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Être musulman

rupture jeune

Que signifie être musulman aujourd’hui ? Comment goûter la douceur de la foi ? Comment vivre sa foi sereinement, sans complexe ni crispation ? Comment ne pas se contenter d’une pratique superficielle de l’islam ? Comment ne pas être, seulement, un musulman dans la forme ?  Le fait d’être né dans une famille musulmane ou le fait de porter un nom à consonance musulmane, ne fait pas de l’individu un candidat valable pour porter les valeurs de l’islam.

Être musulman, c’est d’abord un appel du cœur. Le cœur, touché par la Grâce de Dieu,  répond favorablement à Son appel et fait le premier pas vers Dieu. Dieu dit : « Celui ou celle dont le cœur a été ouvert par Dieu à l’islam reçoit ainsi une lumière de Son Seigneur »[1]. Le cœur s’ouvre et reçoit, de la part de Dieu,  un flot d’amour et de Miséricorde qui rejaillit sur le comportement du fidèle.

 Dieu dit : « Ô vous qui croyez ! Répondez à Dieu et au Messager lorsqu’il vous appelle à ce qui vous donne la (vraie) vie »[2]. Être musulman c’est répondre à cet appel divin qui donne vie, qui émancipe moralement et spirituellement et qui libère. Être musulman c’est être soucieux de son devenir, c’est tisser des liens intimes avec le Créateur pour mieux servir les créatures. C’est relever, à la lumière de la spiritualité, le défi de l’amour, amour de Dieu, amour des êtres. « Nul d’entre vous, disait le Prophète (PSDL), ne goûtera vraiment la douceur de la foi tant qu’il n’aime pas pour son prochain ce qu’il aime pour lui-même »[3]. Être musulman c’est être profondément humain dans un monde qui se déshumanise de plus en plus, en posant la question du sens, de la spiritualité et de la dignité humaine.

Mieux comprendre l’islam

Souvent, nous nous confrontons à une vision sommaire de l’islam, à une ignorance affligeante de ce que c’est que d’être musulman. Mieux comprendre l’islam,  c’est connaître ses finalités, sa vocation de paix et de justice. Il s’agit d’une compréhension imprégnée de miséricorde et de douceur, et en aucun cas, d’une lecture sclérosée, parcellisée de l’islam qui rebute les gens ou les met dans la gêne et la contrainte.

Pour beaucoup, le monde merveilleux de l’islam se résume à une législation restrictive qui se réduirait au halal, haram. Un ensemble de contraintes, un Islam pure et dure serait la vraie pratique et la vraie piété. Alors que paradoxalement, lorsque nous nous laissons imprégner par la personnalité du Prophète (PSDL). Nous sommes face à une miséricorde exceptionnelle, une bonté face aux épreuves des proches, de la société et des infidèles. Il n’a aucunement répondu par la sévérité ou la démesure, mais au contraire par la patience, l’intelligence et la sagesse. Le Prophète (PSDL) dit : « L’islam religion est aisance et facilité. Celui qui cherche à rivaliser de force avec la religion sera vaincu. Suivez plutôt la voie sage du juste milieu, rapprochez-vous en douceur de la perfection et soyez optimistes … »[4].

Donc il est indispensable de se former, pour mieux comprendre et réformer son être en imitant sincèrement le modèle (PSDL). Être musulman ne consiste pas à s’isoler et à adopter une attitude de rejet vis-à-vis de la société. Être plus proche de Dieu, c’est vivre parmi les hommes et non se mettre à la marge de la société.

La foi et l’effort dans la pratique

Etre musulman c’est vivre une foi, c’est vivre une spiritualité. Une foi sincère enraciné dans le cœur, qui se fortifie et s’entretient par l’effort dans la pratique et qui se manifeste par un bon comportement. Vivre une spiritualité c’est préserver sa foi, l’intensifier et la renforcer. L’humain a tendance à oublier Dieu, à s’oublier, la spiritualité et le moyen le plus efficace pour lutter contre cet oubli et cette insouciance.

La foi relève certes, d’une conviction profonde, mais elle doit s’accompagner nécessairement d’un effort, d’une action. Dans le Coran, à chaque fois que la foi est évoquée, elle appelle automatiquement le bel agir : « Ceux qui ont la foi et font bonnes œuvres ». Ainsi,  L’action du fidèle doit porter la marque de la foi, donc de la spiritualité, de la bonté et de l’humilité, jamais de l’arrogance.

Agir avec conscience

 Selon Soufiane ibn ‘Abdoullah (DAS) : J’ai demandé au Messager de Dieu (PSDL) :                     « Enseigne-moi une parole en matière d’islam, qui me dispense d’interroger un autre que toi ».  Il m’a  répondu : « Dis : Je crois en Dieu. Puis, agis avec conscience »[5].

Être musulman c’est agir avec conscience en fonction des contraintes, des épreuves et des difficultés … Car la vie est une épreuve et la foi du fidèle risque d’être mise à l’épreuve. Être musulman c’est assumer ses responsabilités, c’est faire face aux épreuves de manière responsable et apaisée.  C’est honorer ses engagements envers Dieu et persévérer dans Sa voie.

Témoigner de sa foi

Témoigner, pour le fidèle, c’est porter un message et rayonner de ses valeurs. Un message dont il faut devenir le meilleur des modèles, afin d’être devant les hommes, un signe, un rappel, jamais une contrainte.

Témoigner de sa foi, c’est être présent sur le terrain, s’exprimer et expliquer la foi musulmane, sa vocation de paix et de justice. C’est également, avoir un discours clair et précis, oser dénoncer les injustices et se démarquer de toutes les lectures et de toutes les actions qui légitiment la violence.

