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Réflexion autour du Halal et de ses dimensions

Sans titre

Le Halal est un marché gigantesque et ne cesse de prendre une part croissante au sein de la société. Les industries agroalimentaires et la grande distribution tentent depuis plusieurs années à s’emparer de ce  marché florissant.

Nous assistons à une démultiplication foisonnante de produits  dits « halal ». Désormais, le label « Halal » ne concerne pas seulement  la viande,  mais toute une gamme de nouveaux produits : « dentifrice halal », « Whiskey halal», « business halal », «tourisme halal», « sex toys  halal », « cosmétiques halal », « produits financiers halal ou chariâ compatible» … Une obsession de tout « halaliser » pour se faire un maximum de profits, jusqu’à proposer des produits qui ont en totale contradiction avec l’identité spirituelle des musulmans.

Pour certains, le Halal est un business juteux, alors que pour le fidèle musulman animé d’une foi et soucieux de son accomplissement spirituel, le Halal est un mode de vie, une manière d’être, d’agir et de consommer. Le Halal interroge notre manière de vivre et gagner notre vie en posant la question de la conscience, de la responsabilité et de l’éthique.

Il est important de rappeler que la nourriture Halal,  doit répondre nécessairement à un certain nombre d’exigences, parmi lesquelles :

  • Elle est licite en soi, c’est-à-dire qu’elle ne fait pas partie des choses dont la consommation est interdite dans les textes comme le porc, l’animal qui n’a pas été sacrifié et contrôlé conformément à la façon rituelle, les animaux carnivores, les animaux répugnants, les animaux dont la nourriture consiste en des éléments impurs, le sang, l’alcool …

 

  •  Elle ne contient pas d’élémentsillicites (Hâram), comme de l’alcool, de la gélatine porcine ou des aliments provenant d’animaux non sacrifiés rituellement…
  •  Elle n’a pas été contaminée par des matièresillicites.
  •  Elle n’a pas été obtenue par un moyen illicite.
  • Elle n’a pas été acquise avec de l’argent obtenue de façon illégale.

Certes, le besoin premier de tout être vivant est de se nourrir, mais ce besoin doit être satisfait avec conscience et éthique. Manger et donner à manger sont des actes simples par lesquels s’éprouve le bien-être, la vitalité spirituelle et se vit la solidarité.

En effet, la nourriture a une incidence directe sur notre relation Dieu. Dieu dit : «  Ô Messagers ! Mangez de ce qui est licite et agréable  et faites de bonnes œuvres »[1].  Les exégètes du Coran soulignent que l’injonction de manger de la nourriture  « halal » c’est-à-dire pure et saine est liée intimement à l’accomplissement de bonnes œuvres. Le respect du premier entraîne nécessairement l’accomplissement et l’agrément du second.

Donc consommer Halal et se garder des choses douteuses, c’est préserver sa foi et fortifier sa spiritualité. En revanche, être laxiste vis-à-vis du halal et se laisser aller à consommer des aliments dont le caractère douteux est avéré nuit gravement à notre relation à Dieu et met en péril l’exaucement de nos invocations et de nos bonnes œuvres. Dans le hadith authentique : « Dieu est Bon et n’accepte que ce qui est bon. En outre, Dieu a prescrit aux fidèles ce qu’Il a prescrit aux Messagers. Car Il a dit d’une part : «  Ô Messagers ! Mangez de ce qui est licite et agréable  et faites de bonnes œuvres » (S. 23, V. 51) et d’autres part, Il a dit : «  Ô vous qui avez cru ! Mangez des choses bonnes et pures de ce que Nous vous avons octroyé » (S. 2, V. 172). Puis il mentionna le cas de l’homme qui prolongeant son voyage, tout hiruste et poussiéreux, tend les mains vers le Ciel en implorant : « Ô Seigneur ! Ô Seigneur ! … » alors que sa nourriture est illicite, sa boisson est illicite, son habit illicite et qu’il s’est nourri de choses illicites.  Comment serait-il exaucé ? ».[2]

 Le musulman doit déployer les efforts nécessaires pour développer en soi l’affluent de la foi nommé « al-wara’ » : le scrupule. Le scrupule correspond à l’abandon de ce que Dieu a déclaré illicite. C’est dans ce sens que le Prophète (PSDL) dit à Abou Hourayra (DAS) : « Garde-toi des choses illicites tu seras parmi les meilleurs adorateurs de Dieu ».[3]  Dans une autre version : « Sois scrupuleux tu seras le plus adorateur parmi les gens », autrement dit, garde-toi de ce que Dieu a interdit comme nourriture, boisson, vêtements ou transactions. Garde-toi des choses illicites et des choses douteuses, tu préserveras ton intégrité spirituelle et tu consolideras ta foi. Le Messager de Dieu (PSDL) disait à son compagnon Ka’âb Ibnou ‘Oujrah (DAS) : « Ô Ka’b Ibnou ‘Oudjrah ! Tout corps qui se nourrit  d’illicite mérite  le Feu de l’Enfer »[4].

