui qui cherche à rivaliser de force avec la religion sera vaincu. Suivez plutôt la voie sage du juste milieu, rapprochez-vous en douceur de la perfection et soyez optimistes … »[4].

Donc il est indispensable de se former, pour mieux comprendre et réformer son être en imitant sincèrement le modèle (PSDL). Être musulman ne consiste pas à s’isoler et à adopter une attitude de rejet vis-à-vis de la société. Être plus proche de Dieu, c’est vivre parmi les hommes et non se mettre à la marge de la société.

La foi et l’effort dans la pratique

Etre musulman c’est vivre une foi, c’est vivre une spiritualité. Une foi sincère enraciné dans le cœur, qui se fortifie et s’entretient par l’effort dans la pratique et qui se manifeste par un bon comportement. Vivre une spiritualité c’est préserver sa foi, l’intensifier et la renforcer. L’humain a tendance à oublier Dieu, à s’oublier, la spiritualité et le moyen le plus efficace pour lutter contre cet oubli et cette insouciance.

La foi relève certes, d’une conviction profonde, mais elle doit s’accompagner nécessairement d’un effort, d’une action. Dans le Coran, à chaque fois que la foi est évoquée, elle appelle automatiquement le bel agir : « Ceux qui ont la foi et font bonnes œuvres ». Ainsi,  L’action du fidèle doit porter la marque de la foi, donc de la spiritualité, de la bonté et de l’humilité, jamais de l’arrogance.

Agir avec conscience

 Selon Soufiane ibn ‘Abdoullah (DAS) : J’ai demandé au Messager de Dieu (PSDL) :                     « Enseigne-moi une parole en matière d’islam, qui me dispense d’interroger un autre que toi ».  Il m’a  répondu : « Dis : Je crois en Dieu. Puis, agis avec conscience »[5].

Être musulman c’est agir avec conscience en fonction des contraintes, des épreuves et des difficultés … Car la vie est une épreuve et la foi du fidèle risque d’être mise à l’épreuve. Être musulman c’est assumer ses responsabilités, c’est faire face aux épreuves de manière responsable et apaisée.  C’est honorer ses engagements envers Dieu et persévérer dans Sa voie.

Témoigner de sa foi

Témoigner, pour le fidèle, c’est porter un message et rayonner de ses valeurs. Un message dont il faut devenir le meilleur des modèles, afin d’être devant les hommes, un signe, un rappel, jamais une contrainte.

Témoigner de sa foi, c’est être présent sur le terrain, s’exprimer et expliquer la foi musulmane, sa vocation de paix et de justice. C’est également, avoir un discours clair et précis, oser dénoncer les injustices et se démarquer de toutes les lectures et de toutes les actions qui légitiment la violence.

[1] Coran : S. 39, V. 22.

[2] Coran : S. 8, V. 24.

[3] Hadith unanimement reconnu authentique, rapporté selon Anas (t).

[4] Rapporté par Al-Boukhari selon Abou Hourayra (t).

[5] Rapporté par Moslim.

Supplication d’Ibn ‘Atâ Allah As-Sakandari (1)

Douâa

!إِلهِي، أَنا الفَقِيرُ فِي غِنايَ، فَكَيْفَ لا أَكُونُ فَقِيراً فِي فَقْرِي؟

Seigneur, moi qui suis pauvre dans ma richesse, comment ne serais-je pas encore plus pauvre dans ma pauvreté ?

!إِلهِي، أَنا الجاهِلُ فِي عِلْمِي، فَكَيْفَ لا أَكُونُ جَهُولاً فِي جَهْلِي؟

Seigneur, moi qui suis ignorant dans mon savoir, comment ne serais-je pas encore plus ignorant dans mon ignorance ?

.إِلهِي، إِنَّ اخْتِلافَ تَدْبِيرِكَ وَسُرْعَةَ حُلولِ مَقادِيرِكَ مَنَعا عِبادَكَ العارِفِينَ بِكَ عَنِ السُّكُونِ إِلى عَطاءٍ وَاليَّأْسِ مِنْكَ فِي بَلاءٍ

Seigneur, la pluralité de Tes décrets et la promptitude dans leur exécution empêchent Tes adorateurs qui Te connaissent de s’apaiser dans la félicité ou de désespérer dans l’affliction.