[1] Coran : S. 39, V. 22.

[2] Coran : S. 8, V. 24.

[3] Hadith unanimement reconnu authentique, rapporté selon Anas (t).

[4] Rapporté par Al-Boukhari selon Abou Hourayra (t).

[5] Rapporté par Moslim.

Purifier son âme

Dieu dit : « A réussi, certes, celui qui la purifie (l’âme). Et est perdu, certes, celui qui la corrompt ».[1]

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La vie est une épreuve. Le fidèle est invité à mieux gérer sa présence sur terre en respectant les priorités. Cheminer vers Dieu exige d’éduquer son cœur, de purifier son âme et de dompter son égo.

En effet, le fidèle doit déployer les efforts nécessaires pour purifier son âme et aspirer à être meilleur moralement et spirituellement, en toute humilité, en sollicitant constamment l’aide de Dieu afin de lui faciliter l’accès à la purification et lui permettre d’y arriver. Dieu dit : « [] Sans la Grâce de Dieu envers vous et Sa Miséricorde, nul d’entre vous n’atteindrait jamais l’état de pureté. Mais Dieu purifie qui Il veut […] »[2].

Le Prophète (PSDL), notre modèle par excellence, répétait inlassablement ces invocations : « Seigneur, accorde à mon âme sa piété, et purifies-la. Tu es le mieux à même de la purifier. Tu es son Protecteur et son Maître »[3].

 Purifier son âme consiste à se maîtriser, ne pas laisser libre cours à ses instincts, à résister sans faiblir devant les tentations et sans se laisser décourager par les difficultés du parcours.

Pour purifier son âme, il convient, en premier lieu, d’acquérir un savoir utile. Le savoir est prioritaire par rapport à l’action, Il s’agit de savoir pourquoi et comment purifier son âme ? En second lieu, il faut prendre conscience de ses défauts, de ses négligences et de ses mauvais penchants. C’est une étape indispensable pour mieux les corriger et les réorienter.

Ensuite vient l’effort sur soi, d’être en perpétuelle réforme de son être afin de goûter la douceur de la foi, nourrir son âme et accéder à la proximité de Dieu. Sans oublier de penser intensément à sa rencontre ultime avec Dieu.

Purifier son âme passe également par la prière et le rappel (dhikr). Dieu dit : « Bienheureux l’homme au cœur exempt de toute souillure, qui invoque le Nom de Son Seigneur et accomplit la prière »[4]. La prière est un dialogue qui s’initie entre l’adorateur et Dieu et se souvenir constamment de Lui permet au fidèle d’être en paix et de se purifier en toute sérénité. Savoir que quand on prie on se libère de notre égo, on se libère de toutes les attaches terrestres pour entrer en communion avec l’Eternel.

Parallèlement, être en bonne compagnie et côtoyer les pieux favorise la purification de son âme. Le Prophète (PSDL) a dit : « Chacun a la même intensité de foi que son ami le plus intime, choisissez donc, vos amis avec soin »[5]. Sans oublier qu’il est primordial de s’éloigner des péchés, d’être discret dans propos et dans ses regards, car en corrigeant ses défauts, le fidèle s’élève moralement et spirituellement et retrouve une paix   intérieure qui lui permet de cheminer vers Dieu comme il se doit.

[1] Coran : S. 91, V. 9 – 10..

[2] Coran : S. 24, V. 21.

[3] Rapporté par Moslim selon Zayd ibn Arqam (DAS).

[4] Coran : S. 87, V. 14 – 15.

[5] Rapporté par Tirmidhi et Abou Dawud selon Abou Hourayra (DAS).

Le « dévoilement » des femmes, une longue histoire française

Il y a 12 ans, le 15 mars 2004 était votée la loi sur les signes ostentatoires à l’école, qui bannit le foulard des établissements scolaires secondaires et, par la même occasion, les jeunes filles qui le portent. Un dévoilement à la française promulgué par la loi faisant écho aux rituels coloniaux imposés aux « femmes indigènes ». Zhor Firar, militante associative et femme engagée, analyse ce « dévoilement à la française » du temps des colonies.

Dès l’origine, le colonialisme assoit une domination au nom de la « race » supérieure qui entend civiliser les « races » inférieures. Comme le soulignait Aimé Césaire, dans son Discours sur le colonialisme, « que l’on s’y prenne comme on le voudra, on arrive toujours à la même conclusion : Il n’y a pas de colonialisme sans racisme ». Dans son ouvrageL’Orientalisme, Edward Said s’est attaché à démonter les mécanismes idéologiques de cette domination. L’auteur y cible d’emblée la manipulation des mécanismes de la représentation : « Le filet de racisme, de stéréotypes culturels, d’impérialisme politique et d’idéologie déshumanisante qui entoure l’Arabe ou le musulman est réellement très solide, [1](…) ». Tout au long de son analyse, il décrypte l’invention de l’Orient par l’Europe, un Orient essentialisé et réduit à des stéréotypes : « Les idées qui restaient en circulation à propos de l’islam étaient nécessairement une version dévaluée des forces importantes et dangereuses qu’il symbolisait pour l’Europe. Comme pour les Sarrasins de Walter Scott, la représentation que l’Europe se faisait du musulman, de l’Ottoman ou de l’Arabe, était toujours une façon de maîtriser le redoutable Orient, (…) [2] ».