 Il est plus qu’urgent que les musulmans fassent de réels efforts pour garantir une consommation halal, car l’agrément de leurs invocations et de leurs œuvres en dépend.

Par ailleurs, consommer Halal, aujourd’hui, c’est développer une réflexion d’ensemble sur la manière    dont on pourrait se nourrir, à notre époque, de façon éthique, responsable et en accord avec notre référentiel spirituel. Cela nécessite, entre autres, de s’assurer que :

  •  Les produits respectent strictement la norme Halal et ont été contrôlés par des compétents, des précis, des incorruptibles. Des compétents, tant en compétence morale qu’en compétence technique, car souvent la compétence morale fait défaut chez nous plus que la compétence technique. Des gens animés par le souci de mieux servir la communauté et non pour se faire un maximum de bénéfices.
  • Le respect de l’animal est omniprésent.
  • Les produits sont fabriqués dans des conditions dignes : respect de la personne humaine, de bonnes conditions de travail …
  • Le respect de l’environnement est respecté.
  • La consommation lutte contre les inégalités et s’engage pour une juste répartition des bénéfices entre les acteurs de la filière depuis la production jusqu’à la consommation.

Cette réflexion n’est qu’une ébauche qui mérite de plus amples développements, donc à suivre incha’Allah.

[1] Coran, sourate 23, verset 51.

[2] Hadith rapporté par Moslim selon Abou Hourayra.

[3] Hadith rapporté par At-Tirmidhi.

[4] Sounan out Tirmidhi. Authentifié par Al Albâni

عوامل اليأس وبواعث الأمل

2

 

لا يخفى على أحد، ما أصاب كثيرا من الناس، وحتى بعض العاملين منهم في حقل الدعوة، من يأس وإحباط نظرا لطول أمد الاستبداد، وضعف التصديق بموعود الله وموعود رسوله صلى الله عليه وسلم. وما تمر به أمة الإسلام اليوم من محن، واشتداد الكربة، والتباس السبل. مرحلة عصيبة، تُوجّه فيها ضربات متلاحقة إلى الصحوة الإسلامية، بغية إطفاء نور الإسلام، وإجهاض يقظته

Comment accueillir le mois du Ramadan ?

Le mois du Ramadan est à nos portes. Y avons-nous pensé ? En sommes-nous conscients ? Avons-nous évalué l’importance, la dimension spirituelle et sociale de ce mois sacré ? Comment devons-nous l’accueillir ? Comment se préparer moralement et spirituellement pour en tirer le maximum de profit ?

D’après Anas, que Dieu l’agrée : « Quand les compagnons du Prophète (paix et salut de Dieu sur lui) apercevaient le croissant du mois de Chaâbane, ils se penchaient sur la lecture du Coran. Les musulmans versaient la Zakat (l’aumône légale) pour que les pauvres et les nécessiteux puissent jeûner le mois du Ramadan dans de bonnes conditions. Les commerçants se dépêchaient de finaliser leurs transactions. Les prisonniers de délits mineurs sont amnistiés. Quand ils voyaient le croissant du Ramadan, ils se purifiaient et redoublaient d’efforts  en terme d’adoration, de bonté et générosité » Rapporté par Ibn Khoouzaïma.

C’est ainsi que les compagnons, que Dieu les agrée tous, se préparaient pour accueillir le mois du Ramadan. Ils s’y consacraient sincèrement, en déployant les efforts nécessaires et en s’appliquant assidûment.

  1. Prendre conscience de la valeur de ce mois béni :

En premier lieu, il convient de prendre conscience de la valeur de ce mois, de rentrer dans le calendrier et le temps sacrés de bien assimiler ses mérites.
Abou Mass’oud Al Ghifâri rapporte « J’ai entendu le messager de Dieu dire un jour, alors que le Ramadan était en cours : Si les gens savaient ce qu’est réellement Ramadan, ma communauté aurait souhaité que toute l’année soit Ramadan. » Rapporté par Ibn Khouzaïma.

Un jour, le Prophète posa trois fois cette question à ses compagnons : « qu’est-ce que vous accueillez et qui vous accueille ? ». Alors, Omar Ibn al-Khattab demanda : serait-ce une Révélation ? Il dit : Non ! Et Omar de reprendre : peut-être un ennemi qui survient ?
Il répondit : Non plus ! Omar demanda : « Alors quoi ? »
Le Prophète dit : à la première nuit du mois de Ramadan, Dieu pardonne à tous ceux qui se revendiquent de cette Qibla » et il indiqua la direction de la Qibla avec sa main. Rapporté par Ibn Khouzaïma selon Anas (DAS).

