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[Vidéo : résumé du prêche du vendredi] Être pour Dieu et agir

Bon Vendredi à toutes et à tous. Profitez de ce jour béni en allant prier à la mosquée si vous le pouvez. Voici une vidéo qui résume notre prêche du vendredi « Etre pour Dieu et agir ». Un bon rappel à partager.

Un retour sincère à Dieu

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Les musulmans ainsi que l’ensemble de l’humanité abordent une nouvelle année. C’est l’occasion pour chacun de faire le bilan de la période révolue de sa vie et de prendre de bonnes résolutions. Pour le fidèle, soucieux de sa complétude morale et de son accomplissement spirituel, c’est l’occasion d’examiner sa conduite, d’interroger sa pratique religieuse, de purifier son âme et de donner du sens et de la cohérence à son engagement.

Le fidèle doit entamer un véritable travail sur soi pour réaliser un retour sincère à Dieu, de faire son propre exil du mal, du péché de l’insouciance et en purifiant son cœur de tout ce qui peut rompre son lien avec Dieu.

Cette nouvelle année doit amener chacun et chacune à faire son bilan. Le fidèle doit savoir si, dans sa relation avec Dieu, il était en progression ou en régression. Si les bonnes actions l’emportent sur les mauvaises, le fidèle doit remercier Dieu et L’implorer de lui permettre de goûter la douceur de la foi et persévérer dans Sa voie. Et si les mauvaises actions dominent les bonnes, alors le fidèle doit se dépêcher de réaliser sa Tawbah, son retour sincère à Dieu, rectifier le tir et prendre les fermes résolutions de ne pas récidiver.

Un retour sincère à Dieu consiste, après avoir reconnu ses erreurs, à éprouver du regret de les avoir commis et à prendre la ferme résolution de ne pas rechuter. Il n’est pas donné à l’homme d’être infaillible, seuls les hommes de Dieu par excellence font exception. Le fidèle doit être vigilant vis-à-vis de soi-même pour ne commettre aucune mauvaise action. Mais la faiblesse humaine fait que nous sommes sujet à de l’oubli, à de l’insouciance et  à de la négligence … Il est agréable à Dieu de voir Son adorateur Lui revenir et implorer humblement Son pardon. Le Messager de Dieu (PSDL) a dit : « Dieu  est plus heureux du repentir de Son adorateur, quand il revient à Lui repentant, que l’un de vous qui se trouve dans une région désertique isolée de tout, avec sa monture. Tout à coup, celle-ci lui échappe, en emportant toute sa nourriture et sa boisson. Alors, désespéré, il se repose à l’ombre d’un arbre, quand soudain, sa monture se présente à lui.  Alors, émerveillé, il dit, en la tenant par la bride : « Seigneur !  Tu es mon Adorateur et je suis Ton Seigneur  » – sa joie extrême lui faisant faire ce lapsus. »[1]

L’essentiel pour le fidèle est de rester vigilant, de faire suivre la mauvaise action d’une bonne action elle l’effacera et surtout de ne jamais perdre espoir en la Miséricorde de Dieu. Dieu dit : « Dis : « Ô Mes Adorateurs qui avez commis des excès à votre propre détriment, ne désespérez point de la Miséricorde divine ! En vérité, Dieu absout tous les péchés, car Il est le Clément et le Compatissant. »[2]

Nous demandons à Dieu de nous permettre de réaliser un retour sincère vers Lui, de nous donner l’énergie, en ce début d’année, de prendre les bonnes résolutions pour un engagement sincère et durable, et qu’Il nous pardonne nos péchés. Amine !

[1] Hadith authentique rapporté par Boukhari et Moslim selon Anas Ibn Malek (DAS).

[2] Coran : Sourate 39, Verset 53.

Le souci du Devenir après la mort

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Il nous a été donné la chance unique d’exister, à quoi allons-nous consacrer cette existence? D’abord à quoi rime l’existence,la mienne, la tienne et celle de l’univers ?

Où et comment investir sa vie, son énergie, son temps, son avoir et son savoir pour un rendement optimum? Mon capital-vie est un bien irremplaçable; une mauvaise gestion de celui-ci signifierait la banqueroute. Le Coran tient ce langage et représente la vie personnelle en termes d’investissement, de calculs, de rétribution et de faillite. Le pire d’entre les perdants est celui qui aurait perdu son âme en gaspillant sa vie dans l’insouciance du Devenir et son énergie en actes futiles. Ce discours de comptabilité parle aux préoccupations naturellement égoïstes de l’homme pour susciter en lui le souci suprême et la question primordiale du sens de sa vie.