 .إِلهِي، مِنِّي ما يَلِيقُ بِلُؤْمِي، وَمِنْكَ ما يَلِيقُ بِكَرَمِكَ

Seigneur, de moi provient ma disgrâce et de Toi provient ce que Tu dispenses en grâce.

إِلهِي وَصَفْتَ نَفْسَكَ بِاللُّطْفِ وَالرَّأْفَةِ بِي قَبْلَ وُجُودِ ضَعْفِي، أَفَتَمْنَعُنِي مِنْهُما بَعْدَ وَجُودِ ضَعْفِي ؟

Seigneur, Tu T’es décrit par la douceur et la compassion pour moi avant que n’apparaisse ma faiblesse. M’en priverais-Tu maintenant que ma faiblesse est apparue ?

.إِلهِي، إِنْ ظَهَرَتِ المَحاسِنُ مِنِّي فَبِفَضْلِكَ، وَلَكَ المِنَّةُ عَلَيَّ، وَإِنْ ظَهَرَتِ المَساوِئُ مِنِّي فَبِعَدْلِكَ، وَلَكَ الحُجَّةُ عَلَيَّ

Seigneur, lorsque le bien émane de moi, c’est par un effet de Ta bonté, et je Te suis redevable de cela. Lorsque le mal émane de moi, c’est par un effet de Ton équité, et Tu as en cela une preuve contre moi.

إِلهِي، كَيْفَ تَكِلُنِي إلى نَفْسي وَقَدْ تَوَكَّلْتَ لِي ؟ وَكَيْفَ أُضامُ وَأَنْتَ النَّاصِرُ لِي، أَمْ كَيْفَ أَخِيبُ وَأَنْتَ الحَفِيُّ بِي ؟
ها أَنا أَتَوَسَّلُ إِلَيْكَ بِفَقْرِي إِلَيْكَ، وَكَيْفَ أَتَوَسَّلُ إِلَيْكَ بِما هُوَ مَحالٌ أَنْ يَصِلَ إِلَيْكَ ؟
أَمْ كَيْفَ أَشْكُو إِلَيْكَ حالِي وَهُوَ لا يَخْفى عَلَيْكَ ؟ أَمْ كَيْفَ أُتَرْجِمُ بِمَقالِي وَهُوَ مِنْكَ بَرَزَ إِلَيْكَ ؟
أَمْ كَيْفَ تُخَيِّبْ آمالِي وَهِي قَدْ وَفَدَتْ إِلَيْكَ ؟ أَمْ كَيْفَ لا تُحْسِنُ أَحْوالِي وَبِكَ قامَتْ إِلَيْكَ ؟

Seigneur, comment me confierais-Tu mon âme alors que Tu en es le Garant ? Comment me nuirait-on alors que Tu es mon Protecteur ? Comment me décevrait-on alors que Tu es attentif à moi ? Me voici, Te sollicitant par ma pauvreté. Comment pourrais-je Te solliciter par une chose qui ne peut t’atteindre ? Comment pourrais-je me plaindre à Toi de ma situation alors que Tu la connais ? Comment pourrais-je T’exposer mes propos alors que Tu en es l’Initiateur et l’interlocuteur ? Comment décevrais-Tu mes espérances alors qu’en Toi elles sont placées ? Comment n’améliorerais-Tu pas ma situation alors que Tu en es l’Instigateur et le Récepteur.

à suivre …

Source : Al hikam , Sagesses Épîtres et les Apartés : Ibn ‘Atâ Allah As-Sakandari, édition Tawhid, 2009. Certaines traductions ont été changées et revues par mes soins.

Une fête de l’Aïd, certes … Mais, dans la tristesse

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Nous accueillons cette fête qui clôt le mois béni du Ramadan dans la tristesse, car le contexte actuel du monde musulman est marqué par les guerres, les attentas, les déchirements, les violences, les injustices et les répressions … Beaucoup de réfugiés se sont exilés, sont déracinés, fuyant la guerre vers un ailleurs incertain et vers des pays où ils sont indésirables.