Le mois du Ramadan c’est le sacrifice des plaisirs et des passions par la discipline du jeûne, qui ne se limite pas à se priver de nourriture, mais exige de la douceur, de la bonté pour contrer la mauvaise humeur naturelle aux égos virulents et frustrés. Jeûner, pour le fidèle,  c’est refuser les émotions et les excitations, maîtriser le ventre et les instincts qui en dépendent, gouverner la tête et les idées qui s’y développent. Le jeûne est l’épreuve de purification annuelle qui permet au musulman de retrouver l’équilibre du côté spirituel et de réaliser la victoire sur soi.

Le Prophète (que Dieu répande sur lui Sa Grâce et Sa Paix) a dit : « A l’arrivée du mois de Ramadan, les portes du Paradis s’ouvrent, celles de l’enfer se ferment, les démons sont enchaînés et l’ange annonce : Ô celui qui aspire au bien, approche ! Ô celui qui aspire au mal, abstiens-toi. Et cela dure jusqu’à la fin du mois de Ramadan » Rapporté par Moslim selon Abou Hourayra.

Les portes du Paradis sont ouvertes et les portes de l’Enfer sont fermées : dans le sens où :

– les musulmans aspirent à être bon et à promouvoir de bien

– le bien se propage et se ressent donc le mal se réduit.

– la spiritualité monte en flèche durant cette période de jeûne ; c’est pourquoi les musulmans qui ont fait cette expérience attendent avec nostalgie le retour de ramadan.

Les diables sont enchaînés dans le sens où :

– la prière est belle

– la concentration, la présence à Dieu dans l’adoration est plus forte

– les disputes, les animosités sont réduites

– la fraternité est accentuée

Une fois les esprits imprégnés de la valeur sacrée de ce mois bénie, les cœurs se réveillent et se motivent pour le recevoir, préparer sa venue et déployer les efforts nécessaires afin de le passer de la meilleure manière qui soit.

  1. Avoir bonne intention et être sincère :

Dans le hadith authentique rapporté par Al-Boukhari selon Omar, le Prophète (prière et salut de Dieu sur lui) : « Les actes ne valent que par l’intention ; à chacun selon sa visée … ». Le fidèle sincère et dévoué est celui qui magnifie l’intention, qui lui donne toute son importance, car elle est le secret, le fondement et la quintessence de tout acte d’adoration.

Le mois du Ramadan ne doit guère être la saison de la paresse et de l’oisiveté. Au contraire, c’est un mois où l’on cherche avec insistance la proximité de Dieu.

« Celui qui jeûne le mois de Ramadan avec foi en comptant sur la récompense divine, verra tous ses péchés absous » (Rapporté Al-Boukhâri et Moslim selon Abou Hourayra).

  1. Réciter le Coran :

C’est au cours du mois du Ramadan que  le Coran fut descendu : « Le mois de Ramadan est celui au cours duquel le Coran fut descendu » (s II v 185)….

La simple récitation du Coran et la simple discussion de son sens appellent sur nous un flot d’amour et de paix intérieure. « Chaque fois, dit le Prophète (paix et salut de Dieu sur lui), qu’un groupe de fidèles se réunissent dans une mosquée pour réciter le Coran et discuter entre eux de sa  signification, la miséricorde les recouvre, la paix du cœur descend sur eux et Dieu les mentionne à ceux qui se trouvent en Sa présence » Rapporté par Moslim selon Abou Hourayra.

La révélation faite au Prophète (paix et salut de Dieu sur lui), nous y participons chaque fois que nous lisons le Coran avec toutes nos facultés de présence. Dans un hadith authentique rapporté par Al-Hakem selon Abdallah Ibn Omar (DAS), le prophète (paix et salut de Dieu sur lui) a dit : « Qui récite le Coran embrasse la révélation dans son cœur ; seulement il ne la reçoit pas directement. Celui qui est lecteur assidu du Coran ne doit pas se laisser emporter par les émotions ni devenir violent »[1].

  1. Être et témoigner :

Le mois du Ramadan que nous accueillons ces jours est l’occasion d’un intense témoignage. Être, c’est avant tout cette présence à Dieu. Le fidèle animé par la foi voue son existence, son action à Dieu jusqu’à ce qu’il porte en lui toutes les vertus de la bonté, de l’humilité. C’est l’effort assidu vers la plus royale des victoires : la victoire sur soi. C’est tisser des liens intimes avec le Créateur pour mieux servir les créatures. C’est relever, à la lumière de la spiritualité, le défi de l’amour, amour de Dieu, amour des êtres.
C’est préparer la terre pour qu’elle reçoive la semence, préparer son cœur pour qu’il s’illumine à la rencontre du message afin de mieux porter la responsabilité du témoignage.