 

Être conscient des priorités et des défis à relever

Aujourd’hui, le besoin urgent pour le musulman est de sortir de la défensive, d’avoir toujours à se justifier. Le musulman doit retrouver confiance en sa foi, en son histoire, et savoir que l’islam est un message de dignité. Une religion qui a produit une civilisation rayonnante et  des savoirs émancipateurs.

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Actuellement, l’image de l’islam est ternie. Lorsqu’on parle d’islam, c’est la dimension de la violence, de la guerre et du djihadisme qui est mise en avant. C’est une réalité que nous avons tous les jours et il nous appartient de changer ces perceptions très négatives.

De plus, les musulmans représentent plus d’un quart de la population mondiale, mais ce n’est pas la quantité qui compte, c’est la qualité de notre cœur, la qualité de nos intelligences. Dieu dit : « … Quel qu’en soit le nombre, ne vous sera d’aucune utilité, car Dieu est avec ceux qui portent la foi »[1].  Le Messager de Dieu (PSDL) a dit également : « … Viendra un jour, où vous serez des millions, vous serez en très grand nombre, mais vous ne vaudrez pas plus que l’écume à la surface de l’eau …»[2]. Le nombre n’est pas la priorité mais la qualité des hommes et des femmes qui restant fidèles à leur foi, à leurs principes et leur éthique, qui ont un ancrage spirituel. Dieu a fait des musulmans, la communauté du juste milieu afin qu’ils soient des témoins de la foi, de la justice et de la dignité : « C’est ainsi que nous avons fait de vous une communauté du juste milieu afin que voussoyez témoins parmi les hommes et que le Messager vous soit témoin »[3].

C’est pour cette raison que nous avons besoin d’approfondir notre savoir. Chacun sait que le Savoir est le guide de l’action, donc toute action dépend de la connaissance du texte et du contexte, à savoir : Comment agir ? Pourquoi agir ? Pour qui agir ? Un tel projet demande, à l’évidence, des compétences, des formations ciblées, une vision contextualisée de nos sources et une réponse claire aux questions d’actualité.

Se former pour mieux se réformer, être conscient des priorités et des défis à relever pour retrouver sa dignité, avoir une présence rayonnante sur le terrain et une voie audible et respectée.

Une formation capable de redonner confiance au musulman, confiance en lui, en sa foi, en son histoire, afin qu’il envisage l’avenir avec fierté, courage et détermination. Une formation capable aussi de dégager l’islam de son inscription dans le registre des pathologies.

Parallèlement, la spiritualité est devenue un concept marketing : tout le monde en parle, Le terme a été vidé de son sens sans aucune définition précise du mot. Il est vrai que le besoin de la spiritualité se fait de plus en plus sentir pour les acteurs de terrain musulmans qui veulent donner de la substance à leurs engagements, de la profondeur à leurs actions. Il nous faut redéfinir notre sens de la spiritualité, savoir la porter et l’exprimer au travers du quotidien. Pour passer du discours sur la spiritualité à l’expérience spirituelle.

Il faut être vigilent vis-à-vis d’une spiritualité à la carte, d’un islam à la carte, une vision individualiste qui trahit la vision prophétique. Une spiritualité d’engagement : Don de soi et don pour le prochain afin de promouvoir une action citoyenne cohérente.

Donner du sens et de la cohérence afin que le musulman trouve un équilibre dans son cheminement; d’allier entre efficacité dans l’action et authenticité spirituelle. Autrement dit que son action témoigne d’une foi sincère et d’une spiritualité active.

[1] Coran : S. 8, V. 19.

[2] Rapporté par Abou Dawud selon Tawbân (DAS).

[3] Coran : S. 2, V. 143.

Petite pensée du vendredi n° 21

L’après Ramadan, bilan et résolutions

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Le mois de Ramadan s’en est allé en emportant avec lui toutes ses faveurs. Il nous a quitté avec ses flots d’amour et de paix intérieure, avec son élan de spiritualité qui nous poussait à être bon et à promouvoir le bien. Les musulmans qui ont jeûné avec foi et sincérité, attendent avec nostalgie le retour du mois du Ramadan.

Le mois du Ramadan est une école d’éducation de l’âme et de perfectionnement de la foi, où l’on se ressource pour fortifier sa foi et approfondir sa relation avec Dieu. C’est également, l’école du changement où l’on réalise un sursaut spirituel et la victoire sur soi, où  l’on opère une mutation éthique.

L’heure du bilan personnel a sonné. Le fidèle a besoin d’un temps de recueillement  pour rentrer en soi et faire son examen de conscience. A-t-il jeûné le mois du Ramadan comme il se doit ? Les efforts déployés pendant ce mois béni ont-ils contribué à le rapprocher de Son Seigneur ? Son jeûne est-il agréé par Dieu ? Gardera-t-il le même élan de spiritualité initié durant le mois du Ramadan ? …

Autant de questions qui exigent d’y répondre sincèrement. C’est un bilan qui permettre à chacun de savoir où il en est dans sa relation avec Dieu et de revoir sa haute visée.

Dieu dit : « Ne soyez pas comme celle qui a défait brin par brin sa quenouille après l’avoir solidement filée »[1].

Rester fidèle à la voie de Dieu et honorer son pacte avec Lui, c’est persévérer dans l’accomplissement de bonnes œuvres et continuer les efforts après le mois du Ramadan. C’est prendre garde à ne pas se laisser happer par les aléas de la vie et défaire son lien avec Dieu après l’avoir consolidé durant le mois béni du Ramadan. Le Coran nous donne l’exemple d’une femme qui fila sa quenouille et confectionna un habit, puis se met soudainement à déchirer son œuvre et à défaire brin par brin ce qu’elle a accompli sans aucune raison ! C’est l’exemple de celui ou celle qui retourne, après le mois du ramadan, au péché après avoir goûté la douceur de la foi.

