Archives par étiquette : Halal

Réflexion autour du Halal et de ses dimensions

Sans titre

Le Halal est un marché gigantesque et ne cesse de prendre une part croissante au sein de la société. Les industries agroalimentaires et la grande distribution tentent depuis plusieurs années à s’emparer de ce  marché florissant.

Nous assistons à une démultiplication foisonnante de produits  dits « halal ». Désormais, le label « Halal » ne concerne pas seulement  la viande,  mais toute une gamme de nouveaux produits : « dentifrice halal », « Whiskey halal», « business halal », «tourisme halal», « sex toys  halal », « cosmétiques halal », « produits financiers halal ou chariâ compatible» … Une obsession de tout « halaliser » pour se faire un maximum de profits, jusqu’à proposer des produits qui ont en totale contradiction avec l’identité spirituelle des musulmans.

Pour certains, le Halal est un business juteux, alors que pour le fidèle musulman animé d’une foi et soucieux de son accomplissement spirituel, le Halal est un mode de vie, une manière d’être, d’agir et de consommer. Le Halal interroge notre manière de vivre et gagner notre vie en posant la question de la conscience, de la responsabilité et de l’éthique.

Il est important de rappeler que la nourriture Halal,  doit répondre nécessairement à un certain nombre d’exigences, parmi lesquelles :

  • Elle est licite en soi, c’est-à-dire qu’elle ne fait pas partie des choses dont la consommation est interdite dans les textes comme le porc, l’animal qui n’a pas été sacrifié et contrôlé conformément à la façon rituelle, les animaux carnivores, les animaux répugnants, les animaux dont la nourriture consiste en des éléments impurs, le sang, l’alcool …

 

  •  Elle ne contient pas d’élémentsillicites (Hâram), comme de l’alcool, de la gélatine porcine ou des aliments provenant d’animaux non sacrifiés rituellement…
  •  Elle n’a pas été contaminée par des matièresillicites.
  •  Elle n’a pas été obtenue par un moyen illicite.
  • Elle n’a pas été acquise avec de l’argent obtenue de façon illégale.

Certes, le besoin premier de tout être vivant est de se nourrir, mais ce besoin doit être satisfait avec conscience et éthique. Manger et donner à manger sont des actes simples par lesquels s’éprouve le bien-être, la vitalité spirituelle et se vit la solidarité.

En effet, la nourriture a une incidence directe sur notre relation Dieu. Dieu dit : «  Ô Messagers ! Mangez de ce qui est licite et agréable  et faites de bonnes œuvres »[1].  Les exégètes du Coran soulignent que l’injonction de manger de la nourriture  « halal » c’est-à-dire pure et saine est liée intimement à l’accomplissement de bonnes œuvres. Le respect du premier entraîne nécessairement l’accomplissement et l’agrément du second.

Donc consommer Halal et se garder des choses douteuses, c’est préserver sa foi et fortifier sa spiritualité. En revanche, être laxiste vis-à-vis du halal et se laisser aller à consommer des aliments dont le caractère douteux est avéré nuit gravement à notre relation à Dieu et met en péril l’exaucement de nos invocations et de nos bonnes œuvres. Dans le hadith authentique : « Dieu est Bon et n’accepte que ce qui est bon. En outre, Dieu a prescrit aux fidèles ce qu’Il a prescrit aux Messagers. Car Il a dit d’une part : «  Ô Messagers ! Mangez de ce qui est licite et agréable  et faites de bonnes œuvres » (S. 23, V. 51) et d’autres part, Il a dit : «  Ô vous qui avez cru ! Mangez des choses bonnes et pures de ce que Nous vous avons octroyé » (S. 2, V. 172). Puis il mentionna le cas de l’homme qui prolongeant son voyage, tout hiruste et poussiéreux, tend les mains vers le Ciel en implorant : « Ô Seigneur ! Ô Seigneur ! … » alors que sa nourriture est illicite, sa boisson est illicite, son habit illicite et qu’il s’est nourri de choses illicites.  Comment serait-il exaucé ? ».[2]