Témoigner c’être présent sur le terrain, s’exprimer, expliquer la spiritualité musulmane, sa vocation de paix et de justice. Il faut également avoir un discours clair et précis, oser dénoncer les injustices et se démarquer de toutes les lectures et de toutes les actions qui légitiment la violence.

  1. Avoir bon cœur :

Un cœur habité par l’amour de Dieu et du Prophète (paix et salut de Dieu sur lui) n’en veut à personne sinon à son propre égo.

Supporter les coups durs, renouer les liens d’amour, de compassion avec ceux dont les relations ont été rompues et pardonner à ceux qui nous ont fait du tort parmi nos frères et sœurs. «  Pardonne de la belle manière » (S. 15,V. 85)

Conclusion :

Durant le mois de Ramadan, chacun et chacune de nous doit être à la recherche de la proximité de Dieu, devra également faire tout son possible pour s’attirer la Miséricorde de Dieu, et ce, en répandant l’amour et le bien autour de nous et en multipliant les œuvres pieuses. Sans oublier bien entendu, d’être généreux et de partager avec ceux qui sont dans le besoin. Et accorder une attention particulière à préserver notre jeûne de tout ce qui pourrait le souiller et diminuer ainsi son mérite. Que nos bonnes actions ne soient rien d’autre que la conséquence immédiate de notre amour pour Dieu et pour le prophète (prière et salut de Dieu sur lui).


[1] La révolution à l’heure de l’islam, p. 184.

Le mois de Chaâbane préambule au mois du Ramadan

« Seigneur Dieu! Fais que les mois de Rajab et de Chaâbane soient bénis pour nous et fais en sorte que nous atteignons le mois du Ramadan et que nous puissions profiter au maximum de ses bienfaits »[1].

Dans la vie du fidèle, il y a des moments, des périodes et des endroits où l’accomplissement de bonnes oeuvres est plus opportun, a plus de mérite et plus agréable à Dieu. Le mois de Chaâbane fait partie de ces moments propices pour fortifier sa foi et se rapprocher de Dieu.

Le compagnon Oussama ibn Zaïd raconte : « Le Messager de Dieu (PSDL [2]) jeûnait certains jours d’affilés à tel point que nous pensions qu’il ne s’arrêtait jamais. Et il mangeait certains jours d’affilés à tel point qu’il ne jeûnait plus si ce n’est deux jours par semaine. Il les consacrait séparément au jeûne en dehors des périodes où il jeûnait. Il n’y a pas un mois où il se consacrait le plus au jeûne que pendant le mois de Chaâbane. Je lui posais la question à ce sujet : Cher Messager de Dieu! Tu te consacres au jeûne à tel point que tu ne le romps pratiquement plus. Et tu interromps le jeûne à tel point que tu ne t’y consacres presque plus, si ce n’est deux jours par semaine. (…) En effet, le lundi et le jeudi, les œuvres sont exposées au Seigneur de l’univers, et j’aime être en état de jeûne lorsque mes œuvres Lui sont exposées… Je ne te vois pas autant jeûner les autres mois que pendant celui de Chaâbane. Il m’ a répondu : C’est un mois qui se trouve entre Rajab et Ramadan que beaucoup de gens négligent. Un mois durant lequel les actes sont présentés à Dieu, et je veille à ce que mes actes soient présentés à Dieu alors que je suis en état en jeûne »[3].

Ce hadith nous informe au sujet de l’importance du jeûne chez le Prophète (PSDL) durant l’année et plus particulièrement pendant le mois de Chaâbane. Mais, le seul mois que le Prophète (PSDL) jeûnait en totalité est le mois du Ramadan. Le jeûne du mois de Chaâbane est un stage de préparation pour mieux accueillir le mois du repentir, de l’introspection et de la méditation. C’est un bon entraînement pour préparer son organisme et son esprit afin de vivre pleinement le mois du Coran, de la Miséricorde, de la fraternité et de l’amour en Dieu.

D’après Anas Ibn Malek : « Quand les compagnons du Prophète (PSDL) apercevaient le croissant du mois de Chaâbane, ils se penchaient sur la lecture du Coran. Les musulmans s’acquittaient de leur Zakat (l’aumône légale) pour que les pauvres et les nécessiteux puissent jeûner le mois du Ramadan dans de bonnes conditions. Les commerçants mettaient à jour la gestion de leur commerce. Et aussitôt qu’ils voyaient le croissant de lune du mois de Ramadan, ils se purifiaient et redoublaient d’efforts en terme d’adoration, de bonté et de générosité ».

C’est ainsi que les compagnons du Prophète (PSDL) déployaient les efforts nécessaires pendant le mois de Chaâbane et s’appliquaient sincèrement afin de mieux accueillir le mois du Ramadan.