Degré élémentaire de l’éveil spirituel, le souci du Devenir après la mort est un pas dans la bonne direction, un mouvement qui, entretenu par la méditation et les actes d’adoration, amènera l’homme à transcender l’habitude qui l’englue dans le train-train de la routine quotidienne et à s’arracher à l’ambiance familière et à l’accoutumance engourdissante.

Degré par degré, l’ascension spirituelle du fidèle ouvre devant lui des horizons insoupçonnés, sa vie prend une autre couleur, son action une autre importance, sa participation à l’œuvre commune et communautaire une autre signification. Sa vision de la vie et de la mort change, sa visée et ses aspirations animent une volonté renouvelée d’agir, d’abord en économe avisé conscient de l’importance de ses engagements, ensuite son action est vouée à Dieu sans calcul, en gratitude pure.

(…)

Je craindrais de duper le lecteur fidèle à Dieu si je manquais de lui rappeler la condition sans laquelle son action n’aurait aucune valeur dans sa comptabilité personnelle : le dévouement absolu à Dieu. La vulgarité des intentions peut très bien marcher avec un activisme voué à quelque idole idéologique ou à une ambition terre à terre, pas avec l’action pour la cause de Dieu.

Le Coran nous renseigne avec force détails et tout au long de ses cent quatorze sourates sur la Vie Dernière, l’appel lancé à l’homme est précédé ou suivi du rappel de la condition humaine :

« L’homme ne voit-il donc pas que Nous l’avons créé d’une goutte de sperme, et le voilà qui devient un adversaire déclaré! Il cite pour Nous des exemples, oubliant qu’il n’est que simple créature. Il dit : ‘qui fera revivre des ossements désagrégés et tombés en poussière!’ Dis lui : ‘Celui-là les fera revivre Qui leur a donné vie la première fois. Il est de toute chose Connaissant ».[1]

Le Jour du Jugement Dernier est à redouter :

« Humains! Craignez votre Seigneur et redoutez un Jour où nul père ne pourra racheter son enfant, pas plus que nul enfant ne pourra racheter son père. La promesse de Dieu est vérité. Que la vie ici-bas ne vous trompe donc pas, que sur Dieu ne vous dupe
(Satan) le dupeur
 ».[2]

Ce Jour-là, l’homme s’y achemine sans le vouloir :

« Toi l’homme qui t’achemines inexorablement et dans la peine vers ton Seigneur! Tu Le rencontreras pour sûr. Alors, qui recevra son écrit (bilan de ses actes ici-bas) dans sa main droite celui-là la reddition de compte lui sera facilitée, il retournera vers les siens dans la joie. Qui recevra son écrit par derrière son dos (lamentablement), celui-là clamera sa détresse tandis qu’il brûlera dans l’enfer ardent. Celui-là avait été plein de soi-même (lors de son passage sur terre) parmi les siens, conjecturant qu’il n’y aura pas de retour à la vie. Mais si! »[3]

La fin du monde, celle de cette vie passagère sur terre, n’est le souci que de peu de gens en ces temps modernes. Occupés qu’ils sont à batailler pour leur subsistance au Sud ou pour leur superflu au Nord, les hommes n’ont pas le temps et surtout pas l’information pour s’occuper de l’après-mort.

Au Nord comme au Sud, ils ne sont pas informés sur l’inexorable fin qui attend le monde. C’est un symptôme maladif, une psychose que d’être hanté par la peur de la fin du monde en ces temps modernes. Seuls les écologistes craignent pour le globe que les gaz à effet de serre n’asphyxient la vie et qu’une catastrophe nucléaire ne mette la terre hors d’état d’abriter la vie.

Le Coran parle de ce qui ressemble à un cataclysme cosmique qui mettra fin à la vie ici-bas, il parle surtout de l’après-cataclysme. Dieu qui a créé la vie et le cosmos qui abrite la vie, dévoile à qui veut croire parmi les hommes, ce qu’il en sera de la vie et des êtres vivants :

« J’en jure par le Jour de la résurrection. J’en jure par l’âme qui ne cesse de se blâmer. L’homme Nous croit-il incapable de rassembler ses ossements? Nous qui avons, pour sûr, le pouvoir de remettre à même de fonctionner jusqu’à ses phalanges. L’homme voudrait plutôt continuer à traiter de mensonge l’Information sur ce qui l’attend. Aussi demande-t-il, (sceptique), à quand le Jour de la résurrection? Ce Jour-là sera quand la vue sera éblouie, la lune éclipsée, le soleil et la lune réunis. Ce Jour-là l’homme dira : par où en réchapper, (…). Mais non! Vous aimez la vie hâtive (ici-bas) et oubliez la Vie Dernière. Il y aura ce Jour-là des visages éblouissants, vers leur Seigneur regardant. D’autres visages ce Jour-là seront assombris dans leur appréhension de la catastrophe »[4].

