Le cheikh Abdessalam Yassine, continuer son œuvre
Il y a huit ans jour pour jour, un homme de Dieu, un parangon de vertu, le cheikh Abdessalam Yassine nous a quittés, rappelé par le Clément, le Compatissant. Que Dieu L’accueille dans Sa Proximité et L’enveloppe de Son Amour.
Cette date anniversaire de sa disparition doit nous amener à nous interroger sur sa pensée, sur son œuvre, sur sa rectitude morale et politique, sur son intégrité et sur sa non compromission avec le pouvoir. L’imam Abdessalam Yassam demeure un modèle de piété et d’humilité, fidèle à ses principes qui ne sont pas négociables. De par son parcours, sa vie a été une belle leçon de courage, d’abnégation et de don de soi. Il a fait don de sa vie et de ses biens au service de son projet : mieux être et mieux servir ; Dieu ainsi que les êtres humains.
Plus que l’engagement pour la cause de Dieu, ce qu’il faut retenir du cheikh Abdessalam Yassine, c’est sa piété et sa profonde spiritualité. Dans une société minée par les injustices et la corruption, il avait conservé sa probité et dénonçait les injustices en payant le prix fort pour ses opinions et ses positions face au pouvoir politique.
Le cheikh Abdessalam Yassine, lors de ses rencontres avec ses adeptes et ses visiteurs, prenait le temps de donner à chacun et chacune des repères dans un monde sans repères, d’encourager, de guider et d’enseigner avec confiance, douceur et bienveillance des valeurs en posant la question du sens, de la spiritualité et de la dignité humaine.
Il a toujours montré l’exemple, celui d’un homme brillant, généreux, attentif, courageux, passionné et humble, qui n’a cessé de donner le meilleur de lui-même au service des autres, au service de son pays. Il a voulu rendre ce monde meilleur, plus constructif où la justice, la spiritualité, la solidarité et la dignité humaine sont les maîtres-mots.
Parallèlement, le cheikh Abdessalam Yassine a déployé les efforts nécessaires pour éveiller la conscience du monde musulman qui se contente, désormais, du rôle de suiveur et ne propose aucune alternative à un ordre mondial qui génère autant d’injustices et creuse davantage d’inégalités.
Le cheikh n’a cessé d’enseigner aux musulmans de rester fidèle à leur référentiel spirituel. Il n’a également cessé de susciter l’esprit d’initiative et de dénoncer l’esprit moutonnier qui affecte les musulmans les dispensant ainsi de réfléchir et d’agir efficacement. Il a montré la voie pour ne pas baisser les bras et justifier son défaitisme par sa passivité. Celle de se réveiller, de prendre conscience de ses responsabilités, de comprendre les enjeux afin de faire face aux épreuves avec foi, courage, sagesse et détermination et résister pour se libérer et s’émanciper.
Merci pour tout ce que vous avez fait pour nous, pour le bonheur que vous nous avez offert de vous connaître, pour tout ce que vous avez transmis comme valeurs, pour votre savoir, votre écoute, votre modestie et surtout votre disponibilité.
Aujourd’hui, où sommes-nous vis-à-vis de son œuvre, de sa pensée, de ses conseils spirituels et ses orientations bienveillantes qui manquent énormément de nos jours. Tout fidèle, soucieux de sa complétude et son accomplissement spirituel, qui a côtoyé l’imam doit interroger sa foi, sa pratique, sa présence et son rayonnement dans le monde. Est-il engagé et en mouvement dans la voie que le cheikh Abdessalam Yassine a tracé, ou bien à l’arrêt, ou bien les pièges de l’insouciance (al ghafla) l’ont enchainé et le laisser-aller l’a aliéné.
En tant qu’acteurs musulmans du terrain, aspirant à un meilleur être moral et spirituel, s’inscrivant dans l’école de pensée et dans la démarche de réforme de l’imam Abdessalam Yassine, nous avons besoin aujourd’hui d’éduquer nos cœurs, de vivre une spiritualité active. Nous avons, également, besoin de goûter la douceur de la foi afin d’avoir un éclairage sur nous-mêmes et sur le monde. Nous avons besoin de mieux porter le message de justice et spiritualité, message dont il faut devenir le meilleur des modèles, pour témoigner de notre foi et être devant les humains un rappel, une miséricorde jamais une contrainte.
Je me souviens que lors d’une conférence de presse, il a été interrogé sur son projet de société. Il a répondu : « primo : l’éducation ; secundo : l’éducation ; tertio : l’éducation ». Effectivement, dans un monde qui se déshumanise de plus en plus, un monde violent et en souffrance qui ne produit ni épanouissement ni libération mais uniquement des dépendances et des frustrations, l’éducation est le moyen le plus efficace qui nous permet de changer le monde. Sans éducation, nous sommes désarmés, manipulés et instrumentalisés à nos dépens.
L’imam Abdessalam Yassine n’a cessé de rappeler que la vie d’ici bas est éphémère, et qu’au final chaque être, quel que soit son rang ou son statut social, va à la rencontre de Dieu pour sûr. Il faut penser intensément à ce rendez-vous inéluctable et agir consciencieusement. Aspirer à l’excellence et le bel-agir afin de réaliser la victoire sur soi, s’éduquer, se former pour mieux se réformer et s’engager pour réformer la société.
Le cheikh Abdessalam Yassine nous a légué un héritage spirituel considérable, qui demande d’être, d’agir et de témoigner. Qui exige un engagement sans relâche, une patience sans faille et une intelligence du cœur. Il nous appartient aujourd’hui de s’approprier sa pensée, d’en être les dignes héritiers et de continuer son œuvre de paix et de justice. Nos prières sont à la hauteur de notre respect et de l’amour que nous lui portons, que Dieu l’agrée parmi Ses bien-aimés.
Par Omar MAHASSINE
Mâcha Allah que Dieu vous récompense pour ce beau témoignage et cet important rappel amine.