Pour nous, dans notre contexte et au milieu de nos diverses préoccupations, comment profiter du mois de Chaâbane et préparer au mieux la venue du mois béni du Ramadan.

Quelques éléments de réponse :

• Demander à Dieu sincèrement de nous permettre de profiter de ces instants bénis afin que nous puissions goûter à la douceur de Sa présence et de Sa proximité.
• Se réconcilier avec Dieu et se repentir sincèrement de l’ensemble de nos maladresses.
• Jeûner, dans la mesure du possible, surtout la première moitié du mois de Chaâbane, en veillant particulièrement à ne pas rater les lundis et jeudis.
• Se pencher sur la lecture du Coran, le méditer et le goûter.
• Donner, aider et soutenir. Parmi les gages de véracité, le don est le plus concret et le plus quotidien.
• Persévérer et s’appliquer dans l’accomplissement de nos prières.
• Être présent Dieu, se souvenir de Lui et Le mentionner inlassablement (dhikr).
• Implorer le pardon de Dieu pour nos fautes, nos manquements et nos négligences.
• S’habituer à accomplir la prière nocturne, notamment le dernier tiers de la nuit. En effet, la prière la plus agréable à Dieu après la prière obligatoire et celle effectuée au cours de la nuit.
• Avoir la résolution sincère de corriger sa manière d’être et d’agir, de mieux se comporter et de réaliser une mutation éthique.
• Avoir bon cœur. Un cœur habité par l’amour de Dieu et de Son Messager n’en veut à personne. Supporter les coups durs, préserver les liens d’amour et de compassion et pardonner à ceux qui nous ont fait du tort.
• Enfin, avoir bonne intention et être sincère. Le fidèle connaît l’importance de l’intention, et sait qu’elle est le secret, le fondement et la quintessence de toute acte d’adoration.

Durant cette période bénie, chaque fidèle soucieux de sa complétude morale et de son accomplissement spirituel, doit faire tout son possible pour s’attirer la Miséricorde de Dieu, et ce, en répondant l’amour, la paix, le bien et en multipliant les œuvres pieuses. Sans oublier, bien entendu, d’être généreux et de partager avec ceux qui sont dans le besoin. Que nos bonnes actions ne soient rien d’autre que la conséquence immédiate de notre amour pour Dieu, pour Son Messager (PSDL) et pour les êtres.

[1] Rapporté par Ahmed et An-Nassaî.
[2] PSL : paix et salut de Dieu sur lui.
[3] Rapporté par l’Imam Ahmed, An-Nassaî et Abou Daoud.

Entretenir sa foi, la renouveler, la renforcer et la consolider

Discours du vendredi 01 juin 2012 de l’imam Omar MAHASSINE à la grande  mosquée de Mantes la Jolie sous le thème : Entretenir sa foi, la renouveler, la renforcer et la consolider.

Pour écouter le discours du vendredi cliquer ici

Le prophète (PSL) a dit : « Certes, la foi s’use dans le cœur comme s’use le tissu. Comment renouvelle-t-on notre Ô Prophète ? Il a répondu : répétez inlassablement : Il n’y de Dieu que Dieu. [1]

La foi du fidèle, s’ elle n’est pas entretenue, par l’effort dans la pratique, est amenée à baisser, à s’éteindre. D’ailleurs, comme disait le compagnon Abou Darda’ : Le fidèle, conscient de ses responsabilités et  soucieux de sa relation avec Dieu, examine sa foi de manière régulière pour savoir si elle augmente ou elle baisse.


[1] Rapporté par Rapporté par l’Imam Ahmed, Al Hakem et Tabarani selon Abou Hourayra.

Tirer profit de son temps.

Discours du vendredi 25 mai 2012 de l’imam Omar MAHASSINE à la grande  mosquée de Mantes la Jolie sous le thème : tirer profit de son temps, mieux exploiter son temps, la valeur du temps pour le musulman.

Pour écouter le discours du vendredi cliquer ici

Pour aller plus loin :

Le temps est considéré comme le capital le plus précieux de l’Homme. C’est la période de son séjour terrestre ; chaque être humain sera interrogé le Jour de la Résurrection sur ses actes et son temps. Moâ’dh Ibn Jabal rapporte que le Prophète (PSL) a dit : « Le Jour de la Résurrection, personne ne bougera d’un pouce avant d’être questionné sur quatre points essentiels : sur sa vie, comment l’a-t-il vécue, sur sa jeunesse, comment l’a-t-il abordée, sur sa richesse, comment l’a-t-il acquise et comment l’a-t-il dépensée, sur son savoir, comment l’a-t-il utilisé ».[1]

Le temps constitue le champ de l’existence de l’Homme, l’espace où il agit et profite de son existence. Le Noble Coran a souligné la grandeur de ce bienfait parmi les bienfaits fondamentaux. Il a mis en valeur sa prééminence sur les autres bienfaits, et ce, grâce aux nombreux versets montrant la valeur du temps, son rang distingué et l’ampleur de ses conséquences.