 

Extrait du livre Islamiser la modernité, du Cheikh Abdessalam Yassine, éd. al ofok impressions.

[1] Coran : Sourate Yassine (36), Versets 77 – 79.

[2] Coran : Sourate Loqman (31), Verset 33.

[3] Coran : Sourate Al inchiqaq (84), Versets 6 – 15.

[4] Coran : Al qiyama (75), Verset 1 – 25.

Aimer Dieu et Son Messager (PSDL)

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Le Messager de Dieu (PSDL) dit, attribuant ces paroles à Dieu : « Quiconque offense un de mes bien-aimés, Je lui déclare la guerre. Il n’est d’offrande plus agréable à Moi que l’accomplissement par Mon adorateur des obligations que Je lui ai assignées. Mon adorateur, s’il persévère dans les actes surérogatoires, finira par mériter Mon amour. Quand Je l’aurai aimé, Je deviendrai son ouïe avec laquelle il entend, sa puissance de vision avec laquelle il perçoit le monde, sa main avec laquelle il agit et son pied avec lequel il marche. S’il M’invoque Je lui répondrai, s’il se réfugie en Moi Je serai son protecteur …»[1].

L’amour de Dieu se mérite par l’accomplissement du devoir d’abord, par le déploiement de l’effort ensuite au service de la cause de Dieu qui est celle des hommes, sans compter.  Entendre l’appel de Dieu est le point de départ ; le point final est le degré de complétude morale et d’accomplissement spirituel du parfait fidèle, ami de Dieu, promis à la félicité éternelle.

Dieu est près de Sa créature, attentif à ses aspirations. Dieu devient ouïe et vision de l’adorateur aimé ; c’est l’ihsan transcendant. Le cœur béni du bon adorateur est inondé d’amour qui rejaillit sur le monde entier et se fixe en un attachement tout particulier au Messager de Dieu (PSDL).

Il est dit clairement dans le Coran que l’amour de l’adorateur pour Dieu doit se traduire par l’imitation confiante du Messager de Dieu (PSDL). ( Dis-leur : « Si vous aimez Dieu réellement, suivez-moi et Dieu vous aimera et  vous  pardonnera  vos  péchés. Dieu est Indulgent et Miséricordieux. » )  Mais l’imitation restreinte et extérieure des gestes du Prophète (PSDL) n’est pas la voie de l’amour, il faut la sympathie du cœur aussi. L’islam gestuel est la terre solide où cultiver les deux vertus cardinales, mais si le cœur est fermé à l’Appel transcendant, la foi n’afflue pas, la terre n’est pas fertilisée et les vertus ne prospèrent pas.

« Trois sentiments, dit le Messager de Dieu (PSDL), font goûter à celui qui les éprouve la douceur de la foi : aimer Dieu et Son Messager plus que toute autre chose, aimer son frère uniquement pour l’amour de Dieu et détester revenir à l’infidélité à Dieu comme l’on déteste tomber dans le feu. »[2]

 

[1] Rapporté par Boukhari selon Abou Hourayra (DAS).

[2] Unanimement reconnu authentique selon Anas ibn Malek (DAS)

Source : Extrait du livre La révolution à l’heure de l’islam de Abdessalam Yassine

Sagesse de Sidi ‘Abd al-Qâder al-Jîlânî

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« Cherche secours auprès du Vrai – à Lui la Toute Puissance et la Majesté – ! Reviens à Lui en suivant les pas du regret et en Lui présentant tes excuses, afin qu’Il te délivre des mains de tes ennemis, et qu’Il te sauve de l’abîme de la mer où tu sombres !

Souviens-toi des conséquences (néfastes) de la position qui est la tienne et de la vie que tu mènes ; et ainsi, Il rendra pour toi facile le fait de t’en séparer !

Tu vis à l’ombre de l’arbre de l’inconscience. Sors de son ombrage, et tu verras la lumière du soleil, et tu reconnaîtras le chemin.

On cultive l’arbre de l’inconscience avec l’eau de l’ignorance.

On cultive l’arbre de l’éveil avec l’eau de la réflexion.

On cultive l’arbre du repentir avec l’eau du regret.