Difficile de vivre intensément la joie de l’Aïd et de la partager dans ce contexte particulier. Les musulmans sont appelés à faire preuve de solidarité envers les plus démunis, à aider, à soutenir et à porter assistance aux réfugiés et à ceux qui sont dans le besoin. Notre éthique de la spiritualité nous invite à ne pas trahir le message et d’être à la hauteur de notre humanité.

Bonne fête à toutes et à tous. Aïd Moubarak said.  Que Dieu vous garde, accepte votre jeûne, guide vos pas et vous accorde Son Amour et Sa proximité.

aid mobarak said

L’après Ramadan, bilan et résolutions

bismillah

Le mois de Ramadan s’en est allé en emportant avec lui toutes ses faveurs. Il nous a quitté avec ses flots d’amour et de paix intérieure, avec son élan de spiritualité qui nous poussait à être bon et à promouvoir le bien. Les musulmans qui ont jeûné avec foi et sincérité, attendent avec nostalgie le retour du mois du Ramadan.

Le mois du Ramadan est une école d’éducation de l’âme et de perfectionnement de la foi, où l’on se ressource pour fortifier sa foi et approfondir sa relation avec Dieu. C’est également, l’école du changement où l’on réalise un sursaut spirituel et la victoire sur soi, où  l’on opère une mutation éthique.

L’heure du bilan personnel a sonné. Le fidèle a besoin d’un temps de recueillement  pour rentrer en soi et faire son examen de conscience. A-t-il jeûné le mois du Ramadan comme il se doit ? Les efforts déployés pendant ce mois béni ont-ils contribué à le rapprocher de Son Seigneur ? Son jeûne est-il agréé par Dieu ? Gardera-t-il le même élan de spiritualité initié durant le mois du Ramadan ? …

Autant de questions qui exigent d’y répondre sincèrement. C’est un bilan qui permettre à chacun de savoir où il en est dans sa relation avec Dieu et de revoir sa haute visée.

Dieu dit : « Ne soyez pas comme celle qui a défait brin par brin sa quenouille après l’avoir solidement filée »[1].

Rester fidèle à la voie de Dieu et honorer son pacte avec Lui, c’est persévérer dans l’accomplissement de bonnes œuvres et continuer les efforts après le mois du Ramadan. C’est prendre garde à ne pas se laisser happer par les aléas de la vie et défaire son lien avec Dieu après l’avoir consolidé durant le mois béni du Ramadan. Le Coran nous donne l’exemple d’une femme qui fila sa quenouille et confectionna un habit, puis se met soudainement à déchirer son œuvre et à défaire brin par brin ce qu’elle a accompli sans aucune raison ! C’est l’exemple de celui ou celle qui retourne, après le mois du ramadan, au péché après avoir goûté la douceur de la foi.

La constance du fidèle dans la foi, après le mois du Ramadan, est un indice de l’agrément de son jeûne par Dieu. « Quant à ceux qui se sont mis sur la bonne voie, Dieu les guidera encore mieux et affermira leur piété »[2].

L’objectif du fidèle, soucieux de son accomplissement spirituel, n’est pas juste de rendre une bonne copie à la fin du mois du Ramadan puis se laisser aller le reste de l’année ; mais plutôt faire du moi béni du Ramadan un tremplin pour réaliser son ascension spirituelle.

L’adoration de Dieu ne se restreint pas seulement le mois du Ramadan ; mais la vie du fidèle, toute entière, doit être imprégnée d’adorations, de bonté et de présence à Dieu.  Le mois du Ramadan n’est qu’un moment de notre vie qui s’est écoulé mais Dieu que l’on adorait pendant le mois du Ramadan est Eternel. Il mérite de notre part reconnaissance, amour et adoration en tout temps et tout lieu. Dieu dit : « Et adore ton Seigneur jusqu’à ce que te parvienne la certitude ! »[3].