C’est ainsi que Dieu, exalté soit-Il, a juré par le temps et par certaines de ses parties au début de nombreuses sourates tels : le jour, la nuit, l’aube, la matinée … Parallèlement, il faut noter que quand Dieu jure par certains éléments de Sa création, Il veut par là en indiquer l’importance, en souligner la pertinence et d’y attirer l’attention. Dieu dit dans le Saint Coran :

« Par l’Aube ! Et par les dix nuits » (S. 89 ; V. 1, 2)

« Par la nuit quand elle enveloppe tous ! Par le jour quand il éclaire ! » ( S. 92 ; V. 1, 2)

« Par le Jour Montant ! Et par la nuit quand elle couvre tout ! » (S. 93 ; V. 1, 2)

« Par le Temps ! L’homme est certes, en perdition » (S. , Verset1et 2)

L’Islam recommande le respect du temps et sa bonne gestion. Être conscient de ses responsabilités, apprécier le temps à sa juste valeur et en profiter pour être utile à soi, à sa famille, à sa société et promouvoir le bien   est un signe la foi du fidèle se porte bien.

Le Prophète (PSL) a dit : « Il y a deux bienfaits que de nombreuses personnes n’apprécient guère à leur juste valeur et ne les utilisent pas à bon escient : la santé et le temps libre ».[2]

Le vrai musulman apprécie hautement le temps parce qu’il est sa vie. Son temps doit être comme un budget qu’il dépense de manière intelligente. S’il se montre négligent et insensible à la perte du temps en le gaspillant à tort et à travers, il participe à sa propre perte par cette attitude irresponsable.

[1] Rapporté par At-Tirmidhi et déclaré authentique par Al-Albani.

[2] Rapporté par Boukhari.

Commentaire du Coran : sourate Al ‘Asr  » Le Temps « 

Le temps est considéré comme le capital de l’homme. C’est la période de son séjour terrestre ; chaque humain sera interrogé le Jour de la Résurrection sur ses actes et son temps. L’éthique musulmane aide le fidèle à mieux gérer son temps et améliorer son exploitation et ce, en trouvant un équilibre entre ses besoins corporels vitaux d’une part et ses besoins spirituels d’autre part, ainsi qu’à l’inciter à être bon et à promouvoir le bien. Le temps est une des plus importantes ressources que nous ayons. Malheureusement nous ne nous en rendons pas toujours compte.

Se prémunir de la Perdition

La Sourate Al-‘Asr, «Le Temps» est une courte sourate qui nous offre un excellent enseignement et un profond rappel.  Elle nous enseigne justement que l’Homme s’expose à la perdition s’il n’exploite pas son temps convenablement.

L’Imam Al-Sahfi’i  disait :  « Si Dieu n’avait révélé que cette sourate, elle aurait suffit à mieux guider  les gens ».

L’exégète Al-Aloussi disait : « si les gens méditaient sincèrement cette sourate, elle aurait suffit »

 

Dieu dit:

وَالْعَصْرِ، إِنَّ الْإِنسَانَ لَفِي خُسْرٍ، إِلَّا الَّذِينَ آمَنُوا وَعَمِلُوا الصَّالِحَاتِ وَتَوَاصَوْا بِالْحَقِّ وَتَوَاصَوْا بِالصَّبْرِ

Transliteration phonétique

  wal ‘aṣr(i); inna l-insāna la-fī khusr(in); illā l-ladhīna āmanu wa-‘amilu ṣ-ṣāliḥāti wa-tawāsaw bil-ḥaqqi wa-tawāsaw biṣ-abr(i).

Essai de traduction  

  Par le Temps ! L’homme est certes, en perdition, sauf ceux qui ont la foi, font œuvres bonnes, s’enjoignent mutuellement la vérité et s’enjoignent mutuellement la patience.

 

L’importance du temps

Dieu jure par le Temps, le prend à témoin et lui consacre une sourate entière ;  afin de montrer à l’homme qu’il sera perdant s’il ne réalise pas la véritable valeur du temps qui lui est accordé. Il est important de noter que quand Dieu, exalté soit-Il, jure par certains éléments de Sa création, il veut par là en indiquer l’importance et la grandeur et, du coup, y attirer l’attention et en souligner la grande pertinence.

Le temps est la plus précieuse des ressources que l’homme ait en sa possession. La quantité maximale dont nous en disposions, est notre durée de vie, qui elle-même ne peut être connue de personne et dont la fin peut advenir à tout moment, que nous y soyons préparés ou non.

Le temps est une ressource non renouvelable : chaque instant éteint, l’est définitivement. Il ne peut être rattrapé, ni se répéter et on ne peut l’arrêter. Que nous l’utilisions à notre avantage ou non, il passe, et passe rapidement.