On cultive l’arbre de l’amour avec l’eau de la conformité. »

La conformité (almuwâfaqa) signifie le fait d’adhérer au corps de principe institué par Dieu et illustré parfaitement par le Messager de Dieu (PSDL), en  accomplissant les obligations que Dieu nous a assigné, en évitant les actes blâmables et en faisant aux éprueves avec patience, courage et détermination. Être pour Dieu et agir avec conscience selon la voie claire que le Prophète (PSDL) nous a montré.  

Source : Extrait du Livre Al-Fat’h ar-rabbânî wa al-fayd ar-rahmânî, de ‘Abd al-Qâder al-Jîlânî.

La fin du mois de Ramadan, bilan et résolutions

 

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Le mois de Ramadan s’en est allé en emportant avec lui toutes ses faveurs. Il va nous quitter avec ses flots d’amour et de paix intérieure, avec son élan de spiritualité qui nous poussait à être bon et à promouvoir le bien. Les musulmans qui ont jeûné avec foi et sincérité, attendent avec nostalgie le retour du mois du Ramadan.

Le mois du Ramadan est une école d’éducation de l’âme et de perfectionnement de la foi, où l’on se ressource pour fortifier sa foi et approfondir sa relation avec Dieu. C’est également, l’école du changement où l’on réalise un sursaut spirituel et la victoire sur soi, où  l’on opère une mutation éthique.

L’heure du bilan personnel a sonné. Le fidèle a besoin d’un temps de recueillement  pour rentrer en soi et faire son examen de conscience. A-t-il jeûné le mois du Ramadan comme il se doit ? Les efforts déployés pendant ce mois béni ont-ils contribué à le rapprocher de Son Seigneur ? Son jeûne est-il agréé par Dieu ? Gardera-t-il le même élan de spiritualité initié durant le mois du Ramadan ? …

Autant de questions qui exigent d’y répondre sincèrement. C’est un bilan qui permettre à chacun de savoir où il en est dans sa relation avec Dieu et de revoir sa haute visée.

Dieu dit : « Ne soyez pas comme celle qui a défait brin par brin sa quenouille après l’avoir solidement filée »[1].

Rester fidèle à la voie de Dieu et honorer son pacte avec Lui, c’est persévérer dans l’accomplissement de bonnes œuvres et continuer les efforts après le mois du Ramadan. C’est prendre garde à ne pas se laisser happer par les aléas de la vie et défaire son lien avec Dieu après l’avoir consolidé durant le mois béni du Ramadan. Le Coran nous donne l’exemple d’une femme qui fila sa quenouille et confectionna un habit, puis se met soudainement à déchirer son œuvre et à défaire brin par brin ce qu’elle a accompli sans aucune raison ! C’est l’exemple de celui ou celle qui retourne, après le mois du ramadan, au péché après avoir goûté la douceur de la foi.

La constance du fidèle dans la foi, après le mois du Ramadan, est un indice de l’agrément de son jeûne par Dieu. « Quant à ceux qui se sont mis sur la bonne voie, Dieu les guidera encore mieux et affermira leur piété »[2].

L’objectif du fidèle, soucieux de son accomplissement spirituel, n’est pas juste de rendre une bonne copie à la fin du mois du Ramadan puis se laisser aller le reste de l’année ; mais plutôt faire du moi béni du Ramadan un tremplin pour réaliser son ascension spirituelle.

L’adoration de Dieu ne se restreint pas seulement le mois du Ramadan ; mais la vie du fidèle, toute entière, doit être imprégnée d’adorations, de bonté et de présence à Dieu.  Le mois du Ramadan n’est qu’un moment de notre vie qui s’est écoulé mais Dieu que l’on adorait pendant le mois du Ramadan est Eternel. Il mérite de notre part reconnaissance, amour et adoration en tout temps et tout lieu. Dieu dit : « Et adore ton Seigneur jusqu’à ce que te parvienne la certitude ! »[3].

Seigneur Dieu, accepte de tous les musulmans le jeûne du mois du ramadan et l’ensemble de leurs œuvres. Accorde leurs Ton Amour, Ta Miséricorde et Ta Proximité. Guide-les pour qu’ils deviennent meilleurs moralement et spirituellement afin de témoigner sincèrement de leur foi.

[1]  Coran : S. 16, V. 92.

[2] Coran : S. 47, V. 17.

[3] Coran : S. 15, V. 99.

Le mois du Ramadan, une école de la réforme

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A l’heure où le temps est celui du profit à outrance, du gaspillage, de l’insouciance et du laisser-aller, les musulmans témoignent de leur présence à Dieu  en observant le jeûne du mois du Ramadan.