 Le musulman doit déployer les efforts nécessaires pour développer en soi l’affluent de la foi nommé « al-wara’ » : le scrupule. Le scrupule correspond à l’abandon de ce que Dieu a déclaré illicite. C’est dans ce sens que le Prophète (PSDL) dit à Abou Hourayra (DAS) : « Garde-toi des choses illicites tu seras parmi les meilleurs adorateurs de Dieu ».[3]  Dans une autre version : « Sois scrupuleux tu seras le plus adorateur parmi les gens », autrement dit, garde-toi de ce que Dieu a interdit comme nourriture, boisson, vêtements ou transactions. Garde-toi des choses illicites et des choses douteuses, tu préserveras ton intégrité spirituelle et tu consolideras ta foi. Le Messager de Dieu (PSDL) disait à son compagnon Ka’âb Ibnou ‘Oujrah (DAS) : « Ô Ka’b Ibnou ‘Oudjrah ! Tout corps qui se nourrit  d’illicite mérite  le Feu de l’Enfer »[4].

 Il est plus qu’urgent que les musulmans fassent de réels efforts pour garantir une consommation halal, car l’agrément de leurs invocations et de leurs œuvres en dépend.

Par ailleurs, consommer Halal, aujourd’hui, c’est développer une réflexion d’ensemble sur la manière    dont on pourrait se nourrir, à notre époque, de façon éthique, responsable et en accord avec notre référentiel spirituel. Cela nécessite, entre autres, de s’assurer que :

  •  Les produits respectent strictement la norme Halal et ont été contrôlés par des compétents, des précis, des incorruptibles. Des compétents, tant en compétence morale qu’en compétence technique, car souvent la compétence morale fait défaut chez nous plus que la compétence technique. Des gens animés par le souci de mieux servir la communauté et non pour se faire un maximum de bénéfices.
  • Le respect de l’animal est omniprésent.
  • Les produits sont fabriqués dans des conditions dignes : respect de la personne humaine, de bonnes conditions de travail …
  • Le respect de l’environnement est respecté.
  • La consommation lutte contre les inégalités et s’engage pour une juste répartition des bénéfices entre les acteurs de la filière depuis la production jusqu’à la consommation.

Cette réflexion n’est qu’une ébauche qui mérite de plus amples développements, donc à suivre incha’Allah.

[1] Coran, sourate 23, verset 51.

[2] Hadith rapporté par Moslim selon Abou Hourayra.

[3] Hadith rapporté par At-Tirmidhi.

[4] Sounan out Tirmidhi. Authentifié par Al Albâni

Le mariage ne peut se résumer à une simple « Fatha »!

Aujourd’hui en France, pour sceller leur union, beaucoup de musulmans se contentent d’une simple lecture de la Fatiha en présence d’un imam et de deux témoins, au lieu d’établir un acte de mariage officiel à la mairie. Ce phénomène prend des proportions inquiétantes au vu des préjudices qu’il engendre, souvent alarmants, voire dramatiques.

On désigne par la « Fatha »[1] un mariage officieux qui se déroule oralement. Par le passé, cette pratique, était répandue dans les pays du Maghreb, étant donné l’éloignement de l’administration civile. Les gens se contentaient d’une parole donnée pour sceller ou déclarer un mariage. La dimension de l’honneur et de la parole donnée était engagée. C’est pourquoi, beaucoup de familles musulmanes concluaient le mariage par la simple lecture de la « Fatha ». C’était un contrat moral très respecté, un cadre protecteur, engageant toute une famille, toute une tribu. Mais qui, au demeurant, ne  respecte pas les consignes du « fiqh », droit musulman. Aujourd’hui, la « Fatha » ou ce qu’on appelle communément « le hlal » s’est banalisé.

La religion musulmane considère les relations entre femmes et hommes, désirant fonder un foyer, comme étant des plus nobles. Toute personne prétendant au mariage doit se soumettre aux conditions édictées par le droit musulman qui sont, entre autres, la demande (al khotba) et l’acceptation, la dot, les témoins et l’officialisation de l’union par les services de l’état civil. En l’absence de ces éléments, la relation est considérée comme nulle et non avenue ; et il n’y a pas lieu de parler de « halal ».