Seigneur Dieu, accepte de tous les musulmans le jeûne du mois du ramadan et l’ensemble de leurs œuvres. Accorde leurs Ton Amour, Ta Miséricorde et Ta Proximité. Guide-les pour qu’ils deviennent meilleurs moralement et spirituellement afin de témoigner sincèrement de leur foi.

[1]  Coran : S. 16, V. 92.

[2] Coran : S. 47, V. 17.

[3] Coran : S. 15, V. 99.

Aspirer à l’excellence pendant la dernière décade du mois du Ramadan

dix derniers jours

Le mois du Ramadan se présente à la fois comme un thermomètre de la foi, car il permet de mettre en évidence la piété du fidèle ; et  un chronomètre de la vie qui indique que celle-ci s’écoule très vite. En effet, le mois du Ramadan est un mois, dont les bienfaits sont abondants et les grâces sont considérables ;  mais il rappelle, en même temps,  aux fidèles le caractère combien court, combien éphémère de la vie terrestre et qu’au final, le fidèle s’achemine inexorablement vers Son Seigneur et va à Sa rencontre pour sûr.

La dernière décade du mois du Ramadan est une occasion privilégiée pour se consacrer entièrement à Dieu, d’exceller dans Son adoration et de redoubler d’efforts afin de goûter la douceur de la foi et accéder à la proximité du Tout Miséricordieux.

Le Prophète (PSDL) avait l’habitude d’exceller et d’intensifier les efforts au cours de la dernière décade de Ramadan, plus qu’il ne le faisait durant les autres jours du jeûne. Selon Aîcha (DAS) : « Quand arrivait la dernière décade du mois du Ramadan, le Prophète (PSDL) veillait toutes les nuits en prière et en présence à Dieu. Il réveillait les membres de sa famille pour profiter de ces moments précieux et redoublaient d’efforts »[1].

itikaf

Le prophète (PSDL) entreprenait une retraite spirituelle (I3tikâf) à la mosquée et nous conseillait fortement de rechercher avec insistance la nuit la plus bénie et la plus aimé par Dieu (Laylat-oul-Qadr), et qui est meilleure en terme d’adoration, de bonté et de générosité que mille mois soit 83 années et 4 mois. Dieu dit : « Nous l’avons certes fait descendre la nuit de la destinée. Et quelle merveilleuse nuit que la nuit la destinée ! Car la nuit de la destinée est meilleure que mille mois réunis. C’est au cours de cette nuit que descendent, avec la permission de leur Seigneur, les anges et l’Esprit saint pour exécuter tout ordre divin. Et c’est au cours de cette nuit que règne une paix ineffable jusqu’au lever de l’aurore ! »[2].

La retraite spirituelle consiste à s’extirper à son environnement, submergé de vacarmes et de perturbations, pour pouvoir s’adonner entièrement à l’adoration de Dieu. Il s’agit de détacher son cœur et son esprit, l’espace d’une décade, de toutes les préoccupations pour se recentrer sur Dieu et demeurer en permanence dans Sa présence.

Pour le fidèle, qui aspire à l’excellence, la gestion du temps est déterminante dans son cheminement vers Dieu. C’est pour cette raison, qu’il accorde une attention particulière aux moments d’exceptions que représente la dernière décade du mois du Ramadan. Le fidèle déploie les efforts nécessaires afin d’exploiter, comme il se doit, ces instants précieux et privilégiés. Ces moments sont propices pour s’ancrer dans le temps de la présence à Dieu et de la spiritualité et non celui du laisser-aller et de l’insouciance.

La dernière décade du mois du Ramadan est une occasion à ne pas rater. Ce sont des moments  où il faut intensifier les efforts pour retrouver le sens de l’effort. Ce sont des instants de méditation, de présence à Dieu pour élever la perspective de son aspiration au-delà de son horizon limité.

Nous implorons Dieu, Tout Puissant, de nous accorder Son amour, nous recouvrir de Sa Miséricorde durant cette décade bénie du mois du ramadan et de nous aider à en tirer le maximum de profit.

[1] Rapporté par Boukhari et Moslim.

[2] Coran : Sourate 97, la Destinée (Al-Qadr).