Il apparaît donc indéniable que notre succès repose sur une utilisation judicieuse, efficace, et bénéfique de notre temps. Plus une personne est vigilante vis-à-vis de cela, plus il est sur la voie du succès et non de la perdition. Le fugacité du temps nous enseigne que le fidèle conscient et avisé exploite son temps dans ce qui est utile à sa foi, à sa famille, à sa société ; il aspire à un meilleur être moral et spirituel et à être bon et promouvoir le bien.

Quelques éléments pour mieux gérer son temps

Sourate al-‘Asr insiste donc principalement sur quatre éléments-clés du succès qui sont : l’Iman (la foi), l’accomplissement d’œuvres pies et durables, la lutte commune pour la Vérité et l’encouragement mutuel à la patience et à l’endurance.

De cette courte sourate nous apprenons donc que pour éviter d’être perdants, il faut :

  •      Investir son temps dans ce qui est utile à soi et utile à autrui et agir conformément à notre référentiel spirituel.
  •       Accomplir des actes utiles qui permettent un ancrage spirituel et en même une présence et une participation à l’essor de la société. Perfectionner son œuvre afin d’atteindre l’excellence spirituelle et morale.
  •       S’engager activement pour promouvoir la justice et la vérité ; et être à la hauteur de nos responsabilités et de nos engagements.
  •       Avoir un effort assidu dans la pratique, en vue de mieux être et mieux servir.
  •       Effectuer un examen de conscience permanent afin d’aspirer à être meilleur moralement et spirituellement ; meilleur devant Dieu, humble devant les êtres humains.
  •       Rester constants et endurants dans l’accomplissent de nos œuvres et s’encourager mutuellement à honorer nos engagements vis-à-vis de Dieu.

Le temps et les ressources dont chacun dispose doivent être dépensés en vue de créer un environnement et une dynamique pour la promotion de la justice et l’équité, avec persévérance, avec douceur et miséricorde.

Vivre la foi, aspirer à un meilleur être moral et spirituel, promouvoir la justice et la vérité, dans la douceur, dans la clémence, dans la transparence et s’enjoindre mutuellement à le faire. Ce sont les ingrédients pour honorer notre engagement envers Dieu et servir Sa cause comme il se doit.

 

« عند نفسك من الغفلة ما يكفيها »

سأل سائل الإمام ابن الجوزي رحمه الله قائلا : « أيجوز أن أفسح لنفسي في مباح الملاهي »، فأجابه : «عند نفسك من الغفلة ما يكفيها». (1

 

الداعية المؤمن، المسؤول, اليقظ، الطالب للإحسان, حامل أعباء التربية والجهاد، يحرص أشد الحرص أن لا يسقط في أوحال الغفلة. قد فطم نفسه عن اللهو المؤدي إلى الغفلة عن الله، والغفلة عن الآخرة والمصير. معاملته دعوة، تصرفاته دعوة، جدُّه وهزلُه دعوة. حياته ترجمة لحقـائـق دعوته ومعـاني إيمـانه

 

لا يزهد أبدا بوقته عن تبليغ دعوة الله، ولا يترك الفرصة تضيع من يديه لاستشراف مواقع القوة والتأثير، أو اتخاذ زمام المبادرة إلى الحركة والعطاء، أو إيجاد فرص التواصل مع الغير، أو غشيان المجالس بالكلمة الطيّبـة. لأنه حامل لمشروع جليل يهدف إلى تغيير الإنسان، ويسعى إلى غرس بذور الخير في النفوس

يتذكر دوما أن الآخرة سباق واستباق وأن الوقت هو رأس ماله في الحياة الدنيا، كل يوم يمر إلا ويزيده من منيته اقترابا؛ من أجل ذلك فهو ينافس في الخير والعطاء، ويخلّد أيامه بالعمل الصالح الذي يصعده ويرقيه. كثـير عمله، قليل زلـلـه، جواد لله بالعطاء وللناس بحسن الخلق والرضا. كـلامه منفعة، وصحبته رفعة. يرفع لنفسه ذكرها بسيرته الطيبة وآثاره الحسنة في الأرض، يقول الشاعر أحمد شوقي     

دقـات قلب المرء قائلـة لـه *** إن الحياة دقـائق وثوان
فارفع لنفسك بعد موتك ذكرها *** فالذكر للإنسان عمر ثان

 

قد اتعظ بقول الصحابي الجليل عبد الله بن مسعود رضي الله عنـه : «ما ندمت على شيء ندمي على يوم غربت شمسه ، نقص فيه أجلي، ولم يزد فيه عملي»

 