Le mariage en islam, est une alliance  bénie, respectueuse, un lien fort entre un homme et une femme, où il s’agit de partager, de donner, de se donner mais aussi de recevoir. C’est un projet de vie où chacun doit déployer les efforts nécessaires pour répandre l’amour, l’harmonie et l’affection. Dieu qualifie le mariage dans le Coran de « Mithaq Ralidh »[2], ce qui signifie : un pacte solennel, une alliance forte et précise dans ce cadre qu’il doit être consigné par écrit.

Chacun sait, que la « Fatha » n’est pas un mariage et peut aboutir à la rupture pure et simple, laissant femmes et enfants à leur triste sort, sans qu’ils ne puissent valoir leurs droits en l’absence d’un document officiel prouvant la relation conjugale. La « Fatha » est un moyen pour se désengager facilement et, par conséquent, de se délier des obligations financières et morales qu’engendre le mariage. Il faut noter également, que l’imam qui scelle un mariage par une simple Fatiha, n’a ni les moyens ni les attributions légales pour veiller à sa pérennité et pour garantir les droits de chacun des époux.

Le Cheikh Salman Ibn Fahd Al-Oadah affirme que : « La lecture de la Fatiha n’est pas un contrat de mariage et ne constitue pas un substitut à l’acte de mariage, mais c’est une annonce de l’intention de faire l’acte de mariage dans le futur. Elle ressemble aux fiançailles, et plus exactement, elle est considérée être les fiançailles dans certains pays, et il ne résulte de la lecture de la Fatiha aucun engagement »[3].

Le Conseil Européen de la Fatwa et de la Recherche a souligné, lors de sa quinzième session, l’importance et la nécessité, pour les musulmans d’occident, de notifier les contrats de mariage auprès des autorités civiles compétentes afin de garantir les droits des deux époux, les droits de paternité, et d’éviter le risque de désaveu du lien matrimonial par l’un des deux époux.

Dieu a ordonné explicitement, dans le Coran,  l’engagement par écrit lorsqu’il s’agit de dettes : « Ô les croyants ! Quand vous contractez une dette à échéance déterminée, mettez-la en écrit ; et qu’un scribe l’écrive, entre vous, en toute justice ; […] Ne vous lassez pas d’écrire la dette, ainsi que son terme, qu’elle soit petite ou grande : c’est plus équitable auprès de Dieu, et plus droit pour le témoignage, et plus susceptible d’écarter les doutes »[4]. Il s’agit d’un commandement divin concernant le commerce et les dettes, car les écrits préservent les droits. À plus forte raison, nous devons recourir aux écrits officiels lorsqu’il s’agit d’une alliance entre deux êtres pour préserver l’honneur et les liens familiaux. « Ô vous avez cru ! Honorez fidèlement vos engagements et vos contrats »[5].

Il est unanimement connu que la rédaction et l’enregistrement des contrats auprès des autorités en place, de quelque type qu’ils soient, sont ordonnés par le droit musulman.

Depuis plusieurs années, on sensibilise les musulmans et les imams en France, de ne célébrer la cérémonie de la Fatiha qu’après avoir vérifié, au préalable, l’officialisation de l’union par un acte de mariage établi par les services de la mairie. Mais, malheureusement,  il y a encore des personnes qui ne respectent pas cette disposition, et par conséquent, le phénomène persiste et prend une ampleur considérable. Etre intimement fidele à sa foi, c’est consigner son mariage par un écrit officiel et  ainsi assumer ses responsabilités afin d’honorer ses engagements.

Il est temps de dénoncer le mariage officieux, scellé par la simple lecture de la Fatiha, car il trahit l’essence même du message de l’islam. Beaucoup de musulmans amalgament souvent les pratiques culturelles avec les principes islamiques et pensent, à tort, que la « Fatha » est le vrai  mariage islamique. C’est au nom de notre spiritualité que nous devons dénoncer le mariage officieux, scellé par la simple lecture de la Fatiha. Nous devons également sensibiliser et interpeller la conscience de la communauté musulmane afin de mettre un terme à cette pratique qui trahit les principes de  l’islam.


[1] « Fatha » signifie lecture de la « Fatiha » la première sourate du Coran.

[2] Sourate 4, verset 21.

[4] Sourate 2, verset 286.

[5] Sourate 5, verset 1.