Ce mois béni est une école pour discipliner son ego et maîtriser ses passions. Une école qui enseigne l’endurance, la persévérance, le don et la solidarité. C’est l’école de la réforme de son être. Le mois du Ramadan nous invite à se poser et à méditer notre cheminement dans un temps spirituel, loin de tout ce qui nous distrait et accapare notre intention, notre foi, notre âme.

Nous sommes, très souvent,  absorbé par un quotidien qui nous fait oublier notre âme et nous impose un cadre de vie centré sur l’ego et le paraître, qui ne laisse plus aucune place à l’être. Le paraître et l’individualisme étouffe l’éclosion de notre être intérieur, elle ne laisse place qu’à l’ego agité et frustré.

Le mois du Ramadan est une invitation vers un voyage intérieur, pour aller à  la rencontre de son cœur,  afin de sortir de la forme et s’inscrire dans une démarche de réforme, le renouveau. L’élan spirituel initié par le jeûne du mois du Ramadan, puise sa source dans le cœur. La vie spirituelle réside dans cette intériorité préservée qu’est le cœur, sa conscience affective lui permet de rester sensible  à l’appel du divin. Dieu dit : « Celui ou celle dont le cœur a été ouvert (sharaha) par Dieu à l’islam reçoit ainsi une lumière de Son Seigneur »[1].

Le Prophète (PSDL) a dit : « Lorsque la lumière entre dans le cœur, il s’élargit et s’ouvre (dans le sens : il s’épanouit) » Les Compagnons demandèrent : « Quel est l’indice de cet état, ô Messager de Dieu ? » Il répondit : « Le fait de tendre vers la Demeure de l’éternité (la vie future), de se détourner de la Demeure de l’illusion (ou de la séduction), et de se préparer à la mort avant qu’elle ne survienne »[2].

Cher frère, chère sœur,

Toi qui prétends vouloir cheminer vers le Clément, le Compatissant, sache que ton cœur doit se purifier de toutes formes de haine, de jalousie, de rancœur et d’animosité. Le chemin vers l’intériorité aspire à embrasser la lumière de la foi afin de rayonner en tout humilité. De même, le cœur épuré ne peut être habité, à la fois, par l’amour de Dieu et de Son Messager et par les ressentiments qui nuisent à son épanouissement et à sa paix intérieure.

[1] Coran : S. 39, V. 22.

[2] Hadith rapporté par Tirmidhi et Al-Hakem selon Abdullah Ibn Massou’d (DAS).

Comment se préparer pour accueillir le mois de Ramadan ?

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Le mois du Ramadan est à nos portes. Y avons-nous pensé ? En sommes-nous conscients ? Avons-nous évalué l’importance, la dimension spirituelle et sociale de ce mois sacré ? Comment devons-nous l’accueillir ? Comment se préparer moralement et spirituellement pour en tirer le maximum de profit ?

D’après Anas, que Dieu l’agrée : « Quand les compagnons du Prophète (paix et salut de Dieu sur lui) apercevaient le croissant du mois de Chaâbane, ils se penchaient sur la lecture du Coran. Les musulmans versaient la Zakat (l’aumône légale) pour que les pauvres et les nécessiteux puissent jeûner le mois du Ramadan dans de bonnes conditions. Les commerçants se dépêchaient de régler ce qu’ils devaient et recevoir ce qu’il leur était dû. Quand ils voyaient le croissant du Ramadan, ils se purifiaient et redoublaient d’efforts  en terme d’adoration, de bonté et générosité »[1].

C’est ainsi que les compagnons, que Dieu les agrée tous, se préparaient pour accueillir le mois du Ramadan. Ils s’y consacraient sincèrement, en déployant les efforts nécessaires et en s’appliquant assidûment.

Pour nous, dans notre contexte, comment s’imprégner de la valeur sacrée de ce mois béni ? Comment se motiver pour le recevoir ? Comment préparer sa venue et fournir les efforts nécessaires afin de le passer de la meilleure manière qui soit ?

  1. Prendre conscience de la valeur de ce mois béni :

En premier lieu, il convient de prendre conscience de la valeur de ce mois, de rentrer dans le calendrier et le temps sacrés afin d’en assimiler ses mérites.

Abou Mass’oud Al Ghifâri rapporte « J’ai entendu le messager de Dieu (PSDL) dire un jour, alors que le Ramadan était en cours : Si les gens savaient ce qu’est réellement Ramadan, ma communauté aurait souhaité que toute l’année soit Ramadan »[2].