La constance du fidèle dans la foi, après le mois du Ramadan, est un indice de l’agrément de son jeûne par Dieu. « Quant à ceux qui se sont mis sur la bonne voie, Dieu les guidera encore mieux et affermira leur piété »[2].

L’objectif du fidèle, soucieux de son accomplissement spirituel, n’est pas juste de rendre une bonne copie à la fin du mois du Ramadan puis se laisser aller le reste de l’année ; mais plutôt faire du moi béni du Ramadan un tremplin pour réaliser son ascension spirituelle.

L’adoration de Dieu ne se restreint pas seulement le mois du Ramadan ; mais la vie du fidèle, toute entière, doit être imprégnée d’adorations, de bonté et de présence à Dieu.  Le mois du Ramadan n’est qu’un moment de notre vie qui s’est écoulé mais Dieu que l’on adorait pendant le mois du Ramadan est Eternel. Il mérite de notre part reconnaissance, amour et adoration en tout temps et tout lieu. Dieu dit : « Et adore ton Seigneur jusqu’à ce que te parvienne la certitude ! »[3].

Seigneur Dieu, accepte de tous les musulmans le jeûne du mois du ramadan et l’ensemble de leurs œuvres. Accorde leurs Ton Amour, Ta Miséricorde et Ta Proximité. Guide-les pour qu’ils deviennent meilleurs moralement et spirituellement afin de témoigner sincèrement de leur foi.

[1]  Coran : S. 16, V. 92.

[2] Coran : S. 47, V. 17.

[3] Coran : S. 15, V. 99.

Petite pensée du vendredi n° 16

Voici venu le purificateur

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Dans quelques jours, les musulmans de part le monde vont jeûner le mois du Ramadan et vivre un temps fort, un temps sacré de spiritualité, de solidarité et de partage fraternel. Le jeûne est l’épreuve  de purification annuelle qui permet  au musulman de revenir à lui-même afin méditer le sens et ajuster ses pensées.

Le jeûne du mois du Ramadan est une école de maîtrise de soi où le fidèle cultive la persévérance et l’endurance. Un mois où le fidèle contrôle ses passions, refuse les émotions et les excitations et maîtrise ses pulsions et ses mauvais penchants. Certes, le jeûne du mois du Ramadan est un effort exigeant mais c’est l’ascèse par laquelle le fidèle se réforme, se purifie et discipline son égo.

Le mois di Ramadan est aussi le mois de la miséricorde, du pardon et de la paix. Le fidèle doit purifier son cœur de toutes les rancunes, de l’animosité et de l’infâme. Jeûner pour le fidèle c’est être en paix et promouvoir la paix.

Le Messager de Dieu (PSDL) dit : « Le jeûne est un bouclier. Lorsque l’un de vous jeûne, qu’il ne prononce pas de paroles obscènes et qu’il ne se mette pas en colère. Si quelqu’un l’insulte ou l’agresse, qu’il dise : « paix, Je jeûne » »[1].

Ainsi, Le jeûne représente beaucoup plus qu’une simple abstinence de boire et de manger. Le musulman en état de jeûne doit se garder des choses douteuses, s’abstenir du mensonge et de la médisance et ne pas nourrir des intentions belliqueuses contre autrui. Le Messager de Dieu (PSDL) dit : « Celui qui ne s’abstient pas de mentir et d’agir en pur mensonge, Dieu n’a que faire de son renoncement à son manger et à sa boisson »[2].

Le mois du Ramadan est également une école pour consommer autrement, consommer responsable et consommer éthique. Jeûner c’est prendre conscience de ce que nous consommons et comment nous nous comportons.   Consommer moins et donner plus à ceux qui sont dans le besoin.  Le Messager de Dieu (PBSL), notre modèle par excellence, a toujours été généreux, mais il l’était davantage pendant le mois du Ramadan.

Durant le mois du ramadan,  chaque musulman (e) doit relever le défi de l’amour, amour de Dieu, amour des êtres. Chaque fidèle doit redoubler d’efforts en termes de bonté, de spiritualité et de générosité afin de s’attirer la Miséricorde et la proximité de Dieu. Dans le hadith authentique, le Prophète (PSDL) attribue ces paroles à Dieu : « Qui vient vers Moi à pas lents, Je viendrai à sa rencontre à pas rapides »[3].

[1] Hadith unanimement reconnu authentique rapporté selon Abou Hourayra (DAS).

[2] Rapporté par Al-Boukhari selon Abou Hourayra (DAS).

[3]  Hadith unanimement reconnu authentique rapporté selon Abou Hourayra (DAS).

 

Petite pensée du vendredi n° 15

Comment se préparer pour accueillir le mois de Ramadan

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Le mois du Ramadan est à nos portes. Y avons-nous pensé ? En sommes-nous conscients ? Avons-nous évalué l’importance, la dimension spirituelle et sociale de ce mois sacré ? Comment devons-nous l’accueillir ? Comment se préparer moralement et spirituellement pour en tirer le maximum de profit ?

D’après Anas, que Dieu l’agrée : « Quand les compagnons du Prophète (paix et salut de Dieu sur lui) apercevaient le croissant du mois de Chaâbane, ils se penchaient sur la lecture du Coran. Les musulmans versaient la Zakat (l’aumône légale) pour que les pauvres et les nécessiteux puissent jeûner le mois du Ramadan dans de bonnes conditions. Les commerçants se dépêchaient de régler ce qu’ils devaient et recevoir ce qu’il leur était dû. Quand ils voyaient le croissant du Ramadan, ils se purifiaient et redoublaient d’efforts  en terme d’adoration, de bonté et générosité »[1].