قال ابن القيم رحمة الله عليه في مدارج السالكين : « فالوقت منقض بذاته، منصرم بنفسه، فمن غفل عن نفسه تصرّمت أوقاته، وعظم فواته، واشتدت حسراته ». المؤمن الحازم، قد نظر في العواقب نظر المراقب، فترك الفراغ, وانتبه من رقدة الغفلة, وبذل قصارى الجهد في خدمة دعوة الله. علم يقينا أنه لن يستقيم أمره ولن تصح مروءته ما دام يطلب الراحة لنفسه، ولا يعطي للدعوة إلا فضول أوقاته. فالراحة العظمى راحة الجنة، والأفراح الحقيقية أفراح الآخرة. ولذلك لما سُئل الإمام أحمد رحمه الله : « متى يجد العبد طعم الراحة ؟ قال : عند أول قدم يضعها في الجنة »

 

أبو الدرداء رضي الله عنه قال : «أضحكني : مؤمل دنيا، والموت يطلبه. وغافل، ليس بمغفول عنه. وضاحك بملء فيه ولا يدري آرضى الله أم أسخطه(2   ».

الغفلة داء عضال، صاحبه غريق وتائه لا يبدو له طريق. داء متربص بالمؤمنين حتى ينسوا الله عز وجل فينسيهم أنفسهم، فتقسوا القلوب من ترك ذكر الله. والعلاج أن نتداعى إلى المجالس التي يباهي بها الله عز وجل ملائكته، فنذكره حق الذكر، ونستمطر رحمته، ونعتذر إليه عن التقصير، ونتوب إليه من الذنوب

 

عن أنس رضي الله عنه قال : «كان عبد الله بن رواحة رضي الله عنه إذا لقي الرجل من أصحاب رسول الله صلى الله عليه وسلم قال : تعال بنا نؤمن ساعة. فقال ذات يوم لرجل، فغضب الرجل. فجاء إلى النبي صلى الله عليه وسلم فقال : يا رسول الله، ألا ترى إلى ابن رواحة يرغب عن إيمانك إلى إيمان ساعة. فقال النبي صلى الله عليه وسلم : يرحم الله ابن رواحة، إنه يحب المجالس التي تتباهى بها الملائكة» ( 3

هذه المجالس هي المخرج من سجن الغفلة، تذكر المرء إذا نسي، وتعينه إذا ذكر، وتقويه إذا ضعف. ومن المعلوم أن المؤمن ليس ملكا منـزها، قد يصيـبه بعض الفتور، وقد تعتريه لحظة تقصير أو رقدة غفلـة ؛ لكن عليه أن يكون خفيف الرُّقاد، حي السُّهاد، متطلعا إلى نيل الزلفى ممن هو المستعاذ به والملاذ

بقلم عمر محاسن


الهوامش:
(1) ذيل طبقات الحنابلة 1/422
(2) الزهد لابن المبارك.
(3) رواه الإمام أحمد بإسناد حسن


L’oubli et l’insouciance (al ghafla) : الغفلة

Discours du vendredi 18 mai 2012 de l’imam Omar MAHASSINE à la grande mosquée de Mantes la Jolie sous le thème : L’oubli et l’insouciance (al ghafla).

Dieu dit : « Et invoque ton Seigneur en toi-même, avec humilité et crainte, à mi-voix, à l’aube et au soleil couchant et ne sois pas du nombre des insouciants. » [ S 7 – V 205 ]

L’insouciance est un poison mortel pour la foi du fidèle, car celui ou celle qui vit sous l’emprise de l’insouciance (al ghafla) vit dans une course effrénée  derrière le profit, le matérialisme illusoire et dévastateur loin du souvenir de l’Eternel et sans penser intensément à Sa rencontre ultime.

Les insouciants, sont ceux qui sont distraits, loin du souvenir de l’Éternel. Ce souvenir est la preuve que le fidèle croyant ne vit pas dans l’oubli et l’insouciance (ghafla) de Son Créateur, mais plutôt en Sa Présence.

L’insouciance est à l’origine des désobéissances, car elle pousse l’être humain à vivre en oubliant en oubliant son Créateur, à vivre dans une totale abstraction du rendez-vous inéluctable : la rencontre du Seigneur. Un cœur présent à Son Seigneur  et animé par la foi ne peut désobéir à Dieu. Sahl Tustarî disait : « Je ne connais pas une désobéissance plus grave que l’oubli de Son Seigneur. »

le dhikr reste le moyen le plus efficace se libérer de l’insouciance et de l’oubli, pour lutter contre la distraction et la dispersion dues aux aléas de la vie quotidienne. Se souvenir  de Dieu est la preuve que le fidèle ne vit pas dans l’oubli et l’insouciance (ghafla) de Son Créateur, mais plutôt en Sa Présence. IL permet également d’assurer une présence spirituelle vivante et vivifiante qui permet au fidèle de participer avec tout son être à l’adoration de Dieu.

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