Un jour, le Prophète (PSDL) posa trois fois cette question à ses compagnons : « qu’est-ce que vous accueillez et qui vous accueille ? ». Alors, Omar Ibn al-Khattab demanda : serait-ce une Révélation ? Il dit : Non ! Et Omar de reprendre : peut-être un ennemi qui survient ? Il répondit : Non plus ! Omar demanda : quoi alors ô Messager de Dieu ? Le Prophète (r) dit : à la première nuit du mois de Ramadan, Dieu pardonne à tous ceux qui se revendiquent de cette Qibla. Et il indiqua la direction de la Qibla avec sa main »[3].

Le mois du Ramadan représente le sacrifice des plaisirs et des passions par la discipline du jeûne, qui ne se limite pas à se priver de nourriture, mais exige de la douceur, de la bonté pour contrer la mauvaise humeur naturelle aux égos virulents et frustrés, c’est aussi le refus des émotions et des excitations, la maîtrise de la langue et de tous les organes. Le jeûne est l’épreuve de purification annuelle qui permet au musulman de retrouver l’équilibre spirituel et de réaliser la victoire sur soi.

Le Prophète (PSDL) a dit : « A l’arrivée du mois de Ramadan, les portes du Paradis s’ouvrent, celles de l’enfer se ferment, les démons sont enchaînés et l’ange annonce : Ô celui qui aspire au bien, approche ! Ô celui qui aspire au mal, abstiens-toi. Et cela dure jusqu’à la fin du mois de Ramadan »[4].

Les portes du Paradis sont ouvertes et les portes de l’Enfer sont fermées :

  • Les musulmans aspirent à être bon et à promouvoir le bien
  • Le bien se propage et se ressent donc le mal se réduit considérablement.
  • La spiritualité monte en flèche durant cette période de jeûne ; c’est pourquoi les musulmans qui ont fait cette expérience attendent avec nostalgie le prochain mois de

Les diables sont enchaînés :

  • La prière est belle
  • La concentration, la présence à Dieu dans l’adoration est plus forte
  • Les disputes, les animosités sont réduites
  • La fraternité est accentuée
  1. Avoir bonne intention et être sincère :

Dans le hadith authentique, le Prophète (PSDL) : « Les actes ne valent que par l’intention ; à chacun selon sa visée … »[5]. Le fidèle sincère et dévoué est celui qui magnifie l’intention, qui lui donne toute son importance, car elle est le secret, le fondement et la quintessence de tout acte d’adoration.

Le mois du Ramadan ne doit guère être la saison de la paresse et de l’oisiveté. Au contraire, c’est un mois où l’on cherche à se rapprocher de à Dieu.

« Celui qui jeûne le mois de Ramadan avec foi en comptant sur la récompense divine, verra tous ses péchés absous »[6]. Le jeûne permet de purifier et de développer la conscience de notre relation à Dieu.

  1. Réciter le Coran :

C’est au cours du mois du Ramadan que  la terre a rejoint le ciel pour accueillir la descente du Coran « Le mois de Ramadan est celui au cours duquel le Coran fut descendu »[7].

La récitation du Coran et la discussion de son sens appellent sur nous un flot d’amour et de miséricorde. « Chaque fois, dit le Prophète (PSDL), qu’un groupe de fidèles se réunissent dans une mosquée pour réciter le Coran et discuter entre eux de sa  signification, la miséricorde les recouvre, la paix du cœur descend sur eux et Dieu les mentionne à ceux qui se trouvent en Sa présence »[8].

  1. Être et témoigner :

Le mois du Ramadan est l’occasion d’un intense témoignage. Être, c’est avant tout cette présence à Dieu. Le fidèle animé par la foi voue son existence, son action à Dieu jusqu’à ce qu’il porte en lui toutes les vertus de la bonté, de l’humilité. C’est l’effort assidu vers la plus royale des victoires : la victoire sur soi. C’est tisser des liens intimes avec le Créateur pour mieux servir les créatures. C’est relever, à la lumière de la spiritualité, le défi de l’amour, amour de Dieu, amour des êtres. C’est préparer la terre pour qu’elle reçoive la semence, préparer son cœur pour qu’il s’illumine à la rencontre du message afin de mieux porter la responsabilité du témoignage.

Témoigner, pour le fidèle, c’est être présent sur le terrain,  s’exprimer, expliquer la spiritualité musulmane, sa vocation de paix et de justice. Il faut également avoir un discours clair et précis, oser dénoncer les injustices et se démarquer de toutes les lectures et de toutes les actions qui légitiment la violence.