C’est ainsi que les compagnons, que Dieu les agrée tous, se préparaient pour accueillir le mois du Ramadan. Ils s’y consacraient sincèrement, en déployant les efforts nécessaires et en s’appliquant assidûment.

Pour nous, dans notre contexte, comment s’imprégner de la valeur sacrée de ce mois béni ? Comment se motiver pour le recevoir ? Comment préparer sa venue et fournir les efforts nécessaires afin de le passer de la meilleure manière qui soit ?

1.     Prendre conscience de la valeur de ce mois béni :

En premier lieu, il convient de prendre conscience de la valeur de ce mois, de rentrer dans le calendrier et le temps sacrés afin d’en assimiler ses mérites.

Abou Mass’oud Al Ghifâri (DAS) rapporte « J’ai entendu le messager de Dieu (PSDL) dire un jour, alors que le Ramadan était en cours : Si les gens savaient ce qu’est réellement Ramadan, ma communauté aurait souhaité que toute l’année soit Ramadan »[2].

Un jour, le Prophète (PSDL) posa trois fois cette question à ses compagnons : « Savez-vous ce que vous accueillez et qui vous accueille ? ». Alors, Omar Ibn al-Khattab demanda : serait-ce une Révélation ? Il dit : Non ! Et Omar de reprendre : peut-être un ennemi qui survient ? Il répondit : Non plus ! Omar demanda : quoi alors ô Messager de Dieu ? Le Prophète (PSDL) dit : à la première nuit du mois de Ramadan, Dieu pardonne à tous ceux qui se revendiquent de cette Qibla. Et il indiqua la direction de la Qibla avec sa main »[3].

Le mois du Ramadan représente le sacrifice des plaisirs et des passions par la discipline du jeûne, qui ne se limite pas à se priver de nourriture, mais exige de la douceur, de la bonté pour contrer la mauvaise humeur naturelle aux égos virulents et frustrés, c’est aussi le refus des émotions et des excitations, la maîtrise de la langue et de tous les organes. Le jeûne est l’épreuve de purification annuelle qui permet au musulman de retrouver l’équilibre spirituel et de réaliser la victoire sur soi.

Le Prophète (PSDL) a dit : « A l’arrivée du mois de Ramadan, les portes du Paradis s’ouvrent, celles de l’enfer se ferment, les démons sont enchaînés et l’ange annonce : Ô celui qui aspire au bien, approche ! Ô celui qui aspire au mal, abstiens-toi. Et cela dure jusqu’à la fin du mois de Ramadan »[4].

Les portes du Paradis sont ouvertes et les portes de l’Enfer sont fermées :

–           Les musulmans aspirent à être bon et à promouvoir le bien

–          Le bien se propage et se ressent donc le mal se réduit considérablement.

–          La spiritualité monte en flèche durant cette période de jeûne ; c’est pourquoi les musulmans qui ont fait cette expérience attendent avec nostalgie le prochain mois de  Ramadan.

Les diables sont enchaînés :

–          La prière est belle

–          La concentration, la présence à Dieu dans l’adoration est plus forte

–          Les disputes, les animosités sont réduites

–          La fraternité est accentuée

 2.     Avoir bonne intention et être sincère :

Dans le hadith authentique, le Prophète (PSDL) : « Les actes ne valent que par l’intention ; à chacun selon sa visée … »[5]. Le fidèle sincère et dévoué est celui qui magnifie l’intention, qui lui donne toute son importance, car elle est le secret, le fondement et la quintessence de tout acte d’adoration.

Le mois du Ramadan ne doit guère être la saison de la paresse et de l’oisiveté. Au contraire, c’est un mois où l’on cherche à se rapprocher de à Dieu.

« Celui qui jeûne le mois de Ramadan avec foi en comptant sur la récompense divine, verra tous ses péchés absous »[6]. Le jeûne permet de purifier et de développer la conscience de notre relation à Dieu.

 3.     Réciter le Coran :

C’est au cours du mois du Ramadan que  la terre a rejoint le ciel pour accueillir la descente du Coran « Le mois de Ramadan est celui au cours duquel le Coran fut descendu »[7].

La récitation du Coran et la discussion de son sens appellent sur nous un flot d’amour et de miséricorde. « Chaque fois, dit le Prophète (PSDL), qu’un groupe de fidèles se réunissent dans une mosquée pour réciter le Coran et discuter entre eux de sa  signification, la miséricorde les recouvre, la paix du cœur descend sur eux et Dieu les mentionne à ceux qui se trouvent en Sa présence »[8].

4.     Être et témoigner :

Le mois du Ramadan est l’occasion d’un intense témoignage. Être, c’est avant tout cette présence à Dieu. Le fidèle animé par la foi voue son existence, son action à Dieu jusqu’à ce qu’il porte en lui toutes les vertus de la bonté, de l’humilité. C’est l’effort assidu vers la plus royale des victoires : la victoire sur soi. C’est tisser des liens intimes avec le Créateur pour mieux servir les créatures. C’est relever, à la lumière de la spiritualité, le défi de l’amour, amour de Dieu, amour des êtres. C’est préparer la terre pour qu’elle reçoive la semence, préparer son cœur pour qu’il s’illumine à la rencontre du message afin de mieux porter la responsabilité du témoignage.

Témoigner, pour le fidèle, c’est être présent sur le terrain,  s’exprimer, expliquer la spiritualité musulmane, sa vocation de paix et de justice. Il faut également avoir un discours clair et précis, oser dénoncer les injustices et se démarquer de toutes les lectures et de toutes les actions qui légitiment la violence.

 5.     Avoir bon cœur :

Un cœur habité par l’amour de Dieu et du Prophète (paix et salut de Dieu sur lui) n’en veut à personne sinon à son propre ego. Avoir bon cœur c’est supporter les coups durs, renouer les liens d’amour, de compassion avec ceux dont les relations ont été rompues et pardonner à ceux qui nous ont fait du tort parmi nos frères et sœurs. « Pardonne de la plus belle manière »[9].

 Conclusion :

Durant le mois de Ramadan, chacune et chacun de nous doit être à la recherche du pardon et du repentir et également faire tout son possible pour s’attirer la Miséricorde de Dieu, et ce, en répandant l’amour et le bien autour de nous et en multipliant les œuvres pieuses. Sans oublier bien entendu d’être généreux et de partager avec ceux qui sont dans le besoin. Et accorder une attention particulière à préserver notre jeûne de tout ce qui pourrait le souiller et diminuer ainsi son mérite. Que nos bonnes actions ne soient rien d’autre que la conséquence immédiate de notre amour pour Dieu et pour le Prophète (PSDL).



[1]  Fath Al-Bari et Al-Ghounya.

[2]  Rapporté par Ibn KHouzaïma.

[3]  Rapporté par Ibn Khouzaïma selon Anas Ibn Malek (t).

[4]  Rapporté par Ibn Khouzaïma, Al-Bayhaqi, An-Nassaî , Tirmidi et Al Hakem selon Abou Hourayra (t).

[5]  Rapporté par Al-Boukhari selon Omar Ibn Al Khattab (t).

[6]  Rapporté par Al-Boukhari et Moslim selon Abou Hourayra (t).

[7]  Coran : S. 2, V. 185.

[8]  Rapporté par Moslim selon Abou Hourayra (t).

 [9]  Coran : S. 15, V. 85.

Petite pensée du vendredi n° 13

Être musulman

etre musulman

Que signifie être musulman aujourd’hui ? Comment goûter la douceur de la foi ? Comment vivre sa foi sereinement, sans complexe ni crispation ? Comment ne pas se contenter d’une pratique superficielle de l’islam ? Comment ne pas être, seulement, un musulman dans la forme ?  Le fait d’être né dans une famille musulmane ou le fait de porter un nom à consonance musulmane, ne fait pas de l’individu un candidat valable pour porter les valeurs de l’islam.

Être musulman, c’est d’abord un appel du cœur. Le cœur, touché par la Grâce de Dieu,  répond favorablement à Son appel et fait le premier pas vers Dieu. Dieu dit : « Celui ou celle dont le cœur a été ouvert par Dieu à l’islam reçoit ainsi une lumière de Son Seigneur »[1]. Le cœur s’ouvre et reçoit, de la part de Dieu,  un flot d’amour et de Miséricorde qui rejaillit sur le comportement du fidèle.

 Dieu dit : « Ô vous qui croyez ! Répondez à Dieu et au Messager lorsqu’il vous appelle à ce qui vous donne la (vraie) vie »[2]. Être musulman c’est répondre à cet appel divin qui donne vie, qui émancipe moralement et spirituellement et qui libère. Être musulman c’est être soucieux de son devenir, c’est tisser des liens intimes avec le Créateur pour mieux servir les créatures. C’est relever, à la lumière de la spiritualité, le défi de l’amour, amour de Dieu, amour des êtres. « Nul d’entre vous, disait le Prophète (PSDL), ne goûtera vraiment la douceur de la foi tant qu’il n’aime pas pour son prochain ce qu’il aime pour lui-même »[3]. Être musulman c’est être profondément humain dans un monde qui se déshumanise de plus en plus, en posant la question du sens, de la spiritualité et de la dignité humaine.

Mieux comprendre l’islam

Souvent, nous nous confrontons à une vision sommaire de l’islam, à une ignorance affligeante de ce que c’est que d’être musulman. Mieux comprendre l’islam,  c’est connaître ses finalités, sa vocation de paix et de justice. Il s’agit d’une compréhension imprégnée de miséricorde et de douceur, et en aucun cas, d’une lecture sclérosée, parcellisée de l’islam qui rebute les gens ou les met dans la gêne et la contrainte.

Pour beaucoup, le monde merveilleux de l’islam se résume à une législation restrictive qui se réduirait au halal, haram. Un ensemble de contraintes, un Islam pure et dure serait la vraie pratique et la vraie piété. Alors que paradoxalement, lorsque nous nous laissons imprégner par la personnalité du Prophète (PSDL). Nous sommes face à une miséricorde exceptionnelle, une bonté face aux épreuves des proches, de la société et des infidèles. Il n’a aucunement répondu par la sévérité ou la démesure, mais au contraire par la patience, l’intelligence et la sagesse. Le Prophète (PSDL) dit : « L’islam religion est aisance et facilité. Celui qui cherche à rivaliser de force avec la religion sera vaincu. Suivez plutôt la voie sage du juste milieu, rapprochez-vous en douceur de la perfection et soyez optimistes … »[4].

Donc il est indispensable de se former, pour mieux comprendre et réformer son être en imitant sincèrement le modèle (PSDL). Être musulman ne consiste pas à s’isoler et à adopter une attitude de rejet vis-à-vis de la société. Être plus proche de Dieu, c’est vivre parmi les hommes et non se mettre à la marge de la société.