  1. Avoir bon cœur :

Un cœur habité par l’amour de Dieu et du Prophète (paix et salut de Dieu sur lui) n’en veut à personne sinon à son propre ego. Avoir bon cœur c’est supporter les coups durs, renouer les liens d’amour, de compassion avec ceux dont les relations ont été rompues et pardonner à ceux qui nous ont fait du tort parmi nos frères et sœurs. «  Pardonne de la plus belle manière »[9].

Conclusion :

Durant le mois de Ramadan, chacune et chacun de nous doit être à la recherche du pardon et du repentir et également faire tout son possible pour s’attirer la Miséricorde de Dieu, et ce, en répandant l’amour et le bien autour de nous et en multipliant les œuvres pieuses. Sans oublier bien entendu d’être généreux et de partager avec ceux qui sont dans le besoin. Et accorder une attention particulière à préserver notre jeûne de tout ce qui pourrait le souiller et diminuer ainsi son mérite. Que nos bonnes actions ne soient rien d’autre que la conséquence immédiate de notre amour pour Dieu et pour le Prophète (PSDL).

 

[1]  Fath Al-Bari et Al-Ghounya.

[2]  Rapporté par Ibn KHouzaïma.

[3]  Rapporté par Ibn Khouzaïma selon Anas Ibn Malek (DAS).

[4]  Rapporté par Ibn Khouzaïma, Al-Bayhaqi, An-Nassaî , Tirmidi et Al Hakem selon Abou Hourayra (DAS).

[5]  Rapporté par Al-Boukhari selon Omar Ibn Al Khattab (DAS).

[6]  Rapporté par Al-Boukhari et Moslim selon Abou Hourayra (DAS).

[7]  Coran : S. 2, V. 185.

[8]  Rapporté par Moslim selon Abou Hourayra (DAS).

[9]  Coran : S. 15, V. 85.

Être, agir et témoigner

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Le musulman, qui aspire à un meilleur être moral et spirituel, est soucieux de trouver un équilibre dans son cheminement, de donner du sens et de la cohérence à son engagement. En effet, il cherche à allier entre authenticité spirituelle et efficacité dans l’action. Autrement dit, le musulman aspire à rester  fidèle au corps de principes institué par Dieu et illustré parfaitement par le Prophète Mohamed (PSDL) et à perfectionner son œuvre. Le Messager de Dieu (PSDL) a dit : « Le fidèle animé d’une foi forte est meilleur et plus agréable à Dieu que le fidèle animé d’une foi faible et dans les deux il y a un bien. Recherche avec insistance tout ce qui t’est utile, sollicite l’assistance de Dieu, agit avec conscience et ne flanche pas… »[1].

Se recentrer sur Dieu et agir avec conscience, nécessite un effort sur soi, sans relâche, un sursaut spirituel. La foi exige du fidèle d’être en perpétuelle réforme de son être, d’être bon et de promouvoir le bien. Elle lui impose une exigence face à son action, une éthique face à son engagement et d’aspirer à l’excellence en toute chose, en toute humilité. Le Prophète (PSDL) a dit : « Dieu a recommandé l’excellence en toute chose »[2].

Servir la cause de Dieu, exige de la compétence, aussi bien de la compétence morale que de la compétence technique : réfléchir avant d’agir, planifier, élaborer des stratégies d’actions et avoir une vision de l’avenir … Le fidèle a besoin de développer dans la concertation, dans la complémentarité et dans l’effort collectif de réflexion une nouvelle dynamique centré sur Dieu et en phase avec son environnement. Une dynamique  soucieuse de sa présence, de sa participation et de son rayonnement.  De promouvoir une spiritualité d’engagement : Don de soi et don pour le prochain et non une spiritualité à la carte qui trahit la voie prophétique.

Le Prophète (PSDL), notre modèle par excellence, n’a cessé d’enseigner aux musulmans de rester fidèle à leur référentiel spirituel et d’agir consciencieusement. Il n’a également cessé de susciter l’esprit d’initiative et de dénoncer l’esprit moutonnier qui affecte les musulmans les dispensant ainsi de réfléchir et d’agir  efficacement. Le compagnon Abdullah ibn Massoud (DAS) disait : « Aucun de vous ne doit se contenter du rôle de suiveur, en se disant : j’agis ainsi parce que les gens agissent de la sorte, je ne fais que les imiter. Mais soyez responsables et agissez avec conscience en sauvegardant une fidélité à votre foi »[3].

 

[1] Rapporté par Moslim selon Abou Hourayra (DAS).

[2] Rapporté par Moslim selon Chaddad Ibn Aws (DAS).