La foi et l’effort dans la pratique

Etre musulman c’est vivre une foi, c’est vivre une spiritualité. Une foi sincère enraciné dans le cœur, qui se fortifie et s’entretient par l’effort dans la pratique et qui se manifeste par un bon comportement. Vivre une spiritualité c’est préserver sa foi, l’intensifier et la renforcer. L’humain a tendance à oublier Dieu, à s’oublier, la spiritualité et le moyen le plus efficace pour lutter contre cet oubli et cette insouciance.

La foi relève certes, d’une conviction profonde, mais elle doit s’accompagner nécessairement d’un effort, d’une action. Dans le Coran, à chaque fois que la foi est évoquée, elle appelle automatiquement le bel agir : « Ceux qui ont la foi et font bonnes œuvres ». Ainsi,  L’action du fidèle doit porter la marque de la foi, donc de la spiritualité, de la bonté et de l’humilité, jamais de l’arrogance.

Agir avec conscience

Selon Soufiane ibn ‘Abdoullah (DAS) : J’ai demandé au Messager de Dieu (PSDL) : « Enseigne-moi une parole en matière d’islam, qui me dispense d’interroger un autre que toi ».  Il m’a  répondu : « Dis : Je crois en Dieu. Puis, agis avec conscience »[5].

Être musulman c’est agir avec conscience en fonction des contraintes, des épreuves et des difficultés … Car la vie est une épreuve et la foi du fidèle risque d’être mise à l’épreuve. Être musulman c’est assumer ses responsabilités, c’est faire face aux épreuves de manière responsable et apaisée.  C’est honorer ses engagements envers Dieu et persévérer dans Sa voie.

Témoigner de sa foi

Témoigner, pour le fidèle, c’est porter un message et rayonner de ses valeurs. Un message dont il faut devenir le meilleur des modèles, afin d’être devant les hommes, un signe, un rappel, jamais une contrainte.

Témoigner de sa foi, c’est être présent sur le terrain, s’exprimer et expliquer la foi musulmane, sa vocation de paix et de justice. C’est également, avoir un discours clair et précis, oser dénoncer les injustices et se démarquer de toutes les lectures et de toutes les actions qui légitiment la violence.

[1] Coran : S. 39, V. 22.

[2] Coran : S. 8, V. 24.

[3] Hadith unanimement reconnu authentique, rapporté selon Anas.

[4] Rapporté par Al-Boukhari selon Abou Hourayra (t).

[5] Rapporté par Moslim.

Tribune le monde des Religions : Le souvenir confisqué de 9000 érudites

Après l’apparition d’une tribune sur zaman France, intitulée : Ces femmes érudites qui ont marqué l’islam de leur empreinte

couverture monde des religionsj’ai été contacté par le monde des Religions pour une courte contribution de 2500 signes sur la question des femmes savantes occultées de l’histoire de l’islam et pourquoi elles ont été, bien souvent, reléguées aux oubliettes de l’histoire.

Ci-dessus le petit billet :

article le monde des religions

 

Petite pensée du vendredi n° 11

S’exercer à goûter la douceur de la foi

Ilm

Hanzala Al Oussaydi (DAS), l’un des scribes du Messager de Dieu (PSDL) a dit : « Une fois Abou Bakr (DAS) en me rencontrant me dit :  » Comment vas-tu Hanzala ?  » Je réponds :  » Hanzala est devenu hypocrite « . Il dit :  » O mon Dieu ! Que dis-tu là ? « . Je dis :  » Quand nous nous trouvons en compagnie du Messager de Dieu (PSDL), il nous parle de la vie future,  du Paradis et de l’Enfer comme si nous les voyions de nos propres yeux. Mais dès que nous sortons de chez lui,  voilà que nous en sommes distraits à cause de nos occupations quotidiennes.  Nous avons ainsi beaucoup oublié ce dont il nous a parlé « . Abou Bakr (DAS) dit :  » Par Dieu, nous ressentons tous deux la même chose « . Puis nous partîmes, Abou Bakr et moi, pour nous rendre chez le Messager de Dieu (PSDL). Je dis :  » O Messager de Dieu ! Hanzala est devenu hypocrite.  Quand nous sommes en ta compagnie, tu nous parle de la vie future,  du Paradis et de l’Enfer comme si nous les voyions de nos propres yeux. Mais dès que nous sortons de chez toi,  voilà que nous en sommes distraits à cause de nos occupations quotidiennes.  Nous avons ainsi beaucoup oublié ce dont tu nous a parlé « .  Le Messager de Dieu (PSDL) dit : « Par Dieu, si vous saviez persister dans le même état lorsque vous êtes en ma compagnie et dans la souvenance de Dieu, les Anges vous serreraient la main dans vos lits et sur vos chemins. Mais, ô Hanzala ! Chaque temps à sa préoccupation (il répéta cela trois fois) ». [1]

Aujourd’hui, nous vivons dans un monde de consommation à outrance qui génère beaucoup de dominations, de frustrations, d’injustices et surtout beaucoup d’insouciances et d’indifférences. Le fidèle aspirant à un meilleur être moral et spirituel, doit se réconcilier avec lui-même, apaiser son âme, nourrir sa conscience  et ne pas être en proie à la tourmente et aux troubles de ce monde violent et sans finalité. Fréquenter les assises de la foi et du savoir, persévérer dans l’accomplissement de bonnes œuvres, vivre des moments intenses de présence à Dieu et réfléchir ensemble sur notre devenir nous permet d’être en paix, de rendre nos cœurs quiets et paisibles.

L’assise de la foi et ses mérites :

Les assises de la foi (majâliss al imane) sont des réunions d’étude, de souvenance de Dieu (dhikr) et de spiritualité. Au temps du Prophète (PSDL), ces réunions étaient reconnues pour leur effet tonique sur les vertus de chacun. Le Prophète (PSDL) formait ses compagnons, façonnait leurs personnalités et reconstruisait leurs identités. L’assise était le moyen le plus efficace pour fortifier la foi, approfondir le savoir et renforcer les liens du cœur, l’amour, la fraternité, l’homogénéité et l’esprit d’équipe.

Anas ibn Malek rapporte que Abdallah Ibn Rawaha, disait chaque fois qu’il rencontrait un autre compagnon : « Viens que nous nous exercions à goûter la douceur de la foi un moment ! ». Un jour, il fit cette invitation à un homme qui se fâcha et vint trouver le Prophète (PSDL) : « O Messager de Dieu, lui dit-il, ne vois-tu pas cet Ibn Rawaha qui nous invite à des assises de la foi d’un moment ? ». Le Prophète (PSDL) a répondu : « Que Dieu garde Ibn Rawaha ! Il aime les assises où les anges font compétition pour y assister ».[2]

« Chaque fois, dit le Prophète (PSDL), qu’un groupe de fidèles se réunissent dans un endroit pour mentionner Dieu, pour réciter le Coran et discuter entre eux de sa signification, la paix du cœur descend sur eux, la miséricorde les recouvre et Dieu les mentionne à ceux qui se trouvent en Sa présence ».[3] La simple récitation du Coran et la simple discussion de sens appellent sur nous un flot d’amour et de paix intérieure.

La prière, la récitation du Coran, l’apprentissage de la sunna du Prophète (PSDL) comme les autres disciplines de souvenance de Dieu, sont plus efficientes si elles s’accomplissent en groupe. Il y a une vertu particulière dans le phénomène de groupe, le Prophète (PSDL) a dit : « Chacun a la même intensité de foi que son ami le plus intime. Choisissez donc vos amis avec soin ».[4]

Pourquoi fréquenter une assise de la foi :

Les raisons pour fréquenter une assise pour fortifier la foi et approfondir le savoir sont multiples et peuvent se résumer en trois niveaux :

Au niveau personnel :

  • Fortifier sa foi.
  • Approfondir ses connaissances religieuses et mieux comprendre sa religion. Il important pour le fidèle de comprendre les exigences d’appartenir à l’islam qui se résume en trois mots clés : j’apprends ma foi dans ses moindres détails, j’applique sincèrement avec  méthode et perfection et je témoigne de ma foi. Apprendre, appliquer et témoigner.
  • Améliorer sa pratique religieuse.
  • Persévérer dans le dikr et le rappel afin de trouver la tranquillité, la miséricorde et la paix intérieure.
  • Connaître le Prophète (PSDL) notre modèle par excellence afin de s’identifier à lui et sauvegarder sa sounna.
  • Connaître les compagnons du Prophète (PSDL) et les imiter sincèrement.
  • Apprendre à agir et à s’engager, en participant à des actions collectives pensées et organisées par les membres de l’assise.
  • Se former pour mieux se réformer.
  • Être conscient de ses responsabilités.

Au niveau fraternel et social :

  • Mieux se connaître.
  • Renforcer les liens d’amour en Dieu et de fraternité.
  • Développer l’esprit d’équipe.
  • Apprendre à dialoguer et à débattre dans le respect.
  • Apprendre à résister avec intelligence et sagesse.
  • Réfléchir ensemble et élaborer ensemble des stratégies d’actions.
  • Penser notre participation citoyenne à la lumière de la spiritualité.
  • Se recommander mutuellement la vérité et la patience.
  • Mieux porter la responsabilité du témoignage.

Quelques bienséances à observer pour l’assise :

  • Avant de commencer une assise dans le but de souvenir de Dieu, de fortifier sa foi et d’approfondir son savoir et l’intensifier, que celle-ci se passe à la Mosquée ou dans tout autre endroit, il convient, dès que possible de se purifier, de faire ses ablutions, dès lors qu’on a les moyens de les faire.
  • Respecter l’horaire de l’assise, veiller à ne pas arriver en retard sauf cas particulier.
  • Avoir bonne intention et être sincère.
  • Se préparer moralement et spirituellement afin de participer, d’enrichir et débattre les sujets proposés.
  • L’assise est une rencontre en Dieu et pour Dieu, il faut veiller à tirer le maximum de cette présence divine et que l’assise ne se transforme pas en discussion de salon.
  • Rechercher l’assistance et le soutien de Dieu : en effet, chacun sait qu’il est faible  et qu’il a besoin de cette assistance Divine pour se motiver, se remotiver et retrouver confiance en soi. « C’est Toi que nous adorons et c’est de Toi que nous attendons assistance »[5] ; « Et quiconque place sa confiance en Dieu. Dieu lui suffit »[6].
  • Avoir bon cœur. Un cœur habité par l’amour de Dieu et de Son Messager, un cœur qui n’en veut à personne, un cœur qui sait pardonner et dépasser.
  • Faire acte de vigilance et de bon conseil.  Le fidèle est tenu de participer, de critiquer, de proposer et d’agir dans un esprit d’équipe.

[1] Rapporté par Moslim.

[2] Rapporté par l’imam Ahmed selon Anas.

[3] Rapporté par Boukhari et Moslim selon Abou Hourayra.

[4] Rapporté par Tirmidhi et Abou Daoud selon Abou Hourayra.

[5] Sourate 1, verset 4.

[6] Sourate 65, verset 3.