[3] Rapporté par Tirmidhi.

Du temps pour méditer et se souvenir de Dieu

arbre miroir

Notre monde actuel est violent et en souffrance. Un monde marqué par les injustices,  les conflits et les rapports de domination.  Un monde porté par  le matérialisme illusoire qui ne produit ni épanouissement ni libération mais uniquement des dépendances et des frustrations. Un monde où il est de plus en plus difficile d’être, de se poser un moment, d’être à l’écoute de ses besoins, d’avoir un temps de recueillement, de méditer le sens et d’ajuster ses pensées.

Dans le Coran, Dieu nous invite à observer attentivement la création, à méditer sur les manifestations de la Majesté et de la Splendeur divines exprimées dans l’univers et à en tirer des enseignements : « En vérité, dans la création des cieux et de la terre, et dans l’alternance de la nuit et du jour, il y a des signes pour les doués d’intelligence, qui, debout, assis, couchés sur leurs côtés, mentionnent Dieu et méditent sur la création des cieux et de la terre (disant) : Notre Seigneur ! Tu n’as pas crée cela en vain. Gloire à Toi ! Préserve-nous du châtiment du Feu »[1].

Le Prophète (PSDL), notre modèle par excellence, méditait sur le Coran et la création. Selon  Aîcha (DAS) : « Le Prophète (PSDL) m’a demandé  une nuit : “ Ô Aîcha ! Cette nuit, je veux me consacrer à l’adoration de Mon Seigneur ” Je lui ai répondu : “ Par Dieu ! J’aime ta proximité et j’aime aussi ce qui te fait plaisir ”. Elle dit : Il se leva, se purifia puis il se mit à prier ; il ne cessa de pleurer jusqu’à ce qu’il mouilla son giron, puis il pleura jusqu’à ce qu’il mouilla le sol. Puis Bilal (DAS) vint l’appeler pour la prière, lorsqu’il le vit pleurer, il dit : “ Ô Messager de Dieu !  Pourquoi pleures-tu alors que Dieu a pardonné tes péchés passés et futurs ”. “ Pourquoi pas ! répondit le prophète (PSDL), ne serai-je pas un adorateur reconnaissant ? Il m’a été révélé cette nuit, des versets du Coran, malheur à celui (ou celle) qui les lis et qui ne les médite pas ” : (En vérité, dans la création des cieux et de la terre, et dans l’alternance de la nuit et du jour, il y a des signes pour les doués d’intelligence ….) »[2].

La médiation est un excellent moyen pour se rapprocher de Dieu, pour l’aimer et reconnaître Sa Souveraineté. Elle est, également, un moyen pour être en paix, pour détendre le corps et évacuer le stress et l’anxiété. Conjuguée avec du dhikr (souvenir de Dieu), la méditation permet au fidèle de retrouver l’équilibre du côté spirituel et de s’épanouir moralement et spirituellement.

Prendre le temps pour méditer et se souvenir de Dieu, c’est donner du sens à son cheminement, de la substance à sa foi, de la cohérence à son engagement et de l’exigence vis-à-vis de son action.

Se souvenir de Dieu et répéter inlassablement Son nom mène à la présence de Dieu. Dans le hadith qodsi : « Je fais de Mon adorateur ce qu’il attend que Je fasse de lui (il faut avoir bonne opinion de Dieu, avoir foi en Sa bonté). Je suis présent en son cœur chaque fois qu’il se souvient de Moi en répétant Mon nom. S’il se souvient de Moi à part soi, Je Me souviens de lui à part Moi-même. S’il se souvient de Moi en assemblée, Je mentionne son nom dans une assemblée meilleure. S’il s’approche de Moi d’un empan, Je M’approche de lui d’une brassée. S’il s’approche de Moi d’une brassée, Je M’approche de lui de toute l’envergure des deux bras tendus. S’il vient à Moi en marchant, Je vais à lui en toute hâte »[3].

C’est un grand privilège de se savoir viser par ce hadith, c’est un grand privilège d’être destinataire de ce message d’amour et de proximité de la part de Notre Seigneur. Gloire et louange infinie à Dieu, éternellement Bienveillant et Généreux, qui montre le chemin pour Le connaître et l’aimer en nous dotant de la faculté de méditer et d’être présent à Lui.

[1] Coran : S. 3, V. 190 – 191.

[2]  Hadith authentique rapporté par Ibn Hibbane selon Aîcha (t) et authentifié par Al-Albani.

[3] Rapporté par Boukhari et Moslim selon Abou Hourayra (t).